Terrifier 3

Terrifier 3 n'est pas seulement un nouvel chapitre saignant de la franchise, mais l'aboutissement de la vision d’un réalisateur surdoué Damien Leone, un film qui repousse les limites du goût et de la décence tout en offrant l'une des expériences les plus grotesques, sanguinolentes et brutales du cinéma d'horreur moderne. La franchise a toujours été un sujet de discorde : certains fans d'horreur la célèbrent pour son côté gore et ses effets pratiques sans concession, tandis que d'autres la rejettent pour son côté trop grotesque et trop extrême. Cependant, avec ce troisième film, Damien Leone ne se contente pas de reprendre tout ce qui a rendu les deux premiers films célèbres, il ajoute également des couches supplémentaires à la mythologie, en développant les personnages et en élargissant le récit d'une manière qui pousse la série vers des territoires inexplorés.

Cinq ans après les événements de Terrifier 2, l'histoire se concentre à nouveau sur Sienna Shaw (jouée par Lauren LaVera), qui se remet de l'expérience traumatisante de son affrontement avec Art le Clown (David Howard Thornton) dans un établissement psychiatrique. Son chemin vers la guérison est loin d'être terminé et, à l'approche des fêtes de fin d'année, elle tente de renouer avec son frère Jonathan Shaw (joué par Elliot Fullam) et de reprendre le cours de sa vie. Cependant, Noël apporte avec lui la résurrection d'Art le Clown, cette fois avec une nouvelle et horrible complice : la défigurée et mentalement déséquilibrée Victoria Heyes (Samantha Scaffidi), qui était autrefois une victime mais qui semble maintenant s'être alliée avec le monstrueux clown.

Dès le début, Terrifier 3 donne le ton avec une séquence de pré-générique épouvantable qui annonce au public qu'il s'apprête à vivre une expérience sans précédent. La réapparition d'Art, habillé en Père Noël sale et sinistre, indique immédiatement que le personnage ne s'est pas adouci le moins du monde - au contraire, il est plus vicieux que jamais. Le premier massacre familial, au cours duquel Art massacre une famille de la manière la plus brutale qui soit, ouvre la voie au thème récurrent du film : Noël, une période traditionnellement associée à la joie et à la famille, est désormais le théâtre d'horreurs inimaginables.

Ce qui différencie Terrifier 3 de ses prédécesseurs n'est pas seulement le nombre de cadavres ou les meurtres créatifs (bien qu'il s'agisse là de points forts), mais l'effort que Damien Leone a fait pour approfondir l'histoire d'Art the Clown. Les questions qui subsistaient après Terrifier 2, comme la nature du mystérieux enfant clown qui suit Art, ou les spécificités de la résurrection d'Art entre les films, reçoivent ici plus d'attention. Bien que de nombreuses questions restent sans réponse, le film donne juste assez d'informations nouvelles pour que les fans s'investissent tout en conservant l'aura étrange et ambiguë qui entoure Art. Cette construction de la mythologie est clairement destinée à préparer le terrain pour les prochains volets, en particulier le Terrifier 4 annoncé, ce qui donne à ce troisième volet l'impression d'être un pont entre ce qui a précédé et ce qui reste à venir.

Les performances dans Terrifier 3 sont plus fortes que jamais, David Howard Thornton prouvant une fois de plus pourquoi Art le Clown est rapidement devenu une icône de l'horreur. Son interprétation d'Art est un véritable chef-d'œuvre de performance physique. Le personnage, qui ne parle jamais, communique uniquement par des gestes, des expressions faciales et un mélange de comédie burlesque et de malveillance pure qui le rend à la fois terrifiant et bizarrement divertissant. Art a un côté vaudevillesque, car il prend autant de plaisir à tourmenter ses victimes qu'à les tuer. Ce qui distingue Art des autres méchants de slasher comme Freddy Krueger, Michael Myers ou Jason Voorhees, c'est sa cruauté: Art ne se contente pas de tuer, il démembre, profane et prolonge la souffrance de ses victimes d'une manière qui repousse les limites de l'acceptable, même dans le domaine de l'horreur.

Lauren LaVera livre également une performance remarquable dans le rôle de Sienna Shaw, faisant évoluer son personnage d'une victime terrifiée dans Terrifier 2 à une dernière fille endurcie par le combat. Sienna est loin d'être l'héroïne d'horreur typique. Son traumatisme est exploré d'une manière qui semble réelle et percutante - son séjour dans un établissement psychiatrique n'est pas seulement une commodité narrative, mais un reflet des cicatrices mentales laissées par sa rencontre avec Art. Lorsque Sienna rentre chez elle pour les vacances, elle fait preuve d'une vulnérabilité qui rend son éventuelle ascension en tant que guerrière féroce encore plus satisfaisante. Le physique deLaVera et sa palette d'émotions font d'elle l'une des dernières filles les plus convaincantes de ces dernières années, et son affrontement avec Art est tout simplement électrisant.

Cependant, c'est Samantha Scaffidi, dans le rôle de Victoria Heyes, qui pourrait être l'aspect le plus surprenant du film. De retour du premier Terrifier, où elle avait été défigurée et brisée par Art, Victoria est maintenant une méchante à part entière. L'interprétation de Samantha Scaffidi fait froid dans le dos : sous les couches de maquillage grotesque, elle respire la malveillance à l'état pur. La transformation de Victoria de victime à méchante ajoute une nouvelle couche de complexité à l'histoire, car Art et elle forment un partenariat tordu, Victoria servant en quelque sorte de disciple au mal chaotique du clown.

Sur le plan visuel, Terrifier 3 est un triomphe des effets pratiques. Damien Leone et son équipe ont créé certains des effets gore les plus réalistes et les plus horribles jamais vus à l'écran. Chaque scène de meurtre est méticuleusement conçue, la caméra s'attardant sur le carnage d'une manière qui refuse au spectateur de détourner le regard. Les visages sont arrachés, les membres sont coupés et les corps sont mutilés d'une manière qui laissera même les fans d'horreur les plus endurcis se tortiller sur leur siège. Une séquence particulièrement dérangeante implique Art qui utilise une tronçonneuse d'une manière qui fait paraître Leatherface bien timide en comparaison. Et le film ne s'arrête pas là - il y a des scènes impliquant des organes génitaux mutilés, des invasions animales de cavités corporelles et d'autres atrocités qui repoussent les limites de ce qui peut être montré à l'écran.

Mais si Terrifier 3 est indubitablement un film gore, il est aussi une réussite totale. L'esthétique crasseuse et louche capturée par la photographie de George Steuber donne au film un aspect rétro et grindhouse qui convient parfaitement à la vision de Leone. Malgré les origines à petit budget de la série, Terrifier 3 donne l'impression d'être beaucoup plus grand, avec des décors plus élaborés et un sens plus large de la construction du monde qui élève le film au-delà de ses prédécesseurs.

Un autre aspect notable de Terrifier 3 est la façon dont il répond aux critiques des films précédents, notamment en ce qui concerne la violence à l'égard des femmes. Dans les deux premiers films, les victimes féminines semblaient faire les frais du sadisme d'Art. Cependant, dans Terrifier 3, Leone prend des mesures pour équilibrer la situation, les victimes masculines et féminines subissant des sorts tout aussi horribles. L'une des scènes les plus choquantes implique un double meurtre prolongé dans une douche de salle de bain, qui surpasse tout ce que la franchise a tenté jusqu'à présent. À elle seule, cette scène deviendra certainement l'un des moments les plus discutés de l'horreur moderne, non seulement pour sa brutalité, mais aussi pour l'inventivité dont elle fait preuve en repoussant les limites du genre.

Pourtant, au-delà du sang et des viscères, Terrifier 3 aborde également les thèmes du traumatisme, de la survie et de la frontière ténue entre le bien et le mal. Le parcours de Sienna est un parcours de guérison, mais aussi un parcours de responsabilisation - son combat final contre Art n'est pas seulement un combat pour la survie, c'est un combat pour son âme. Même si le film se délecte de son côté gore, l'histoire de Sienna contient une quantité surprenante de cœur, ce qui fait d'elle un personnage que le public peut soutenir au milieu du carnage.

Terrifier 3 est un film qui polarisera le public. Il n'est pas destiné aux personnes au cœur fragile ou à celles qui préfèrent l'horreur plus modérée. Damien Leone ne s'excuse pas pour les excès de sa vision, et tandis que certains spectateurs trouveront la violence implacable et les images choquantes trop difficiles à gérer, d'autres le célébreront comme un chef-d'œuvre d'effets pratiques et de subversion du genre. Le film est à la fois une lettre d'amour aux films d'horreur de la vieille école et un défi aux conventions de l'horreur moderne, osant aller là où la plupart des cinéastes ne le feraient pas.

À une époque où de nombreux films d'horreur semblent aseptisés ou formulés, Terrifier 3 se distingue comme un film audacieux et brutal qui repousse les limites de ce que l'horreur peut être. Art the Clown, avec la performance glaçante de David Howard Thornton, est devenue une icône du slasher (même Funko propose dorénavant des figurines à l’effigie de Art), et la volonté de Damien Leone de prendre des risques garantit que la franchise Terrifier continuera à choquer et à déranger pendant des années. Terrifier 3 n'est peut-être pas pour tout le monde, mais pour ceux qui peuvent supporter ses excès, c'est un voyage inoubliable dans les coins les plus sombres du cinéma d'horreur. Ce chef d’œuvre révolutionnaire annonce une carrière très prolifique pour son réalisateur dans les traces de John Carpenter, Wes Craven et Sam Raimi.

Terrifier 3
Écrit et réalisé par Damien Leone
Produit par Damien Leone, Phil Falcone, Steven Della Salla, Jason Leavy, Michael Leavy, George Steuber
Avec David Howard Thornton, Lauren LaVera, Elliott Fullam, Samantha Scaffidi
Directeur de laphotographie  : George Steuber
Montage : Damien Leone
Musique : Paul Wiley
Société de production : Dark Age Cinema
Distribué par Cineverse Entertainement (United States), Factoris / ESC Films (France)
Dates de sortie : 19 septembre 2024 (Fantastic Fest), 9 octobre 2024 (France), 11 octobre 2024 (États-Unis).
Durée : 125 minutes

Vu le 1 octobre 2024 au Majestic Bastille

Note de Mulder: