TheCrow

TheCrow
Titre original:TheCrow
Réalisateur:Rupert Sanders
Sortie:Cinéma
Durée:111 minutes
Date:21 août 2024
Note:
Eric et sa fiancée Shelly sont sauvagement assassinés par un gang de criminels. Mais une force mystérieuse ramène Eric d'entre les morts, qui, doté de pouvoirs surnaturels, entreprend de se venger pour sauver son véritable amour.

Critique de Mulder

Le remake de The Crow réalisé par Rupert Sanders est une œuvre ambitieuse qui tente de réinventer un film culte tout en restant fidèle à l’essence sombre et tragique du comic original de James O’Barr. Comparé à l'adaptation de 1994, réalisée par Alex Proyas, ce film se distingue non seulement par une approche différente du matériau source, mais aussi par une esthétique et une tonalité qui reflètent un changement significatif de perspective.

L'œuvre originale d’Alex Proyas, portée par l'inoubliable Brandon Lee, est profondément enracinée dans l'esthétique grunge des années 90, un mélange d'éléments gothiques, de violence stylisée, et de musique rock qui a capturé l'esprit de l'époque. Ce film, marqué par la tragédie réelle de la mort de Lee sur le plateau, est devenu un symbole de l'expression artistique à travers le prisme de la douleur et de la perte. The Crow de 1994 est souvent perçu comme une exploration émotionnelle brute et stylisée de la vengeance et du deuil, magnifiée par la direction artistique visionnaire d’Alex Proyas et la bande sonore emblématique qui l'accompagne​ (Empire).

En revanche, cette nouvelle version avec Bill Skarsgård dans le rôle principal, opte pour une approche plus terre-à-terre. Rupert Sanders, qui a déjà exploré des thèmes similaires dans Ghost in the Shell, s'écarte des codes hollywoodiens en faveur d'une réalisation qui évoque les films indépendants des années 70. Ce choix se manifeste non seulement à travers le style visuel moins stylisé et plus réaliste, mais aussi dans la manière dont l'histoire est racontée : de manière plus intimiste, en se concentrant sur la violence crue et les émotions brutes du personnage principal.

L’un des aspects les plus remarquables du film est son budget limité. Avec seulement 50 millions de dollars, un chiffre modeste par rapport aux standards actuels des films de super-héros, Rupert Sanders a dû faire preuve de créativité pour transmettre l'intensité émotionnelle et la noirceur de l'histoire. Cette contrainte budgétaire semble avoir poussé le réalisateur à se concentrer sur l'essentiel : l'émotion, la performance des acteurs, et une mise en scène efficace, sans se laisser distraire par des effets spéciaux spectaculaires. Ce choix délibéré pourrait rappeler à certains la philosophie des réalisateurs des années 70, qui privilégiaient la substance sur le style, une comparaison que Sanders lui-même n'hésite pas à faire​.

Cependant, cette approche a aussi ses inconvénients. L'absence du lyrisme visuel et de l'atmosphère gothique qui caractérisaient l'original pourrait déplaire aux puristes. Là où Alex Proyas a su créer une ambiance à la fois oppressante et captivante, Rupert Sanders semble avoir choisi une direction plus brute, plus ancrée dans la réalité. Ce choix, bien que potentiellement plus accessible pour un public contemporain, pourrait également être perçu comme une perte de la dimension mythique et de la richesse symbolique qui faisaient du film de 1994 une expérience cinématographique unique​.

La performance de Bill Skarsgård est également sujette à débat. En optant pour une interprétation plus réaliste et ancrée dans la violence du personnage d'Eric Draven, Bill Skarsgård se détache de l'aura tragique et presque mythologique de Brandon Lee. Son approche, bien que fidèle à l'esprit du comic, pourrait être perçue comme moins charismatique, voire moins mémorable. L'acteur semble toutefois avoir su capter l'essence tourmentée de Eric Draven, offrant une prestation intense qui colle au ton sombre du film. Sa dynamique avec FKA Twigs, qui incarne Shelly, ajoute une profondeur émotionnelle bienvenue, même si elle ne parvient pas toujours à compenser la perte de l'esthétique poignante de l'original​ (Empire).

Cette nouvelle adaptation de  The Crow est un projet audacieux qui divise. Si Rupert Sanders a su capturer l'essence de la noirceur et de la violence du comic, il reste à voir si cette nouvelle interprétation, plus réaliste et moins stylisée, parviendra à toucher autant les nouveaux spectateurs que les fans de longue date. Cette relecture plus sobre et plus personnelle offre une vision alternative de l'histoire d'Eric Draven, mais pourrait manquer de l'impact visuel et émotionnel qui ont fait du film de 1994 un classique intemporel. Seul le temps dira si ce pari risqué sera payant pour le réalisateur et ses collaborateurs.

The Crow
Réalisé par Rupert Sanders
Écrit par Zach Baylin, William Schneider
D'après The Crow de James O'Barr
Produit par Edward R. Pressman, Samuel Hadida, Victor Hadida, John Jencks, Molly Hassell
Avec Bill Skarsgård, FKA Twigs, Danny Huston
Directeur de la photographie : Steve Annis
Montage : Chris Dickens, Neil Smith
Musique : Volker Bertelmann
Sociétés de production : Pressman Film, Davis Films, The Electric Shadow Company, Ashland Hill Media Finance, Hassell Free Productions, Media Capital Technologies, 30West
Distribué par Lionsgate Films (Etats-Unis), Metropolitan Films (France)
Dates de sortie : 21 août 2024 (France), 23 août 2024 (États-Unis)
Durée : 111 minutes

Vu le 21 août 2024 au Gaumont Disney Village, Salle 10 place A20

Note de Mulder: