Gladiator II

Gladiator II
Titre original:Gladiator II
Réalisateur: Ridley Scott
Sortie:Cinéma
Durée:148 minutes
Date:13 novembre 2024
Note:
Des années après avoir assisté à la mort du héros vénéré Maximus aux mains de son oncle, Lucius est forcé d'entrer dans le Colisée lorsque son pays est conquis par les empereurs tyranniques qui gouvernent désormais Rome d'une main de fer. La rage au cœur et l'avenir de l'Empire en jeu, Lucius doit se tourner vers son passé pour trouver la force et l'honneur de rendre la gloire de Rome à son peuple.

Critique de Mulder

Gladiator II nous replonge dans la grandeur de la Rome antique, où les machinations politiques, la décadence morale et le divertissement brutal règnent en maîtres. Réalisée par Ridley Scott, cette suite tant attendue est une épopée plus grande que nature qui offre un festin visuel de spectacle viscéral et de dynamiques de personnages complexes. Se déroulant 16 ans après l'original, Ridley Scott fait revivre la splendeur des gladiateurs du Colisée tout en intensifiant le drame et le camp, faisant de cette suite un opéra tentaculaire de sang, de trahison et d'ambition.

Paul Mescal incarne Lucius Verus, le fils du Maximus de Russell Crowe. L'interprétation de Paul Mescal est d'une nuance fascinante : Lucius, élevé loin des luttes de pouvoir de l'Empire romain, est devenu endurci par la vie, marqué par des pertes personnelles et accablé par un héritage qu'il n'a jamais cherché à obtenir. Ce Lucius robuste mais introspectif possède une intensité émotionnelle nettement différente de celle de Maximus, apportant une force tranquille au rôle. Le voyage de Lucius est alimenté par la vengeance après avoir perdu sa femme à cause de la machine de guerre romaine, et son retour à Rome le met sur une trajectoire de collision à la fois avec le ring des gladiateurs et le cœur corrompu des dirigeants romains.

La vacance du pouvoir laissée par la mort de Maximus est comblée par les empereurs jumeaux Geta et Caracalla, interprétés avec un abandon féroce par Joseph Quinn et Fred Hechinger. Ces empereurs sont un écho grotesque des idéaux en déclin de Rome, dépeints avec une combinaison de décadence maladive et de folie erratique. Leurs caprices cruels et leur indifférence à la souffrance font d'eux l'incarnation glaçante de la pourriture morale de Rome, tandis que leurs pitreries - avec leurs costumes de théâtre et leur bizarre compagnon, un singe capucin - insufflent un humour macabre au récit. Il est difficile de ne pas les voir comme des reflets des excès des dirigeants modernes, car Scott entrelace habilement des thèmes historiques avec des commentaires sociaux pertinents.

Alors que Lucius fait son chemin dans le Colisée, il est acheté par Macrinus, un ancien esclave devenu propriétaire de gladiateurs, interprété avec un charme diabolique par Denzel Washington. La performance de Denzel Washington est tout simplement envoûtante. Son Macrinus est un opportuniste impitoyable, un homme d'affaires avisé et un intrigant qui prend plaisir à manipuler les structures de pouvoir qui l'entourent. Drapé dans des robes royales et paré de bijoux, le personnage de Denzel Washington apporte une sorte de grandeur shakespearienne au rôle, alternant entre humour mordant et calcul froid. La soif de pouvoir de Macrinus est contagieuse ; il devient une sorte d'anti-héros, et si ses motivations sont suspectes, son magnétisme est indéniable.

Les scènes du Colisée sont d’une réussite totale en termes d'échelle et de tension. Ridley Scott s'appuie sur l'absurdité et l'horreur des divertissements sanguinaires de la Rome antique, orchestrant des séquences qui mêlent brutalité pure et humour ironique. Les combats de gladiateurs s'intensifient pour inclure des babouins féroces, des rhinocéros déchaînés et même des requins dans une arène inondée, un jeu audacieux sur les anciennes rumeurs de batailles navales dans le Colisée. La mise en scène de Ridley Scott pour ces scènes, avec des décors tentaculaires, des éclairages dramatiques et des mouvements de caméra dynamiques, donne une impression d'intensité théâtrale. Malgré quelques effets de synthèse qui virent à l'exagération, le spectacle reste captivant et témoigne de l'habileté inégalée de Ridley Scott à construire des univers historiques immersifs.

Les personnages secondaires enrichissent cette dense tapisserie de trahison et de loyauté. Le rôle de Marcus Acacius, le général romain qui a détruit la maison de Lucius, interprété par Pedro Pascal, est empreint de gravité et de conflits moraux. Acacius est las de la soif constante de conquête de Rome et se retrouve secrètement allié à Lucilla (jouée par l'actrice de retour Connie Nielsen) pour renverser les empereurs fous. Leur partenariat ajoute une couche de complexité tragique, car ils espèrent restaurer Rome selon les idéaux de Marc Aurèle. L'interprétation d'Acacius par Pedro Pascal offre un contraste rafraîchissant avec les personnages les plus farfelus du film ; c'est une figure noble déchirée entre son devoir et son désir de paix.

La Lucilla de Connie Nielsen, vétéran fatigué des conflits politiques, apporte profondeur et mélancolie au film. Ses scènes avec Lucius sont parmi celles qui résonnent le plus émotionnellement, alors qu'ils s'efforcent de réconcilier leur relation tendue. Alors que Lucilla regarde son fils embrasser l'héritage de son père, Nielsen imprègne le personnage de plusieurs couches de chagrin et de détermination, contrastant la violence sanguinaire avec un rappel des sacrifices plus silencieux qui accompagnent les idéaux politiques.

Le scénario de David Scarpa mêle les thèmes de la vengeance, de la justice et de la critique sociale à une pincée d'humour absurde, faisant de Gladiator II bien plus qu'un simple film d'action. Le gladiateur Lucius se bat pour la liberté et la vengeance, mais son voyage se transforme en une lutte pour l'âme de Rome. Les citations de Virgile et les discussions sur les idéaux républicains rehaussent l'histoire, donnant au voyage de Lucius un poids intellectuel qui juxtapose le gore et le spectacle. Le scénario de Scarpa parvient à faire écho à l'éthique du film original tout en y injectant une touche satirique, en se moquant des excès de Rome et en établissant des parallèles sournois avec la corruption politique moderne.

L'ampleur épique du film n'a d'égale que sa maîtrise technique. Les collaborateurs de longue date de Scott - le concepteur de production Arthur Max, le directeur de la photographie John Mathieson et la costumière Janty Yates - reviennent pour recréer Rome dans les moindres détails. Les costumes, un mélange d'élégance et d'opulence, ajoutent du caractère aux personnages, en particulier à la personnalité grandiose de Macrinus. La cinématographie de Mathieson peint Rome dans une palette qui oscille entre grandeur et décadence, contrastant les textures lumineuses des palais avec la brutalité austère des sables imbibés de sang du Colisée.

Gladiator II adopte un style épique dont l'ampleur relève presque de l'opéra. C'est une exploration audacieuse de l'ambition, de l'héritage et de la nature cyclique du pouvoir. Scott insuffle au récit un rythme implacable, faisant grimper les enjeux au fur et à mesure que la vengeance de Lucius se heurte aux ambitions de ceux qui l'entourent. Les batailles décisives, à l'intérieur et à l'extérieur de l'arène, fournissent un exutoire cathartique à la tension du film, faisant écho à l'héritage de Maximus alors même que Lucius commence à forger le sien.

Le générique de fin nous laisse un sentiment de triomphe et d'ambivalence, le ton opératique du film soulignant la brutalité de son univers. Gladiator II ne surpasse peut-être pas l'original en termes d'impact émotionnel brut, mais il se taille une place à part dans le panthéon des épopées historiques. Avec des performances qui vont de l'introspection au théâtre sauvage, un scénario qui équilibre la critique sociale avec un réalisme cru, et un style visuel qui embrasse à la fois la grandeur et l'humour grotesque, Scott livre une suite qui semble à la fois intemporelle et palpitante et contemporaine.

Gladiator II
Réalisé par Ridley Scott
Écrit par David Scarpa
Histoire de Peter Craig, David Scarpa
D'après les personnages créés par David Franzoni
Produit par Ridley Scott, Michael Pruss, Douglas Wick, Lucy Fisher, Walter F. Parkes, Laurie MacDonald, David Franzoni
Avec Paul Mescal, Pedro Pascal, Joseph Quinn, Fred Hechinger, Lior Raz, Derek Jacobi, Connie Nielsen, Denzel Washington
Directeur de la photographie : John Mathieson
Montage : Claire Simpson, Sam Restivo
Musique : Harry Gregson-Williams
Sociétés de production : Scott Free Productions, Red Wagon Entertainment, Parkes+MacDonald Image Nation
Distribué par : Paramount Pictures
Dates de sortie : 14 novembre 2024 (Australie et Nouvelle-Zélande), 13 novembre 2024 (France), 15 novembre 2024 (Royaume-Uni), 22 novembre 2024 (États-Unis)
Durée : 148 minutes

Vu le 10 novembre 2024 au Pathe Palace, Salle 3 (dans le cadre du Club Allociné)

Note de Mulder:

Critique de Cookie

Avec Gladiator II, Ridley Scott revient en maître du genre épique, tissant un récit où le souffle de l'histoire se mêle au poids de la destinée individuelle. Dès les premières images, le réalisateur nous plonge dans une Rome visuellement somptueuse, marquée par une architecture imposante mais assombrie par la corruption des empereurs jumeaux Geta et Caracalla. La majesté de cette Rome en ruine est intensifiée par le regard pénétrant de la caméra, qui capte autant la splendeur que la décadence de cet Empire autrefois invincible.

La musique envoûtante de Harry Gregson-Williams, alliant chœurs graves et percussions sourdes, fait écho à celle du premier volet et amplifie le caractère tragique des scènes. Elle confère au film une intensité brute et une aura mythologique, comme une complainte funèbre pour l'Empire. Scott orchestre ici une symphonie de lumière et d'ombre, jouant habilement sur les contrastes pour rendre palpable l’ombre de Maximus planant encore sur les âmes de Rome. Le montage, assuré par Claire Simpson et Sam Restivo, magnifie cette tension entre le passé et le présent, rythmant les batailles et les moments de répit avec une précision qui maintient le spectateur en haleine.

Ce nouveau chapitre puise au plus profond de la culture antique, transcendant la simple suite pour offrir une réflexion sur le pouvoir, l'héritage et la soif insatiable de liberté. Les combats de gladiateurs sont aussi captivants qu’éprouvants : filmés avec une brutalité frontale, ils évoquent non seulement la violence physique, mais aussi la lutte intérieure des personnages. La sensation de danger imminent est omniprésente, chaque duel devenant une confrontation de valeurs autant qu’un spectacle de force. Certains critiques ont noté le réalisme exacerbé de ces scènes, où l'hyper-détail frôle parfois le malaise, mais c'est précisément ce parti pris qui confère au film toute son authenticité.

L'interprétation de Paul Mescal en Lucius est à la fois sensible et magnétique, incarnant un héritier en proie au doute mais mû par un sens de l'honneur inébranlable. Denzel Washington, dans un rôle énigmatique de mentor et d'adversaire, apporte une intensité et une sagesse qui enrichissent le film de couches supplémentaires. La relation complexe entre Lucius et ces figures qui l'entourent – mentor, ennemi ou allié – permet à l'histoire d'explorer des dilemmes moraux et des questions existentielles avec une profondeur rare pour un film d’action. Pedro Pascal et Connie Nielsen, figures incontournables de la saga, insufflent également une profondeur émotionnelle qui ancre le récit dans des thématiques universelles de loyauté et de sacrifice.

Gladiator II s’impose comme un chef-d'œuvre épique de notre époque. Ridley Scott redonne ses lettres de noblesse au genre péplum. Le film convaint grâce à un souci du détail et une direction artistique parfaitement maitrisé. Loin de tomber dans les clichés ou les facilités des suites classiques, Ridley Scott propose un film à la hauteur des attentes, où chaque scène, chaque silence, contribue à peindre le tableau complexe d'une Rome tiraillée entre grandeur et déclin.

Au-delà de l’action, Gladiator II est aussi un hommage aux idéaux de Maximus. Le film nous rappelle que, malgré les décennies écoulées, les valeurs de courage et de justice résonnent toujours dans l’arène, tant dans les batailles physiques que spirituelles. Dans cette fresque, les héros ne sont pas immortels, mais leurs actes, leur bravoure et leur amour pour Rome subsistent, inspirant les générations futures. Ridley Scott orchestre ici un spectacle total, où se mêlent violence, poésie et questionnements existentiels, livrant un film à la fois intime et grandiose, propre à captiver et à émouvoir. Avec cette suite tant attendue, Gladiator II marque un retour triomphal au Colisée, une ode à la mémoire et à l’honneur, qui laissera son empreinte dans l’histoire du cinéma.

Gladiator II
Réalisé par Ridley Scott
Écrit par David Scarpa
Histoire de Peter Craig, David Scarpa
D'après les personnages créés par David Franzoni
Produit par Ridley Scott, Michael Pruss, Douglas Wick, Lucy Fisher, Walter F. Parkes, Laurie MacDonald, David Franzoni
Avec Paul Mescal, Pedro Pascal, Joseph Quinn, Fred Hechinger, Lior Raz, Derek Jacobi, Connie Nielsen, Denzel Washington
Directeur de la photographie : John Mathieson
Montage : Claire Simpson, Sam Restivo
Musique : Harry Gregson-Williams
Sociétés de production : Scott Free Productions, Red Wagon Entertainment, Parkes+MacDonald Image Nation
Distribué par : Paramount Pictures
Dates de sortie : 14 novembre 2024 (Australie et Nouvelle-Zélande), 13 novembre 2024 (France), 15 novembre 2024 (Royaume-Uni), 22 novembre 2024 (États-Unis)
Durée : 148 minutes

Vu le lundi 4 novembre aux Dames Augustines 

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