Borderlands

Borderlands
Titre original:Borderlands
Réalisateur:Eli Roth
Sortie:Cinéma
Durée:102 minutes
Date:07 août 2024
Note:
Lilith, une chasseuse de primes au passé trouble, revient à contrecœur sur sa planète natale, Pandore, la planète la plus chaotique de la galaxie… Sa mission est de retrouver la fille disparue d'Atlas, l’homme le plus puissant (et le plus méprisable) de l’univers. Pour y arriver Lilith va devoir former une alliance inattendue avec une joyeuse équipe de marginaux : Roland, un mercenaire chevronné ; Tiny Tina, une pré-ado avec un gros penchant pour la démolition ; Krieg, le protecteur musclé de Tina ; Tannis , une scientifique fantasque ; et Claptrap, un robot très bavard. Ensemble, ces héros improbables vont devoir affronter les pires espèces extraterrestres et de dangereux bandits pour découvrir les secrets les plus explosifs de Pandore. Basé sur l'une des franchises de jeux vidéo les plus vendues de tous les temps, bienvenue à Borderlands !

Critique de Mulder

Borderlands d'Eli Roth est un film qui illustre tout ce qui ne va pas dans les adaptations de jeux vidéo, dépouillant l'énergie frénétique et le chaos vibrant qui ont fait de la série de jeux originale un favori des fans et laissant derrière lui une coquille vide d'expérience. Dès le départ, ce projet semblait voué à l'échec, et le produit final, gâché par les reshoots et les compromis créatifs, confirme ces craintes de la manière la plus décourageante qui soit.

Le film peine dès le départ à capturer l'essence même de ce qui rendait les jeux Borderlands si fascinants. Les jeux étaient appréciés pour leur style visuel distinctif, leur humour irrévérencieux et leur action rapide, autant d'éléments qui ne se traduisent pas efficacement sur grand écran. Au lieu de cela, l'adaptation de Eli Roth ressemble à une pâle imitation, un patchwork d'idées mal cousues qui ne se fondent jamais en quelque chose de significatif. L'énergie chaotique du matériau d'origine est réduite à une série d'éléments décousus qui manquent de cohérence narrative ou d'impact émotionnel.

Cate Blanchett, une actrice au talent et à la palette indéniables, est malheureusement mal choisie pour incarner Lilith, la protagoniste centrale du film. Bien qu'elle apporte une certaine gravité au rôle, sa performance est entravée par un scénario qui ne lui donne pas grand-chose à faire. Le personnage de Lilith, qui devrait être une anti-héroïne féroce et complexe, est au contraire rendu plat et inintéressant, ses motivations peu claires et ses dialogues guindés. L'interprétation de Kate Blanchett, qui aurait pu être un point positif dans un contexte différent, semble ici déconnectée et superficielle, comme si même elle n'arrivait pas à savoir quoi faire avec le matériel qui lui était donné.

Le rôle de Kevin Hart dans la peau de Roland, un ex-soldat stoïque, laisse également perplexe. Kevin Hart, connu pour ses talents d'humoriste et ses performances énergiques, est étrangement discret dans ce rôle, et le film ne semble pas savoir comment utiliser ses talents. La décision de confier à Kevin ²Hart un rôle sérieux et orienté vers l'action aurait pu être intéressante, mais l'exécution tombe à plat. Le scénario ne lui offre aucune véritable opportunité d'humour ou de profondeur, le laissant se contenter d'un rôle qui ne correspond pas du tout à ses forces en tant qu'acteur.

Les seconds rôles ne sont pas mieux lotis. Jack Black, habituellement une source fiable de soulagement comique, incarne Claptrap, un personnage qui aurait dû faire sensation. Au lieu de cela, les sarcasmes incessants de Claptrap et ses pitreries deviennent rapidement agaçants, dépourvus de l'intelligence ou du charme qui auraient pu rendre le personnage attachant. Les blagues tombent à plat, et l'exubérance habituelle de Black est gâchée par un scénario qui semble plus intéressé par le fait de plaire à un large public que de rester fidèle à l'esprit anarchique des jeux.

Visuellement, le film tente d'imiter le style BD caractéristique des jeux, mais les résultats sont pour le moins inégaux. Les décors et les costumes, bien qu'ils soient quelque peu fidèles au matériel d'origine, semblent souvent bon marché et peu convaincants. Les images de synthèse, qui auraient dû être utilisées pour créer un monde vivant et immersif, donnent au contraire l'impression d'être bâclées et décevantes, de nombreuses scènes ressemblant plus à un travail sur fond vert qu'à un paysage extraterrestre pleinement réalisé. La planète Pandora, décor essentiel des jeux, est réduite à une toile de fond générique, dépourvue de la personnalité et du danger qui devraient en faire un personnage à part entière.

Le rythme du film est un autre problème important. Les scènes s'enchaînent sans souci de fluidité ou de continuité, ce qui désoriente le spectateur qui peine à suivre ce qui se passe à l'écran. Les séquences d'action, qui devraient être le point fort du film, sont mal chorégraphiées et montées de façon incohérente, ce qui fait qu'il est difficile de suivre le déroulement de la bataille ou de s'investir dans les enjeux. Le barrage incessant de fusillades et d'explosions devient rapidement lassant, surtout lorsque les personnages impliqués sont si peu développés qu'il est difficile de s'intéresser à leur sort.

Borderlands souffre également d'un ton qui part dans tous les sens. Le film n'arrive pas à décider s'il veut être un film d'action grinçant, une comédie noire ou une épopée de science-fiction, et en conséquence, il ne parvient pas à être l'une de ces choses de manière efficace. Les tentatives d'humour semblent forcées et déplacées, surtout lorsqu'elles sont juxtaposées aux moments plus sérieux et dramatiques, qui sont eux-mêmes minés par le manque de profondeur émotionnelle. Les tentatives du film d'injecter un peu de cœur dans l'histoire, notamment à travers la relation entre Lilith et Tiny Tina, jouée par Ariana Greenblatt, tombent à plat en raison d'un développement de personnages médiocre et de dialogues qui sont plus gênants que touchants.

Ce qui déçoit le plus dans Borderlands, c'est la façon dont il gâche son potentiel. La série de jeux originale, même si elle n'est pas exempte de défauts, était appréciée pour son mélange unique d'humour, d'action et de style. Cette adaptation, cependant, ressemble à un attrape-nigaud cynique, conçu pour capitaliser sur la reconnaissance du nom de la marque sans aucune compréhension ou appréciation réelle de ce qui rendait les jeux spéciaux. Le résultat final est un film qui ne satisfait ni les fans des jeux, ni les cinéphiles en général.

Borderlands est un film frustrant et décousu. C'est une occasion manquée à presque tous les niveaux, du casting à la réalisation en passant par l'écriture. Ce qui aurait pu être un jeu amusant et irrévérencieux dans un univers coloré et chaotique est à la place un travail fastidieux qui a plus de chances d'aliéner les spectateurs que de les divertir. Pour un film basé sur une franchise connue pour son style énergique et exubérant, Borderlands est étonnamment terne et sans vie, bien loin de l'aventure pleine d'adrénaline et de butin que les fans auraient pu espérer. Sa mise en avant lors du San Diego Comic-con n’aura pas été suffisant pour faire de ce film un succès au cinéma.

Borderlands
Réalisé par Eli Roth
Écrit par Eli Roth, Joe Crombie
Histoire d'Eli Roth
Basé sur Borderlands de Gearbox Software
Produit par Avi Arad, Erik Feig
Avec Cate Blanchett, Kevin Hart, Jack Black, Edgar Ramírez, Ariana Greenblatt, Florian Munteanu, Gina Gershon, Jamie Lee Curtis
Cinématographie : Rogier Stoffers
Montage : Julian Clarke, Evan Henke
Musique : Steve Jablonsky
Sociétés de production : Media Capital Technologies, Arad Productions, Picturestart, Gearbox Studios, 2K
Distribué par Lionsgate (Etats-Unis), SND (France)
Dates de sortie : 6 août 2024 (TCL Chinese Theatre), 7 août 2024 (France), 9 août 2024 (États-Unis)
Durée : 102 minutes

Vu le 10 aout 2024 au Gaumont Disney Village, Salle 3 place A18

Note de Mulder: