Winnie-the-Pooh : Blood and Honey 2

Winnie-the-Pooh : Blood and Honey 2
Titre original:Winnie-the-Pooh : Blood and Honey 2
Réalisateur:Rhys Frake-Waterfield
Sortie:Blu-ray
Durée:94 minutes
Date:04 septembre 2024
Note:
Au plus profond de la forêt des 100 acres, une rage destructrice s'empare de Winnie l'ourson, Porcinet, Hibou et Tigrou qui voient leur maison et leur vie menacées après que Christopher Robin a révélé leur existence. Ne voulant plus vivre dans l'ombre, le groupe décide de porter le combat jusqu'à la ville d'Ashdown, où habite Christopher Robin, laissant dans leur sillage une traînée sanglante de mort et de désordre. Winnie et ses amis sauvages montreront à tous qu'ils sont plus mortels, plus forts et plus intelligents qu'on ne pourrait l'imaginer et prendront leur revanche sur Christopher Robin, une fois pour toutes.

Critique de Mulder

Winnie-the-Pooh: Blood and Honey 2, réalisé par Rhys Frake-Waterfield et écrit par Matt Leslie, reprend la sombre réimagination des personnages bien-aimés de A.A. Milne avec un budget plus important et de plus grandes ambitions. Reprenant la suite du premier film, cette suite plonge plus profondément dans les éléments psychologiques et monstrueux de l'histoire, ramenant Christopher Robin (Scott Chambers) sur le devant de la scène alors qu'il est aux prises avec son passé traumatique et la menace persistante de ses amis d'enfance devenus des tueurs.

Le film s'ouvre sur Christopher Robin, devenu un paria dans la ville d'Ashdown, qui doit faire face aux retombées du massacre des Cent Acres. De nombreux habitants le tiennent pour responsable des décès, pensant qu'il a inventé l'histoire de créatures anthropomorphes meurtrières. La suite s'intéresse aux tentatives de Christopher pour surmonter son traumatisme, notamment lors de séances de thérapie qui révèlent des souvenirs refoulés et laissent entrevoir les origines de Winnie l’ourson et de sa bande.

Scott Chambers, qui reprend le rôle de Christopher Robin, livre une prestation convaincante qui constitue le point d'ancrage du film. Son interprétation saisit la vulnérabilité et la détermination du personnage, ce qui en fait une figure sympathique au milieu du chaos. Les acteurs secondaires, notamment Tallulah Evans dans le rôle de Lexy et Marcus Massey dans celui de l'inquiétant hibou, rehaussent également le film grâce à leurs solides performances. Thea Evans, dans le rôle de Bunny, la jeune sœur de Christopher, apporte une innocence glaçante qui contraste fortement avec la violence féroce du film.

Sur le plan visuel, Winnie-the-Pooh: Blood and Honey 2 bénéficie considérablement de son budget plus élevé. Les créatures dessinées par Shaune Harrison sont beaucoup plus sophistiquées et terrifiantes, transformant l'ourson, le porcelet, le hibou et le tigre en personnages véritablement cauchemardesques. Ces améliorations sont complétées par les effets spéciaux de Paula Anne Booker, qui créent une atmosphère constamment tendue et claustrophobe. Cependant, le film souffre d'un éclairage inégal, certaines scènes étant soit surexposées, soit frustrantes par leur obscurité, ce qui nuit à la cohérence visuelle d'ensemble. De la même manière on sent que le réalisateur n’a pas toujours les moyens financiers nécessaires pour mettre en scène certaines scènes comme celle de la tuerie massive lors d’une rave dans laquelle Winnie l’ourson se rend. 

La suite tente d'étendre l'univers introduit dans le premier film, en incorporant une histoire plus riche pour les personnages monstrueux. Elle fait allusion à un sombre secret du passé de Christopher, impliquant un scientifique et des expériences d'épissage d'ADN, établissant un parallèle avec les récits d'horreur classiques comme Frankenstein et L'île du docteur Moreau. Cette intrigue ajoute une couche de complexité et fournit une base plus solide aux éléments d'horreur. Cependant, l'exécution semble parfois décousue, le récit s'enlisant parfois dans l'exposition. De nouveau le réalisateur se heurte à un manque de moyen financier malgré son excellent concept. Malgré ces ambitions narratives, Winnie-the-Pooh: Blood and Honey 2 reste fermement ancré dans ses origines slasher. Le film comporte de nombreuses scènes sanglantes qui satisferont les fans du genre. Les scènes de meurtre sont inventives et brutales, utilisant des effets pratiques pour créer des moments vraiment horribles. La séquence de la rave, où l'ourson et Tigrou se déchaînent sur des fêtards sans méfiance, se distingue par son audace et son chaos sanguinolent.

Toutefois, le recours massif à la violence graphique dans le film, en particulier à l'encontre des femmes, continue de susciter la controverse. Les sous-entendus misogynes nuisent à l'expérience globale, ce qui fait qu'il est difficile d'approuver pleinement le film malgré ses améliorations techniques. Cet aspect du film semble dépassé et inutile, éclipsant les éléments plus novateurs de l'histoire.

L'un des aspects les plus intéressants du film est sa méta-narration. En reconnaissant le premier film comme une adaptation in-universe des expériences de Christopher, Winnie-the-Pooh: Blood and Honey 2 ajoute une couche de conscience de soi qui allège occasionnellement son ton autrement sinistre. Cette approche permet un commentaire intelligent sur la nature des histoires d'horreur et la marchandisation des traumatismes, bien qu'elle ne soit pas explorée aussi complètement qu'elle pourrait l'être.

La musique d'Andrew Scott Bell mérite une mention spéciale pour son rôle dans l'amélioration de l'atmosphère du film. La musique renforce efficacement la tension et complète les moments les plus sombres du film, contribuant à créer une expérience plus immersive. La cinématographie, lorsqu'elle n'est pas entravée par des problèmes d'éclairage, contribue également à l'esthétique sombre du film, avec des plans magnifiquement composés qui mettent en contraste la toile de fond sereine du Bois des Cent Acres avec les événements horribles qui s'y déroulent.

Malgré ces points forts, Winnie-the-Pooh: Blood and Honey 2 n'est pas exempt de défauts. Le scénario, bien que plus cohérent que celui de son prédécesseur, souffre toujours d'un manque de rythme et de dialogues parfois maladroits. Certains rebondissements de l'intrigue, en particulier ceux liés au passé de Christopher, semblent inventés et ne parviennent pas à provoquer le choc escompté. La tendance du film à se prendre trop au sérieux compromet le potentiel d'humour noir qui aurait pu rendre la prémisse absurde plus acceptable. On aurait aimé des clins d’œil plus appuyés aux shasher cultes comme Freddy 13th, Freddy Krueger et Leatherface.

Winnie-the-Pooh:  Blood and Honey 2 représente une amélioration significative par rapport à l'original en termes de qualité de production, de performances et de profondeur narrative. Cependant, son recours à la violence gratuite et son manque d'équilibre tonal l'empêchent de réaliser pleinement son potentiel. Le film réussit à repousser les limites de l'horreur en transformant des personnages d'enfance bien-aimés en figures de terreur, mais il met également en évidence les défis que pose le maintien d'un tel concept sur plusieurs épisodes. De plus le réalisateur est loin d’avoir le style des premiers de Sam Raimi et on aurait aimé des scènes d’horreur filmés avec plus d’originalité et moins vouloir ressembler à celles de Slashers des années 80. Alors que le réalisateur envisage d'étendre l'univers Winnie-the-Pooh , il ferait bien d'affiner sa narration et de trouver un meilleur équilibre entre l'horreur et l'humour noir.

Winnie-the-Pooh: Blood and Honey 2
Réalisé par Rhys Frake-Waterfield
Écrit par Matt Leslie
Histoire de Rhys Frake-Waterfield, Matt Leslie
D'après Winnie l'ourson de A. A. Milne, E. H. Shepard
Produit par Rhys Frake-Waterfield, Scott Jeffrey
Avec Scott Chambers, Tallulah Evans, Ryan Oliva, Teresa Banham, Peter DeSouza-Feighoney, Alec Newman, Simon Callow
Directeur de la photographie : Vince Knight
Montage : Dan Allen, Rhys Frake-Waterfield
Musique : Andrew Scott Bell
Sociétés de production : ITN Distribution, Jagged Edge Productions
Distribué par Altitude Film Distribution
Dates de sortie : 18 mars 2024 (Londres), 26 mars 2024 (États-Unis)
Durée : 94 minutes

Vu le 27 juin 2024 (VOD)

Note de Mulder: