V/H/S/Beyond

V/H/S/Beyond
Titre original:V/H/S/Beyond
Réalisateur:Jordan Downey, Christian Long, Justin Long, Justin Martinez, Virat Pal, Kate Siegel, Jay Cheel
Sortie:Shudder
Durée:114 minutes
Date:Non communiquée
Note:
Six cassettes à glacer le sang déchaînent l'horreur dans un paysage d'enfer inspiré de la science-fiction, repoussant les limites de la peur et du suspense.

Critique de Mulder

La franchise V/H/S est depuis longtemps un pilier du genre found-footage, un genre à part entière où les cinéastes peuvent explorer les limites de la terreur à travers l'objectif d'appareils d'enregistrement de qualité médiocre. Avec son septième volet, V/H/S/Beyond, la série prend un nouveau tournant thématique en embrassant pleinement la science-fiction, en particulier le domaine de l'horreur extraterrestre. Ce changement s'accompagne d'un mélange de genres rafraîchissant, qui donne naissance à l'une des œuvres les plus cohérentes et les plus ambitieuses de la franchise à ce jour.

Au fond, V/H/S/Beyond reste fidèle au format anthologique de la franchise, comprenant cinq segments distincts, chacun dirigé par des réalisateurs différents, et liés par une histoire centrale. Le thème des rencontres avec des extraterrestres imprègne la plupart de ces segments, avec quelques exceptions qui dévient vers des territoires de science-fiction adjacents. Le résultat est une collection qui semble plus unifiée que beaucoup de ses prédécesseurs, malgré quelques faiblesses occasionnelles dans l'exécution.

L'histoire principale, Abduction/Adduction, réalisée par Jay Cheel, est le segment principal du film. Présenté comme un faux documentaire, il suit le documentariste Jay Cheel dans son enquête sur une série de cassettes VHS censées contenir les preuves d'un véritable enlèvement par des extraterrestres. Le dispositif de cadrage est astucieusement méta, Cheel faisant référence à la tradition extraterrestre du monde réel et au scepticisme historique. Le segment donne un ton d'authenticité sinistre, mélangeant des images trouvées avec des interviews d'experts, et bien que le dénouement semble anti-climatique comparé à la construction, il fournit une structure nécessaire à la narration de l'anthologie.

Le premier segment proprement dit, Stork, réalisé par Jordan Downey, ne tarde pas à plonger le public dans le chaos. Filmé à partir de caméras corporelles portées par un groupe d'officiers de police spéciaux, le segment suit leur enquête sur une série d'enlèvements d'enfants. Lorsqu'ils pénètrent dans une maison délabrée, la situation dégénère rapidement en une frénésie sanguinaire, avec des zombies et des créatures grotesques qui attaquent sous tous les angles. L'expérience de Jordan Downey avec la série ThanksKilling est évidente dans sa gestion de l'énergie maniaque du segment, et l'utilisation de caméras corporelles fournit une perspective efficace à la première personne qui ajoute à l'intensité. Les effets pratiques - qui vont des têtes évidées aux monstruosités brandissant des tronçonneuses - sont particulièrement impressionnants, ancrant le segment dans l'horreur viscérale.

Ensuite, Dream Girl, réalisé par Virat Pal, offre un changement de ton radical. Situé dans le monde glamour de Bollywood, le segment suit deux paparazzi, Arnab (Sayandeep Sengupta) et Sonu (Rohan Joshi), qui tentent de capturer des images candides de la superstar Tara (Namrata Sheth). Ce qui commence comme un hommage brillant à Bollywood sombre rapidement dans la folie lorsque les paparazzi découvrent un horrible secret sur la starlette. L'inclusion d'une séquence de danse bollywoodienne, juxtaposée au carnage qui s'ensuit, est un moment fort. Bien que Dream Girl étire parfois le format du found-footage en brisant ses propres règles, le segment constitue un départ audacieux et inventif pour la franchise, et son commentaire sur les pressions de la célébrité ajoute une couche de profondeur.

Live and Let Dive, réalisé par Justin Martinez, ramène le film à son thème extraterrestre au sens le plus littéral. Le segment suit un groupe d'amis qui font du parachutisme et dont le saut est interrompu par un OVNI. La collision en plein vol entre les parachutistes et l'engin extraterrestre est une séquence palpitante, filmée de façon captivante avec des images GoPro qui capturent la chute libre qui donne le vertige. Une fois que le groupe atterrit dans une orangeraie, la terreur se transforme en une poursuite au sol, alors que les survivants sont traqués par une créature extraterrestre cauchemardesque. Le design de la créature est remarquable ici, mélangeant l'archétype familier de l'extraterrestre gris avec des caractéristiques insectoïdes. Le segment de Justin Martinez est de l'adrénaline pure, facilement l'un des plus palpitants et visuellement inventifs de l'anthologie.

