Titre original: | Louise Violet |
Réalisateur: | Éric Besnard |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 108 minutes |
Date: | 06 novembre 2024 |
Note: |
Avec cette critique, je rends hommage à ma propre mère, ancienne professeur des écoles, dont la passion pour l’éducation continue de m’inspirer chaque jour
Dans le film Louise Violet, Éric Besnard nous entraîne au cœur de la France de 1889, où une institutrice, interprétée avec force par Alexandra Lamy, est envoyée dans un village reculé pour y imposer l’école de la République – gratuite, obligatoire et laïque. Ce récit, riche en symbolisme et en émotion, ne se contente pas de retracer les défis d’une époque marquée par le conservatisme rural ; il explore aussi les luttes intérieures d’une femme brisée par son passé, qui tente de trouver sa place dans un monde hostile.
La précision historique de Louise Violet est une des grandes réussites du film. Tourné dans des décors naturels des régions de la Haute-Loire et du Puy-de-Dôme, Eric Besnard et son équipe nous immergent dans les saisons, les paysages, et les rythmes de vie d’une France paysanne à la fin du XIXe siècle. La caméra de Laurent Dailland capture chaque détail – des costumes réalistes de Madeline Fontaine aux travaux agricoles – permettant ainsi de revivre un mode de vie quasi disparu. Cette authenticité visuelle est renforcée par un rythme contemplatif qui s’accorde au tempo lent de l’époque, loin de notre monde moderne, rapide et artificiel
Alexandra Lamy incarne Louise Violet avec une intensité rare, dévoilant progressivement la complexité de ce personnage aux multiples facettes. Survivante d’un drame familial qui l’a privée de son mari et de ses enfants, Louise cache une colère latente et une détermination sans faille. Elle porte en elle la force de la résilience, un trait renforcé par la dureté de ses traits au début du film, puis une certaine douceur qui émerge lorsqu'elle commence à être acceptée par les villageois. Alexandra Lamy, dans ce rôle dramatique, montre un jeu nuancé et maîtrisé, et sa transformation, tant physique qu’émotionnelle, suit le parcours de Louise vers une sorte de rédemption intérieure
La mission de Louise est semée d’embûches : elle doit affronter des villageois qui perçoivent l’instruction comme une menace. Pour eux, la propriété de leurs terres et leurs traditions valent plus que le progrès que pourrait leur apporter l’éducation de leurs enfants. Ce conflit, incarné par des personnages comme Rémi (joué par Jérémy Lopez), opposé aux changements sociaux, et Joseph, le maire (Grégory Gadebois, parfat une fois de plus), capture toute la tension entre les valeurs républicaines et un monde paysan ancré dans des convictions ancestrales. Gadebois, avec sa sobriété et sa profondeur, incarne à la perfection cette figure patriarcale en évolution, touchée par le charisme et la fermeté de Louise
Au-delà de la dimension historique, Louise Violet est une allégorie des combats actuels pour la laïcité et l’instruction. Éric Besnard, dont l’engagement pour ces valeurs républicaines est bien connu, utilise ce contexte pour rappeler l’importance de l’accès égalitaire au savoir. Louise devient alors le symbole du progrès, de l’ouverture, et de la modernité face à une société fermée et méfiante. En ancrant cette thématique dans une réalité du XIXe siècle, Besnard démontre que la bataille pour une éducation laïque a été, et reste, un enjeu fondamental dans notre société
Louise Violet est plus qu’un simple drame historique ; c’est un hommage à toutes les enseignantes et à leur rôle dans la construction d’une société plus juste et éclairée. Éric Besnard signe ici une œuvre délicate et puissante, portée par une Alexandra Lamy éblouissante. Le film est un rappel touchant du prix du savoir et de la résilience de celles et ceux qui se battent pour transmettre ce bien précieux aux générations futures. Notre gros coup de cœur de cette année et un film à découvrir au cinéma et qui restera longtemps gravé dans ma mémoire de passionné de cinéma.
Louise Violet
Écrit et réalisé par Éric Besnard
Produit par Philippe Logie, Patrick Quinet, Christophe Rossignon
Avec Alexandra Lamy, Grégory Gadebois, Jérôme Kircher, Manon Maindivide, Annie Mercier, Jérémy Lopez, Patrick Pineau
Musique : Christophe Julien
Directeur de la photographie : Laurent Dailland
Montage : Lydia Decobert
Sociétés de production : Nord-Ouest Films, StudioCanal, Apollo Films, France 3 Cinéma, Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma, Artémis Productions
Distribué par Apollo Films / Orange Studio Distribution (France)
Date de sortie : : 6 novembre 2024 (France)
Durée :108 minutes
Vu le 8 novembre 2024 au Gaumont Disney Village, Salle 14 place A19
Note de Mulder: