Titre original: | Hellboy: The Crooked Man |
Réalisateur: | Brian Taylor |
Sortie: | Vod |
Durée: | 99 minutes |
Date: | Non communiquée |
Note: |
Hellboy : The Crooked Man, réalisé par Brian Taylor et coécrit par Mike Mignola et Christopher Golden, s'éloigne des films d'action à grande échelle du passé et emmène Hellboy dans les recoins sombres du folklore américain. Se déroulant en 1959, ce film voit Jack Kesy entrer dans la peau du personnage titulaire, Hellboy, précédemment interprété par Ron Perlman et David Harbour. Avec cette nouvelle adaptation, les réalisateurs veulent ramener le personnage à ses racines, en s'inspirant de la série de bandes dessinées du même nom publiée par Mike Mignola en 2008. Le résultat est un film d'horreur plus intime qui se nourrit de l'atmosphère, mais qui présente quelques défauts notables.
L'histoire suit Hellboy et la recrue Bobbie Jo Song, agent du Bureau de recherche et de défense contre le paranormal (B.P.R.D.), interprétée par Adeline Rudolph, qui se retrouvent bloqués dans les Appalaches après qu'une mission impliquant une araignée maudite ait mal tourné. Dès la séquence d'ouverture, Brian Taylor donne un ton plus horrifique que les films précédents. Hellboy et Bobbie Jo Song affrontent une araignée géante possédée par un démon à bord d'un train, ce qui finit par faire dérailler leur voyage. Ils se retrouvent alors à naviguer dans les bois sinistres et hantés par les sorcières de la région rurale des Appalaches.
Ils y rencontrent Tom Ferrell, interprété par Jefferson White, un habitant de la région au passé trouble qui est retourné chez lui pour affronter le mal qui a autrefois frappé sa famille et la ville environnante. Tom Ferrell est un personnage central de l'histoire, car il a un lien profond avec les forces surnaturelles à l'œuvre dans la région, en particulier avec Effie Kolb, une puissante sorcière interprétée par Leah McNamara. Alors que Hellboy, Bobbie Jo Song et Tom Ferrell creusent le mystère, ils découvrent que toute la région est tombée sous l'influence de l'Homme tortueux, incarné par Martin Bassindale. Ce personnage malveillant, un cadavre ressuscité qui marchande des âmes pour refaire sa fortune, est le principal antagoniste, incarnation de l'horreur folklorique.
Le fait que le film se déroule dans les Appalaches fait partie intégrante de l'atmosphère que Brian Taylor réussit à créer. Le paysage rural, associé à un sentiment d'isolement sinistre et délabré, renforce les éléments d'horreur folklorique qui courent tout au long du récit. Le Crooked Man n'est pas une menace globale et mondiale comme les antagonistes des films Hellboy précédents ; il représente plutôt un mal plus localisé et profondément enraciné. La sorcellerie, les malédictions et la magie noire qui imprègnent l'univers du film sont personnelles et bien ancrées, ce qui confère à l'histoire un sentiment d'effroi rampant. Les racines folkloriques du film - objets enchantés, sorcières qui perdent leur peau et familles maudites - ajoutent au ton inquiétant, créant une expérience d'horreur à combustion lente plutôt qu'une approche riche en action comme dans les adaptations précédentes de Guillermo del Toro.
L'un des éléments les plus réussis du film est son recours aux effets pratiques, qui sont bien plus efficaces pour créer un sentiment d'horreur tangible que les effets numériques n'auraient pu le faire. L'interprétation de Hellboy par Jack Kesy est renforcée par son maquillage qui, même s'il n'est pas aussi détaillé que les versions précédentes, lui permet d'habiter physiquement le personnage d'une manière qui semble fidèle à la bande dessinée. La version de Kesyde Hellboy est plus discrète et plus lasse que ses prédécesseurs, délivrant ses répliques avec un esprit sec qui capture l'essence de la personnalité de Hellboy. Bien que Jack Kesy n'ait pas le charisme plus grand que nature de Ron Perlman, son interprétation correspond au ton de ce film, qui est moins axé sur la bravade et plus sur l'horreur rampante.
Cependant, la relation entre Hellboy et Bobbie Jo Song n'est pas assez développée. Adeline Rudolph offre une solide performance dans le rôle de Bobbie Jo Song, mais son personnage est écrit d'une manière qui ne lui permet pas de briller. Ses interactions avec Hellboy servent principalement à faire avancer l'intrigue, et bien qu'il y ait un potentiel pour une dynamique mentor-élève, le film n'explore jamais pleinement cette relation. La Bobbie Jo Song deRudolphest un agent curieux et déterminé, désireux de faire ses preuves, mais le scénario ne lui laisse pas beaucoup d'espace pour se développer, ce qui donne à son arc une impression de superficialité. L'alchimie entre Jack Kesy et Adeline Rudolph est satisfaisante, mais il manque l'étincelle nécessaire pour que leur partenariat soit vraiment convaincant.
Les acteurs secondaires du film offrent cependant quelques moments mémorables. Jefferson White donne de la profondeur à Tom Ferrell, un homme hanté par son passé et par la magie noire qui a consumé sa famille. Le lien de son personnage avec les sorcières des Appalaches, en particulier Effie Kolb, crée une intrigue secondaire riche en enjeux personnels. Leah McNamara est délicieusement menaçante dans le rôle d'Effie Kolb, mâchant le décor avec une méchanceté qui ressort même dans les moments les plus sombres du film. Le Crooked Man deMartin Bassindaleest un autre point fort, une figure grotesque dont la présence domine le film, même lorsqu'il n'est pas à l'écran. Son interprétation du personnage-titre capture l'essence de la représentation du personnage dans la bande dessinée : dérangeant, complice et plein de méchanceté.
L'un des défauts du film est son rythme inégal, en particulier dans le deuxième acte. Alors que la première moitié du film fait monter la tension de manière efficace, le rythme ralentit considérablement à mesure que les personnages explorent la nature sauvage des Appalaches. La mise en scène de Brian Taylor brille dans les séquences atmosphériques et horrifiques, mais elle peine à maintenir la tension entre les deux. Le film donne parfois l'impression d'être décousu, passant d'une scène troublante à l'autre sans développer pleinement le tissu conjonctif du récit. L'introduction de séquences de rêve, de flashbacks et d'intrigues secondaires impliquant la mère de Hellboy ajoute à ce sentiment de décousu, et bien qu'elles contribuent à l'atmosphère onirique du film, elles détournent parfois l'attention de l'intrigue centrale.
En outre, le faible budget du film est perceptible, en particulier dans les effets CGI, qui sont incohérents. Alors que les effets pratiques, tels que le maquillage et la conception des créatures, sont impressionnants, les images de synthèse, en particulier dans le troisième acte, sont souvent déplacées et décevantes. Cela est particulièrement évident lors de l'affrontement entre Hellboy et l'Homme tortueux, qui n'a pas l'impact visuel qu'il promettait. Cela dit, l'ambition du film est admirable, et Brian Taylor fait de son mieux pour travailler dans les limites imposées, en s'appuyant davantage sur l'ambiance et l'atmosphère que sur des effets tape-à-l'œil.
Malgré ses défauts, Hellboy : The Crooked Man réussit à capturer le ton et l'esprit des bandes dessinées originales de Mike Mignola. L'approche folklorique du film est un changement de rythme bienvenu pour la franchise Hellboy, offrant une histoire plus sombre et plus intime qui semble plus fidèle aux racines du personnage. Jack Kesy donne à Hellboy un nouveau visage, plus terre à terre, et même si son interprétation n'atteint pas le statut d'icône de Ron Perlman ou de David Harbour, elle sert bien le film. Brian Taylor parvient à créer un film qui, malgré ses contraintes budgétaires, comporte des moments d'horreur et d'intrigue authentiques.
Hellboy : The Crooked Man est une entrée inégale mais atmosphérique dans la franchise Hellboy. Ce n'est pas le Hellboy grandiloquent et bourré d'action que les fans des films de Guillermo del Toro attendent, mais il offre quelque chose de différent : un conte d'horreur folklorique qui puise dans les éléments les plus sombres et les plus étranges de l'univers de Mike Mignola. Pour ceux qui sont prêts à accepter ce changement de ton, il y a beaucoup à apprécier dans le décor sinistre du film, les effets pratiques et l'atmosphère inquiétante qui imprègne l'histoire. Brian Taylor n'a peut-être pas livré le film Hellboy définitif, mais il a créé une expérience intrigante qui pourrait ouvrir la voie à de futures adaptations tout aussi audacieuses.
Hellboy : The Crooked Man
Réalisé par Brian Taylor
Écrit par Christopher Golden, Mike Mignola, Brian Taylor
D'après Hellboy de Mike Mignola
Produit par Mike Richardson, Jeff Greenstein, Yariv Lerner, Jonathan Yunger, Les Weldon, Robert Van Norden, Sam Shulte
Avec Jack Kesy, Jefferson White, Adeline Rudolph
Directeur de la photographie : Ivan Vatsov
Montage : Ryan Denmark
Musique : Sven Faulconer
Sociétés de production : Millennium Media, Dark Horse Entertainment, Nu Boyana Film Studios, Campbell Grobman Films
Distribué par Ketchup Entertainment
Dates de sortie : 20 juin 2024 (Belgique), 8 octobre 2024 (États-Unis)
Durée : 99 minutes
Vu le 8 octobre 2024 en VOD
Note de Mulder: