Bird

Bird
Titre original:Bird
Réalisateur:Andrea Arnold
Sortie:Cinéma
Durée:119 minutes
Date:Non communiquée
Note:
À 12 ans, Bailey vit avec son frère Hunter et son père Bug, qui les élève seul dans un squat au nord du Kent. Bug n’a pas beaucoup de temps à leur consacrer et Bailey, qui approche de la puberté, cherche de l’attention et de l’aventure ailleurs.

Critique de Mulder

Andrea Arnold, la célèbre cinéaste britannique connue pour ses portraits crus et empathiques de vies marginalisées, revient au cinéma narratif avec Bird, un film qui mêle réalisme cru et réalisme magique pour créer une poignante histoire de passage à l'âge adulte. En suivant le parcours de Bailey, 12 ans, interprété par la nouvelle venue Nykiya Adams, Bird navigue dans les paysages tumultueux des foyers brisés, de la négligence de la société et de la recherche de liens.

Bailey vit dans un squat à Gravesend, dans le Kent, avec son père Bug (Barry Keoghan) et son demi-frère aîné Hunter (Jason Buda). Le film s'ouvre sur l'annonce du mariage imminent de Bug avec Kayleigh (Frankie Box), une décision qui déplaît à Bailey. Se sentant négligée et sans importance, Bailey se rebelle contre les plans de son père, manifestant sa frustration par de petits actes de défi, comme se couper les cheveux courts et s'appliquer de l'eye-liner foncé.

Le récit central se déroule sur une semaine, jusqu'au mariage de Bug. Pendant cette période, Bailey rencontre un mystérieux étranger nommé Bird (Franz Rogowski), dont le comportement fantaisiste et doux contraste fortement avec les dures réalités de sa vie. Bird, qui s'habille en jupe et possède une aura énigmatique, représente une forme de gentillesse et de compréhension dont Bailey a rarement fait l'expérience. Leur lien se développe au fur et à mesure qu'elles se lancent à la recherche des parents de Bird, perdus de vue depuis longtemps, un voyage qui fait écho à la propre quête de stabilité et d'amour de Bailey.

La collaboration d'Andrea Arnold avec le directeur de la photographie Robbie Ryan est une fois de plus un aspect remarquable du film. La caméra portée, légèrement instable, capture les moments intimes et souvent chaotiques de la vie de Bailey, tandis que les gros plans et les travellings créent un lien viscéral avec les émotions des personnages. Ce style visuel rejette le développement narratif conventionnel, soulignant que chaque image et chaque visage ont la même importance.

Barry Keoghan offre une performance nuancée dans le rôle de Bug, le dépeignant comme un père bien intentionné mais fondamentalement imparfait qui oscille entre une énergie chaotique et des moments d'attention sincère. L'interprétation de Keoghan évite la caricature et présente Bug comme un personnage complexe dont les actions sont motivées par un mélange d'immaturité et d'amour. Rogowski, quant à lui, apporte une présence magnétique et énigmatique à Bird, équilibrant le mystère avec un profond sens de la compassion.

Nykiya Adams brille dans le rôle de Bailey, le point d'ancrage émotionnel du film. Son interprétation saisit la force et la vulnérabilité d'une jeune fille qui navigue dans un monde souvent indifférent à ses luttes. La performance d'Adams est à la fois subtile et puissante, ancrant les éléments les plus fantastiques du film dans une humanité réaliste et réaliste.

Bird se distingue également par sa bande-son, composée de chansons comme Yellow de Coldplay et The Universal de Blur, qui renforcent le paysage émotionnel du film. Ces moments musicaux, ainsi que l'habileté d'Arnold à manier à la fois un réalisme cru et des moments de fantaisie magique, créent une expérience riche et immersive.

Malgré ses nombreux points forts, Bird n'est pas exempt de défauts. Le mélange de réalisme social et d'éléments de réalisme magique peut sembler décousu à certains spectateurs, et certains fils narratifs, comme l'intrigue secondaire impliquant Hunter et son groupe de justiciers, manquent de la profondeur nécessaire pour les intégrer pleinement à l'histoire. De plus, les éléments fantastiques du film, bien qu'intrigants, perturbent parfois le ton qui est par ailleurs bien ancré dans la réalité.

Bird est une exploration convaincante et compatissante de la résilience, de la connexion et de la recherche de sens dans l'adversité. Le retour d'Andrea Arnold à la réalisation de films narratifs réaffirme son talent à capturer la beauté et la brutalité de la vie quotidienne, et la performance remarquable de Nykiya Adams garantit que le voyage de Bailey restera dans la mémoire du spectateur longtemps après le générique. Si Bird n'atteint pas les mêmes sommets que les précédentes œuvres d'Arnold, telles que Fish Tank ou American Honey, il témoigne de sa capacité à créer des histoires profondément humaines qui résonnent à la fois sur le plan émotionnel et thématique.

Bird
Écrit et réalisé par Andrea Arnold
Produit par Lee Groombridge, Juliette Howell, Tessa Ross
Avec Barry Keoghan, Franz Rogowski
Cinématographie : Robbie Ryan
Montage : Joe Bini
Sociétés de production : BBC Film, BFI, Access Entertainment, House Productions, Ad Vitam, Arte France Cinéma, Ciné+, Canal+, FirstGen Content, Pinky Promise
Distribué par Ad Vitam Distribution (France), Mubi (Etats-Unis et Royaume-Uni)
Date de sortie : 16 mai 2024 (Cannes)
Durée : 119 minutes

Vu le 26 mai 2024 au Gaumont Opéra Premier, Salle 1

Note de Mulder: