Largo Winch : Le prix de l’argent

Largo Winch : Le prix de l’argent
Titre original:Largo Winch : Le prix de l’argent
Réalisateur:Olivier Masset-Depasse
Sortie:Cinéma
Durée:100 minutes
Date:31 juillet 2024
Note:
Depuis l’enlèvement brutal de son fils Noom, Largo Winch fait l’objet d’une impitoyable machination cherchant à l’anéantir et à détruire le groupe W. Pour faire éclater la vérité et retrouver son fils, Largo se lance dans une traque sans relâche. Des forêts canadiennes, en passant par Bangkok jusque dans les profondeurs des mines birmanes il ne sait pas encore qu’il devra faire face aux démons du passé.

Critique de Sabine

Largo Winch, l'héritier de l'empire financier du groupe W, revient au cinéma, toujours sous les traits de Tomer Sisley. C'est un retour réussi pour ce nouveau volet des aventures du play-boy milliardaire. Critique garantie sans spoiler.

Largo Winch, la couleur de l'argent est la troisième adaptation pour le grand écran de la BD créé par Jean Van Hamme, avec le dessinateur Philippe Francq. Le deuxième film fut un échec critique et au box-office. C'est donc une équipe belge qui reprend le flambeau. Si le cinéma belge est connu pour la qualité de son cinéma d'auteur, il montre ici qu'il possède les talents pour créer un blockbuster. Venu du cinéma d'auteur, le réalisateur Olivier Masset-Depassé (Duelles) adapte les tomes 13 et 14 de la bande dessinée, avec Giordano Gederlini, son co-scénariste de Duelles et Domenico La Porta. Venu du dessin, ce réalisateur a eu comme professeur le créateur de la BD.

Suite à l'enlèvement de son fils Noom, Largo Winch se lance à sa recherche à travers le globe, dans une aventure pleine de rebondissements. Des forêts canadiennes aux ruelles de Bangkok, et aux mines de Birmanie, les paysages sont exotiques, majestueux, impressionnants. Le film est fidèle à la BD. Le rythme est soutenu. La réalisation des scènes d'action est réussie. L'émotion est présente dans cette quête de LW pour retrouver son fils, sa difficulté d'être père. Le studio belge Benuts réalise les VFX.

Le réalisateur s'appuie sur un casting solide. Tomer Sisley est crédible en aventurier. James Franco l'est également en méchant. Les acteurs ont été entraîné par le réalisateur de cascades Jérôme Gaspard, avec comme référence la saga John Wick. Ils ont réalisé une grande partie des cascades et cela contribue au réalisme du film. Clotilde Hesme interprète l'assistante de Largo Winch. Enfin, Elise Tilloloy est la révélation du film. Elle joue avec une belle énergie le trublion du film et forme avec Tomer Sisley un duo épatant.

Avec Largo Winch, la couleur de l'argent, le réalisateur belge Olivier Masset-Depassé réussit un blockbuster taillé pour l'international, à voir sur grand écran.

Largo Winch : Le prix de l’argent
Réalisé par Olivier Masset-Depassé
Produit par Nathalie Gastaldo Godeau, Jacques-Henri Bronckart
Écrit par Olivier Masset-Depassé, Giordano Gederlini, Domenico La Porta, Jean Van Hamme
D'après l'œuvre de Jean Van Hamme, Philippe Francq
Avec Tomer Sisley, James Franco, Clotilde Hesme, Elise Tilloloy
Musique : Frédéric Vercheval
Directeur de la photographie :Glynn Speeckaert, Stéphane Vallée
Montage : Damien Keyeux
Sociétés de production : TF1 Films Production, Pan Européenne Production, Versus Production, RTBF, Voo-BE TV
Distribué par Pan Distribution (France)
Date de sortie : 31 juillet 2024 (France)
Durée : 100 minutes

Vu le 13 juin 2024 au Club Lincoln

Note de Sabine:

Critique de Mulder

Treize ans après la sortie du deuxième opus, Largo Winch 2, le milliardaire globe-trotteur fait son retour sur grand écran dans Largo Winch : Le prix de l’argent. Réalisé par Olivier Masset-Depasse, ce troisième volet de la saga était très attendu, surtout après le succès mitigé de son prédécesseur. Le défi pour ce film était non seulement de raviver l'intérêt pour la franchise, mais aussi de répondre aux attentes d'un public de plus en plus exigeant. Malheureusement, malgré certaines qualités, le film peine à convaincre et laisse une impression d'inachevé.

Le scénario du film est adapté des tomes 13 et 14 de la bande dessinée originale de Jean Van Hamme, intitulés Le prix de l’argent et La loi du dollar. L'intrigue suit Largo Winch, désormais père, qui doit affronter une conspiration complexe visant à détruire son empire financier. Dès le début du film, la disparation de son fils Noom lance Largo dans une course contre la montre pour le retrouver tout en déjouant les plans de ses ennemis. Si ce point de départ semble prometteur, il ne fait que répéter des schémas narratifs déjà vus dans les deux premiers films. La quête de vengeance, les menaces internes et externes au sein de l'entreprise, et le sauvetage de proches sont autant de thèmes déjà explorés. Cette redondance dans l'intrigue donne au film un sentiment de déjà-vu qui nuit à son impact​.

L'un des principaux problèmes de ce film réside dans la caractérisation des personnages. Largo Winch, bien que toujours interprété avec charisme par Tomer Sisley, ne parvient pas à évoluer de manière significative. Son rôle de père, qui aurait pu ajouter une nouvelle dimension émotionnelle au personnage, est traité de manière superficielle. Le film tente de faire de Largo un héros plus humain, aux prises avec des responsabilités familiales et des dilemmes moraux, mais ces aspects ne sont pas suffisamment développés pour toucher le spectateur. Les antagonistes, de leur côté, sont largement sous-exploités. James Franco, qui incarne le principal méchant, est cantonné à un rôle stéréotypé sans réelle profondeur. Son personnage, bien que joué avec conviction, n’apporte pas la menace ou la complexité nécessaires pour être mémorable​.

La réalisation d'Olivier Masset-Depasse, qui est plus habitué aux films d’auteur qu’aux blockbusters, montre ses limites dans ce contexte. Les scènes d'action, qui devraient être le point culminant du film, sont inégales. Certaines séquences, comme la course-poursuite sur une route enneigée, sont bien exécutées et parviennent à captiver, mais elles sont rares. La plupart du temps, la mise en scène manque de fluidité et de dynamisme, ce qui est particulièrement problématique pour un film qui se veut un thriller d'action. Le montage, quant à lui, laisse parfois à désirer, avec des transitions abruptes qui perturbent la compréhension de l'action. Cette faiblesse dans la réalisation est d'autant plus apparente lorsqu'on la compare à des franchises similaires comme James Bond ou Jason Bourne, qui maîtrisent parfaitement l'art de la scène d'action​.

Malgré ces défauts, Largo Winch : Le prix de l’argent présente aussi des qualités notables. Tomer Sisley reste indéniablement le cœur du film, et son engagement physique est impressionnant. Il réalise lui-même plusieurs cascades, montrant qu'il n'a rien perdu de son énergie et de son charisme depuis le premier film. Son interprétation réussit à maintenir l'intérêt, même lorsque le scénario ne suit pas. À ses côtés, Élise Tilloloy, qui incarne Bonnie, une jeune québécoise orpheline, apporte une fraîcheur bienvenue. Son personnage, bien que secondaire, parvient à injecter un peu d'émotion dans un film qui en manque cruellement. Cependant, le choix de faire jouer un personnage québécois par une actrice française reste discutable, notamment en ce qui concerne la crédibilité de l'accent et des spécificités culturelles​.

Un autre aspect intéressant du film est sa tentative d'aborder des thématiques contemporaines. En effet, Largo Winch : Le prix de l’argent traite de l'évolution des entreprises face aux défis environnementaux, ainsi que de la perception des milliardaires dans la société moderne. Ces sujets, pertinents et actuels, auraient pu donner au film une profondeur supplémentaire. Cependant, ils sont abordés de manière trop superficielle pour avoir un réel impact sur l'intrigue ou sur le développement des personnages. Par exemple, le suicide d'un directeur d'une filiale de Largo Winch, impliqué dans des projets d'énergie verte, aurait pu être un point de départ pour une réflexion plus poussée sur les responsabilités sociales des grandes entreprises, mais ce n'est jamais pleinement exploré​.

Largo Winch : Le prix de l’argent est un film qui oscille constamment entre le potentiel et l'inachèvement. Il tente de se positionner comme un blockbuster d'action à grand spectacle tout en abordant des thèmes sérieux et actuels, mais il échoue à pleinement réussir dans l'un ou l'autre domaine. La réalisation inégale, le scénario répétitif et les personnages sous-développés empêchent le film de vraiment s'élever au-dessus de la mêlée. Pour les fans de la franchise, il offre quelques moments de divertissement nostalgique, mais pour le public général, il est peu probable qu'il laisse une impression durable. Ce troisième volet pourrait bien marquer la fin de la saga cinématographique de Largo Winch, à moins qu’un prochain film ne parvienne enfin à exploiter pleinement le riche univers de la bande dessinée originale.

Largo Winch : Le prix de l’argent 
Réalisé par Olivier Masset-Depasse
Produit par Nathalie Gastaldo Godeau, Jacques-Henri Bronckart 
Écrit par Olivier Masset-Depasse ; Giordano Gederlini, Domenico La Porta
D'après l'œuvre de Philippe Francq
Avec Tomer Sisley, James Franco, Clotilde Hesme, Elise Tilloloy
Musique : Frédéric Vercheval     
Directeur de la photographie :Glynn Speeckaert, Stéphane Vallée
Montage : Damien Keyeux
Sociétés de production : TF1 Films Productio, Pan Européenne Production, Versus Production, RTBF, Voo-BE TV 
Distribué par Pan Distribution (France)
Date de sortie : 31 juillet 2024 (France)
Durée : 100 minutes

Vu le 10 aout 2024 au Gaumont Disney Village, Salle 15 place A19

Note de Mulder: