Titre original: | Limonov: The Ballad of Eddie |
Réalisateur: | Kirill Serebrennikov |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 137 minutes |
Date: | 04 décembre 2024 |
Note: |
Le réalisateur russe Kirill Serebrennikov (La fièvre de Petrov) adapte brillamment le roman d'Emmanuel Carrère sur l'écrivain russe Limonov, personnalité controversée dont le parcours sulfureux reflète les dérives russes.
Edouard Limonov (1934-2020) vécut une vie rock'n'roll. Il commence ouvrier et voyou à Kharkov, poète à Moscou, devient exilé oisif, auteur raté, SDF, majordome à New-York dans les années 70, puis écrivain branché à Paris en 1980. Milicien pro-serbe, dissident puis prisonnier politique, il termine fasciste dans l'ex-URSS. Comme l'écrit Emmanuel Carrère, c’est un héros de roman, qui n’a aucun sens moral, et en même temps il a quelque chose de poétique.
Le réalisateur russe retrace sans complaisance le parcours de ce dandy antipathique et provocateur. Le film est à l'image de son sujet, en éternel mouvement, avec une mise en scène créative, survoltée, comme dans la Fièvre de Petrov. La ballade de Limonov s'effectue à grande vitesse. Serebrennikov joue avec les cadres, le net et le flou, les couleurs et le noir et blanc. Les transitions entre les époques sont d'une grande virtuosité, tout comme les plans séquence, notamment celui à New-York. Le film est d'une grande richesse visuelle, reconstituant avec brio les différents univers, l'URSS des années 60, 70, 90, New-York, Paris.
Les images, les chansons et la musique originale composée par Massimo Pupillo s'enrichissent mutuellement. Les chansons, reflet de la pensée de Limonov, ont été rejouées, leur redonnant ainsi une dimension actuelle. Le film est en langue anglaise en raison de sa dimension internationale, production italienne, réalisateur russe, adaptation d'un écrivain français.
La performance de l'acteur anglais Ben Wishaw est impressionnante, toujours juste et crédible en écrivain russe, aussi bien en jeune homme, qu'en homme de soixante ans.
Le réalisateur Serebrennikov a mis 5 ans pour réaliser ce film, en raison du déclenchement de la guerre en Ukraine. Contre toute attente, son film n'en est que plus d'actualité.
Limonov, la ballade
Réalisé par Kirill Serebrennikov
Ecrit par Kirill Serebrennikov, Ben Hopkins, Pawel Pawlikowski
Librement adapté du roman Limonov d'Emmanuel Carrère
Produit par Ardavan Safaee, Lorenzo Gangarossa, Mario Gianani, Dimitri Rassam, Ilya Stewart
Avec Ben Whishaw, Viktoria Miroshnichenko, Tomas Arana, Corrado Invernizzi, Evgeniy Mironov, Andrey Burkovskiy, Maria Mashkova, Sandrine Bonnaire, Emmanuel Carrère, Céline Sallette, Louis-Do de Lencquesaing
Directeur de la photographie : Roman Vasyanov
Montage : Yurii Karikh
Musique : Massimo Pupillo
Société de production : Wildside, Chapter 2, Fremantle Spain, France 3 Cinéma, Hype Studios
Distribué par Pathé (France)
Dates de sortie : 19 mai 2024 (Festival de Cannes), 4 Décembre 2024 (France)
Durée : 137 minutes
Vu le 19 Mai 2024 au Festival de Cannes
Note de Sabine:
Le réalisateur russe Kirill Serebrennikov nous offre avec son film la ballade de Limonov une adaptation du roman d’Emmanuel Carrère. Dès le début du film, une voix off nous laisse penser que Limonov est dans une salle pour un interrogatoire et à Paris semble-t-il en 1989. Puis nous le voyons apparaitre à l’écran, cheveux courts petites lunettes, il épelle son nom, fait mention de son parcours, son enfance à Kharkov, ses emplois dans diverses villes comme ouvrier, poète, majordome, sans-abri, dissident, un vrai roman sa vie. Le film se poursuit avec un retour en arrière en 1969, images en noir et blanc, Limonov passe une soirée avec ses amis à Kharkov en Ukraine, ils sont poètes comme lui, ils aiment se retrouver, boire un verre autour d’une bonne table pour déclamer leurs poèmes, refaire le monde, parfois les esprits s’échauffent.
Mais las de cette existence triste, monotone, et surtout sans avenir, Kharkov ne l’intéresse plus, il préfère se lancer à corps perdu dans la capitale à Moscou, où il rencontrera, côtoiera un riche milieu, en particulier Héléna son alter égo, dont il tombera fou amoureux malgré leurs différences sociales, lui le poète sans un sou, froid de caractère, elle la mondaine, jouisseuse, libre, sans scrupule prête à le suivre au bout du monde. Ils se sont découverts et s’accordent parfaitement. Et c’est bien naturellement, qu’épris de liberté, ils réussiront un peu plus tard à quitter l’Urss pour New York la fascinante. Ville où toutes les audaces, les vices sont permis, leur intimité d’ailleurs est dévoilée à l’écran avec quelques scènes osées. Le périple se poursuit à travers le New York plus sombre des sans-abris, des laissé pour compte.
Le réalisateur, par ses nombreux flash-backs, nous fait voyager dans le temps et nous montre les incessants allers-retours de Limonov en fonction de son humeur, de sa folie, de sa quête d’écrivain. Ce qui peut être déstabilisant, c’est l’usage à notre avis trop systématique des flash-backs, on s’y est perdu par moment, ne sachant plus à quelle date nous étions, était-ce sa propre vie ou de celle de son héros de roman Eddy ? Il serait aisé et judicieux de suivre en amont le film en se documentant sur sa vie tumultueuse ou même de lire l’ouvrage du Français Emmanuel Carrère.
L’auteur anglais Ben Whishaw est criant de vérité, impressionnant dans son rôle d’écrivain russe, de majordome, de dissident politique. Il est parfois antipathique avec ses paroles cinglantes, fougueux, immoral, mais aussi attachants dans la poursuite de son idéal de vie empreint de sincérité. Son physique évolue à merveille, passant de sa jeunesse aux cheveux courts, puis longs, jusqu’à sa période de dissident, d’emprisonnement, il est très crédible.
Nous avons mieux apprécié les dernières quarante minutes du film, plus facile à suivre, mise en scène plus dynamique, musique plus rythmée avec notamment un groupe de rock punk russe. On peut soit adhérer pleinement à cette ballade de Limonov ou au contraire détester avec ce manque de chronologie et de retours en arrière nombreux qui gâchent la compréhension parfaite. Film de plus assez long, plus de deux heures, qui mériterait sans doute une seconde lecture pour mieux le saisir. Film d’actualité avec l’Ukraine, il aurait été intéressant et instructif de voir la réaction de Limonov face à l’attaque russe, mais hélas emporté par la maladie deux ans auparavant.
Limonov, la ballade
Réalisé par Kirill Serebrennikov
Ecrit par Kirill Serebrennikov, Ben Hopkins, Pawel Pawlikowski
Librement adapté du roman Limonov d'Emmanuel Carrère
Produit par Ardavan Safaee, Lorenzo Gangarossa, Mario Gianani, Dimitri Rassam, Ilya Stewart
Avec Ben Whishaw, Viktoria Miroshnichenko, Tomas Arana, Corrado Invernizzi, Evgeniy Mironov, Andrey Burkovskiy, Maria Mashkova, Sandrine Bonnaire, Emmanuel Carrère, Céline Sallette, Louis-Do de Lencquesaing
Directeur de la photographie : Roman Vasyanov
Montage : Yurii Karikh
Musique : Massimo Pupillo
Société de production : Wildside, Chapter 2, Fremantle Spain, France 3 Cinéma, Hype Studios
Distribué par Pathé (France)
Dates de sortie : 19 mai 2024 (Festival de Cannes), 4 Décembre 2024 (France)
Durée : 137 minutes
Vu le 22 novembre 2024 au Pathé Wepler
Note de Mulder:
Le réalisateur russe Kirill Serebrennikov nous offre avec son film la ballade de Limonov une adaptation du roman d’Emmanuel Carrère. Dès le début du film, une voix off nous laisse penser que Limonov est dans une salle pour un interrogatoire et à Paris semble-t-il en 1989. Puis nous le voyons apparaitre à l’écran, cheveux courts petites lunettes, il épelle son nom, fait mention de son parcours, son enfance à Kharkov, ses emplois dans diverses villes comme ouvrier, poète, majordome, sans-abri, dissident, un vrai roman sa vie. Le film se poursuit avec un retour en arrière en 1969, images en noir et blanc, Limonov passe une soirée avec ses amis à Kharkov en Ukraine, ils sont poètes comme lui, ils aiment se retrouver, boire un verre autour d’une bonne table pour déclamer leurs poèmes, refaire le monde, parfois les esprits s’échauffent.
Mais las de cette existence triste, monotone, et surtout sans avenir, Kharkov ne l’intéresse plus, il préfère se lancer à corps perdu dans la capitale à Moscou, où il rencontrera, côtoiera un riche milieu, en particulier Héléna son alter égo, dont il tombera fou amoureux malgré leurs différences sociales, lui le poète sans un sou, froid de caractère, elle la mondaine, jouisseuse, libre, sans scrupule prête à le suivre au bout du monde. Ils se sont découverts et s’accordent parfaitement. Et c’est bien naturellement, qu’épris de liberté, ils réussiront un peu plus tard à quitter l’Urss pour New York la fascinante. Ville où toutes les audaces, les vices sont permis, leur intimité d’ailleurs est dévoilée à l’écran avec quelques scènes osées. Le périple se poursuit à travers le New York plus sombre des sans-abris, des laissé pour compte.
Le réalisateur, par ses nombreux flash-backs, nous fait voyager dans le temps et nous montre les incessants allers-retours de Limonov en fonction de son humeur, de sa folie, de sa quête d’écrivain. Ce qui peut être déstabilisant, c’est l’usage à notre avis trop systématique des flash-backs, on s’y est perdu par moment, ne sachant plus à quelle date nous étions, était-ce sa propre vie ou de celle de son héros de roman Eddy ? Il serait aisé et judicieux de suivre en amont le film en se documentant sur sa vie tumultueuse ou même de lire l’ouvrage du Français Emmanuel Carrère.
L’auteur anglais Ben Whishaw est criant de vérité, impressionnant dans son rôle d’écrivain russe, de majordome, de dissident politique. Il est parfois antipathique avec ses paroles cinglantes, fougueux, immoral, mais aussi attachants dans la poursuite de son idéal de vie empreint de sincérité. Son physique évolue à merveille, passant de sa jeunesse aux cheveux courts, puis longs, jusqu’à sa période de dissident, d’emprisonnement, il est très crédible.
Nous avons mieux apprécié les dernières quarante minutes du film, plus facile à suivre, mise en scène plus dynamique, musique plus rythmée avec notamment un groupe de rock punk russe. On peut soit adhérer pleinement à cette ballade de Limonov ou au contraire détester avec ce manque de chronologie et de retours en arrière nombreux qui gâchent la compréhension parfaite. Film de plus assez long, plus de deux heures, qui mériterait sans doute une seconde lecture pour mieux le saisir. Film d’actualité avec l’Ukraine, il aurait été intéressant et instructif de voir la réaction de Limonov face à l’attaque russe, mais hélas emporté par la maladie deux ans auparavant.
Limonov, la ballade
Réalisé par Kirill Serebrennikov
Ecrit par Kirill Serebrennikov, Ben Hopkins, Pawel Pawlikowski
Librement adapté du roman Limonov d'Emmanuel Carrère
Produit par Ardavan Safaee, Lorenzo Gangarossa, Mario Gianani, Dimitri Rassam, Ilya Stewart
Avec Ben Whishaw, Viktoria Miroshnichenko, Tomas Arana, Corrado Invernizzi, Evgeniy Mironov, Andrey Burkovskiy, Maria Mashkova, Sandrine Bonnaire, Emmanuel Carrère, Céline Sallette, Louis-Do de Lencquesaing
Directeur de la photographie : Roman Vasyanov
Montage : Yurii Karikh
Musique : Massimo Pupillo
Société de production : Wildside, Chapter 2, Fremantle Spain, France 3 Cinéma, Hype Studios
Distribué par Pathé (France)
Dates de sortie : 19 mai 2024 (Festival de Cannes), 4 Décembre 2024 (France)
Durée : 137 minutes
Vu le 22 novembre 2024 au Pathé Wepler
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