L'entrée la plus dérangeante de V/H/S/Beyond est sans doute Fur Babies, réalisée par les frères Justin Long et Christian Long. Ce segment bascule dans l'horreur sombrement comique en suivant un groupe de défenseurs des animaux qui enquêtent sur Becky (Libby Letlow), la joyeuse propriétaire d'une garderie pour chiens. Ils découvrent une taxidermie macabre qui repousse les limites de l'horreur corporelle. La performance de Libby Letlow dans le rôle de la déséquilibrée Becky est un délice, sa gaieté déconcertante masquant un esprit profondément dérangé. Le segment est moins lié au thème des extraterrestres que les autres, mais son imagerie grotesque et son humour noir en font un ajout mémorable, bien que dérangeant, à l'anthologie.

Enfin, Stowaway, réalisé par Kate Siegel et écrit par Mike Flanagan, offre une vision plus introspective du thème de la rencontre avec un extraterrestre. Avec Alanah Pearce dans le rôle de Halley, une documentariste obsédée par les observations d'OVNI dans le désert de Mojave, le segment suit sa découverte d'un vaisseau spatial extraterrestre. Contrairement aux films grandiloquents qui l'ont précédé, Stowaway est plus calme et plus contemplatif, se concentrant sur les conséquences psychologiques de l'obsession de Halley. La mise en scène de Siegel apporte une beauté obsédante à l'intérieur du vaisseau extraterrestre, avec des images austères en noir et blanc qui évoquent un sentiment d'émerveillement d'un autre monde. L'élément d'horreur corporelle est plus discret mais non moins troublant, le voyage de Halley dans le vaisseau devenant une métaphore de la perte de soi dans la recherche de la vérité.

Ce qui distingue V/H/S/Beyond de la franchise, c'est sa volonté d'expérimenter le format found-footage. Bien que certains segments, comme Dream Girl, contournent les règles du genre, ils le font dans le but d'élargir la portée de ce que peut être le found footage. Le thème de la science-fiction apporte également un changement rafraîchissant par rapport au surnaturel et au slasher habituels de la franchise, ouvrant la voie à une narration et à des effets visuels plus ambitieux. Le design des aliens, en particulier, est constamment inventif, allant de la tradition des ovnis à des hybrides grotesques qui donnent l'impression d'appartenir à un autre monde.

V/H/S/Beyond n'est pas exempt de défauts. L'histoire globale, bien qu'intrigante, ne tire pas pleinement parti de sa prémisse, et certains segments souffrent de problèmes de rythme, en particulier dans leurs derniers instants. Cependant, il s'agit là d'inconvénients mineurs dans une anthologie qui offre plus de succès que de ratés.

Ce film reste pourtant une entrée solide dans la franchise de longue date, mélangeant l'horreur et la science-fiction d'une manière à la fois familière et innovante. Il prouve que même après sept films, la série V/H/S a encore de beaux jours devant elle, surtout lorsqu'elle est prête à repousser les limites de son format. Les fans d'horreur et de science-fiction trouveront leur compte dans ce kaléidoscope de terreur extraterrestre et, avec un peu de chance, la franchise continuera d'explorer de nouvelles frontières dans ses prochains volets.

V/H/S/Beyond
Réalisé par Jordan Downey (Stork), Christian Long (Fur Babies), Justin Long (Fur Babies), Justin Martinez (Live and Let Dive), Virat Pal (Dream Girl), Kate Siegel (Stowaway), Jay Cheel (Abduction/Adduction)
Écrit par Jordan Downey (Stork), Kevin Stewart (Stork), Christian Long (Fur Babies), Justin Long (Fur Babies), Justin Martinez (Live and Let Dive), Ben Turner (Live and Let Dive), Virat Pal (Dream Girl), Evan Dickson (Dream Girl), Mike Flanagan (Stowaway), Jay Cheel (Abduction/Adduction)
Produit par Josh Goldbloom, Brad Miska, James Harris, Michael Schreiber
Avec Dane DiLiegro (Stork), Alanah Pearce (Stowaway), Mitch Horowitz (Abduction/Adduction)
Cinématographie : Tapan Basu (Dream Girl), Alexander Chinnici, Mike McLaughlin (Abduction/Adduction), Kevin Stewart
Montage : Jordan Downey (Stork), Jay Cheel (Abduction/Adduction), Tanya Chhabria, Thom Newell, Benjamin A. Turner
Musique : Nick Soole (Stork), Jay Cheel (Abduction/Adduction)
Sociétés de production : Shudder Original Films, Bloody Disgusting, Cinepocalypse, Studio71
Distribué par Shudder
Dates de sortie : 20 septembre 2024 (Fantastic Fest), 4 octobre 2024 (États-Unis)
Durée : 114 minutes

Vu le 25 septembre 2024 (Fantastic Fest press screener)

Note de Mulder: