Titre original: | Speak no evil |
Réalisateur: | James Watkins |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 110 minutes |
Date: | 19 septembre 2024 |
Note: |
Speak No Evil offre remake américain du film d'horreur danois de 2022 de Christian Tafdrup, tout en aplatissant malheureusement certains des aspects les plus sombres du matériau d'origine. Alors que le film original de Tafdrup était une exploration glaçante du conformisme social et de la complicité passive, la version de James Watkins sacrifie une grande partie de la tension psychologique aiguë au profit de frissons d'horreur plus traditionnels.
Au centre de ce remake se trouve le personnage de Paddy, interprété par James McAvoy, dont la personnalité plus grande que nature domine l'écran. La performance de James McAvoy est intense, sa nature charismatique et volatile masquant une menace sous-jacente qui tient le public en haleine. Il prend le sinistre Patrick du film original et le transforme en une figure plus ouvertement menaçante, s'appuyant sur une énergie qui n'est qu'arrogance et imprévisibilité. Cependant, ce changement prive le récit de la montée progressive de l'effroi qui rendait le film original si terrifiant. Au lieu de sentir les murs se rapprocher lentement, comme c'était le cas dans le portrait de Fedja van Huêt, nous sommes amenés à nous attendre au danger presque dès le début.
Mackenzie Davis et Scoot McNairy interprètent Louise et Ben Dalton, un couple d'Américains aux prises avec leurs
propres problèmes lorsqu'ils rencontrent Paddy et sa femme Ciara (Aisling Franciosi) lors de vacances en Italie. Mackenzie Davis et Scoot McNairy livrent tous deux de solides performances, Davis incarnant une femme de plus en plus méfiante à l'égard de ses hôtes, tandis que Ben, lutte pour s'affirmer face à la présence dominatrice de Paddy. Leur dynamique - tendue par des problèmes conjugaux - est au cœur du film, et les acteurs parviennent à maintenir le public investi dans leur situation, alors même que la tension monte vers un dénouement familier, mais inévitable.
L'une des différences les plus significatives par rapport à l'original réside dans le rythme et la structure. James Watkins opte pour une descente plus rapide dans l'horreur, sacrifiant le malaise lent qui rendait la version de Christian Tafdrup si troublante. Les moments de gêne sociale, où l'on a envie de crier aux personnages de s'en aller, sont toujours présents mais ne s'attardent pas suffisamment pour induire ce malaise qui fait frémir. Au lieu de cela, le film se dirige rapidement vers un territoire d'horreur plus traditionnel, en construisant un troisième acte qui s'appuie sur les conventions du slasher, avec des poursuites, des explosions de violence et un affrontement cathartique.
Cet accent mis sur l'action plutôt que sur la psychologie diminue la profondeur thématique de l'original. Alors que le film de Christian Tafdrup explorait les conséquences terrifiantes de l'inaction polie - comment nous pouvons être complices de notre propre chute par notre désir de ne pas offenser - le remake de James Watkins met l'accent sur la survie. L'exploration psychologique de la dynamique du pouvoir, en particulier entre Ben et Paddy, est remplacée par des confrontations physiques plus conventionnelles et moins engageantes sur le plan intellectuel.
L'interprétation de Ciara par Aisling Franciosi ajoute une nouvelle couche de tension, mais son personnage n'a pas l'allure mystérieuse de son homologue danois. Elle est plus une complice d'horreur traditionnelle, aidant activement le sadisme de Paddy plutôt que de manipuler subtilement leurs invités. Ce changement reflète une tendance plus générale dans le remake à énoncer les choses plus clairement pour le public, en supprimant une partie de l'ambiguïté qui rendait l'original si envoûtant.
Le cadre de la ferme est également plus manifestement inquiétant dès qu'on l'aperçoit, ce qui contraste avec la menace plus discrète de la campagne hollandaise dans le film original. La direction photographie de Tim Maurice-Jones capture magnifiquement la campagne anglaise, mais l'esthétique minable et chic de la maison est un peu trop explicite dans son caractère effrayant, laissant peu de place à l'imagination.
Speak No Evil est un film de genre qui met en valeur la capacité de James McAvoy à incarner des personnages déséquilibrés et imprévisibles, mais il perd la richesse thématique de l'œuvre originale de Christian Tafdrup. En s'appuyant sur les éléments de slasher et de survival, il devient plus accessible mais moins profond. Pour ceux qui n'ont pas vu la version danoise, il s'agit toujours d'une expérience d'horreur pleine de suspense, bien qu'un peu prévisible. Cependant, pour les fans de l'original, le film de James Watkins peut donner l'impression de parler trop fort, alors que la véritable terreur réside dans ce qui n'a pas été dit.
Speak no evil
Écrit et réalisé par James Watkins
D'après Speak No Evil de Christian Tafdrup, Mads Tafdrup
Produit par Jason Blum, Paul Ritchie
Avec James McAvoy, Mackenzie Davis, Aisling Franciosi, Alix West Lefler, Dan Hough, Scoot McNairy
Direction photographie : Tim Maurice-Jones
Montage : Jon Harris
Musique : Danny Bensi, Saunder Jurriaans
Société de production : Blumhouse Productions
Distribué par Universal Pictures (France, Etats-Unis)
Date de sortie : 13 septembre 2024 (Etats-Unis), 19 septembre 2024 (France)
Durée : 110 minutes
Vu le 7 septembre 2024 au Centre International de Deauville
Note de Mulder: