Horizon, une saga américaine partie 1

Horizon, une saga américaine partie 1
Titre original:Horizon, an american saga, Part One
Réalisateur:Kevin Costner
Sortie:Cinéma
Durée:181 minutes
Date:03 juillet 2024
Note:
Sur une période de 15 ans avant et après la Guerre de Sécession. L'expansion vers l'Ouest est semée d'embûches qu'il s'agisse des éléments naturels, des interactions avec les peuples indigènes qui vivaient sur ces terres et de la détermination impitoyable de ceux qui cherchaient à les coloniser...

Critique de Sabine

Ce fut l'un des moments d'émotion du Festival de Cannes 2024 : les larmes de Kevin Costner après la projection de la première partie de sa saga Horizon. Le réalisateur-acteur a investi 50 millions de dollars de sa fortune personnelle pour financer cette histoire qu'il porte depuis des années. Le western est son genre de prédilection. En 1990, son premier film Danse avec les Loups retrace l'histoire d'un officier de la guerre de Sécession, muté dans un fort abandonné proche d'un village sioux, qui découvre les valeurs et les vertus de ce peuple. Cette épopée humaniste connaît un immense succès et remporte 7 Oscars. 

Horizon, une saga américaine comprend trois films, peut-être plus en fonction du box-office des premiers films. Kevin Costner écrit les scénarios au fur et à mesure. La première partie sort sur les écrans le 3 Juillet, la deuxième est programmée le 11 Septembre. La troisième partie est actuellement en tournage. L'histoire retrace la conquête de l'Ouest, sur une période de 15 ans, avant et après la guerre de Sécession.

Horizon partie 1 est un film à grand spectacle à voir sur grand écran, pour se plonger dans ses paysages de montagnes, de plaines, de désert. La reconstitution historique est soignée, tout comme les costumes, le maquillage, la coiffure. L'image est somptueuse. 

Cette saga raconte les destins de différents personnages: un convoi de pionniers vers la terre promise, nommée Horizon, une mère traquée par sa belle-famille, un groupe d'officiers, un groupe de survivants d'un massacre commis par les Indiens. Ces indiens se déchirent devant l'attitude à adopter face aux blancs. Point de manichéisme dans cette saga, mais une alternance de points de vue. Tous les personnages sont confrontés à la violence de cette conquête de territoires. 

Kevin Costner interprète un vieux cowboy, mutique, qui va sauver une prostituée (Jean Malone) et un orphelin. Son film comporte de nombreux rôles de femmes, avec notamment Sienna Miller en mère courage. Le casting est convaincant.

Cependant cette première partie ressemble à une longue exposition de trois heures, sans véritable développement de l'histoire, des personnages. Kevin Costner prend son temps. Il entrecroise certaines histoires. Les quelques scènes d'action sont réussies. Il réalise un film très classique dans sa forme. Se pose alors la question d'un film de trois heures dont le genre impose le grand écran, mais dont la trame, le nombre important de personnages, relèvent de la série, tout comme la fin du film qui est un montage de scènes à venir du prochain épisode. 

Mais voir un réalisateur investir sa fortune personnelle pour réaliser son rêve est si rare, que l'on ne peut que saluer ce geste cinématographique fort. Chapeau bas, l'artiste ! 

Horizon, une saga américaine partie 1  (Horizon, an american saga, Part One)
Réalisé par Kevin Costner
Produit par Kevin Costner
Écrit par Kevin Costner, Jon S. Baird
Avec Kevin Costner, Sienna Miller, Sam Worthington, Jean Malone, Owen Crow Shoe, Tatanka Means, Ella Hunt, Tim Guinee
Musique : John Debney
Directeur de la photographie : J. Michael Muro
Montage : Miklos Wright
Sociétés de production : New Line Cinema, Territory Pictures
Distribué par Metropolitan (France), Warner Bros (USA)
Date de sortie : 28 Juin 2024 (USA), 3 Juillet 2024 (France)
Durée : 181 minutes

Vu le 19 mai 2024 au Palais des Festivals et des Congrès de Cannes

Note de Sabine:

Critique de Mulder

Horizon, une saga américaine partie 1 (Horizon, an american saga, Part One) de Kevin Costner est une grande tentative de faire revivre le genre du western, mais malgré sa portée ambitieuse et ses images saisissantes, le film échoue sur presque tous les fronts. Présenté au Festival de Cannes, ce premier volet d'une série de quatre vise à explorer l'Ouest américain dans les années 1860, en se penchant sur l'impact de la guerre civile et de l'expansion vers l'Ouest sur les colons et les communautés amérindiennes. Cependant, la narration décousue du film, sa représentation problématique des Amérindiens et son recours excessif aux figure de style du western en font une expérience décevante qui peine à justifier ses ambitions épiques.

Dès le départ, Horizon, une saga américaine partie 1 (Horizon, an american saga, Part One)  tente de capturer la grandeur mythique de l'Ouest américain, un thème qui fascine Kevin Costner depuis longtemps. Kevin Costner, qui réalise, coécrit et joue dans le film, présente son personnage, Hayes Ellison, près d'une heure après le début du film. Bien que la performance de Kevin Costner soit acceptable, son personnage n'est guère plus qu'un héros de western standard - stoïque, robuste et moralement intègre. Hayes Ellison n'a aucune profondeur et le personnage ressemble à un écho superficiel des nombreux protagonistes de l'Ouest qui l'ont précédé.

Le film s'ouvre sur un raid brutal des Apaches contre une colonie dans la vallée de San Pedro, où le personnage de Sienna Miller, Frances Kittredge, survit de justesse avec sa fille Lizzie (Georgia MacPhail). Cette séquence, qui se veut choquante et intense, est au contraire profondément troublante dans sa représentation des Amérindiens comme des agresseurs violents et sans visage. Bien que le film tente d'offrir une vision plus nuancée des Apaches par la suite, ces efforts sont trop faibles et trop tardifs. Le mal est fait dès le départ, et la représentation que le film donne des peuples indigènes semble dépassée et insensible.

Visuellement, Horizon, une saga américaine partie 1 (Horizon, an american saga, Part One)  est indéniablement saisissant, grâce au travail du directeur de la photographie J. Michael Muro qui a su capturer les vastes paysages de la frontière américaine. Les paysages sont magnifiques, mais ils ne suffisent pas à porter un film qui est par ailleurs un gâchis confus. La musique de John Debney, bien que grandiose, semble souvent lourde, renforçant la tendance du film à se complaire dans la nostalgie plutôt que d'offrir quelque chose de nouveau ou d'excitant.

La structure narrative est peut-être la plus grande faiblesse du film. Horizon, une saga américaine partie 1 (Horizon, an american saga, Part One)  est rempli d'intrigues secondaires et de personnages, chacun avec sa propre histoire, mais la nature épisodique du film et les fréquents changements d'orientation font qu'il est difficile pour le public de s'investir pleinement dans l'une ou l'autre de ces intrigues. Le rythme est léthargique, et de longues parties du film donnent l'impression d'être du remplissage plutôt que des parties intégrantes de l'histoire. À la fin du film, il n'y a pas vraiment de résolution, ce qui laisse les spectateurs frustrés plutôt qu'impatients de découvrir le prochain chapitre.

Les performances sont mitigées. Sienna Miller livre une performance décente dans le rôle de Frances Kittredge, mais son personnage est relégué au rôle de veuve éplorée et d'intérêt amoureux potentiel pour le premier lieutenant Trent Gephardt de Sam Worthington. Sam Worthington fait ce qu'il peut avec le matériau, mais leur romance est artificielle et manque de poids émotionnel. Danny Huston, dans le rôle du colonel Houghton, et Michael Rooker, dans celui du sergent-major Riordan, sont solides dans leurs rôles, mais comme beaucoup de personnages du film, ils n'ont pas grand-chose à faire, si ce n'est servir d'éléments de l'intrigue.

L'un des problèmes les plus importants de Horizon, une saga américaine partie 1 (Horizon, an american saga, Part One)  est le traitement des personnages amérindiens. Alors que Costner a l'habitude d'aborder les questions relatives aux Amérindiens dans ses films, Horizon, une saga américaine partie 1 (Horizon, an american saga, Part One)  ne parvient pas à en donner une représentation équilibrée et respectueuse. Les Apaches, menés par Pionsenay (joué par Owen Crow Shoe) et Taklishim (joué par Tatanka Means), sont d'abord présentés comme des méchants unidimensionnels. Le film n'évoque que brièvement leurs motivations, mais ces moments sont éclipsés par les premières représentations de la violence, de sorte qu'il est difficile de les considérer comme autre chose que des obstacles pour les colons blancs.

La structure du film exacerbe ses autres problèmes. Avec ses multiples intrigues qui se croisent rarement de manière significative, Horizon, une saga américaine partie 1 (Horizon, an american saga, Part One)  ressemble plus à une collection de vignettes vaguement connectées qu'à un récit cohérent. Ce manque de concentration donne au film une impression d'absence de but, et les changements fréquents entre les intrigues secondaires ne font qu'ajouter à la confusion. Le film se termine par un montage de scènes du chapitre suivant, qui ressemble plus à une tentative désespérée de maintenir l'intérêt du public qu'à une conclusion satisfaisante.

La mise en scène de Kevin Costner est peu inspirée. Horizon, une saga américaine partie 1 (Horizon, an american saga, Part One) est rempli de clichés de western qui ont déjà été utilisés à l'envi : le noble cow-boy, la demoiselle en détresse, la fusillade épique. Cependant, ces éléments ne sont pas traités avec la fraîcheur nécessaire pour trouver un écho auprès du public contemporain. Le dialogue, coécrit par Costner et Jon Baird, est souvent plat et manque de la vivacité et de l'esprit qui auraient pu rehausser le film.

Dans l'ensemble, Horizon, une saga américaine partie 1 (Horizon, an american saga, Part One) est un film visuellement impressionnant mais narrativement imparfait, qui n'est pas à la hauteur de ses ambitions épiques. L'amour de Kevin Costner pour le genre western est évident, mais la dépendance du film à des tropes fatigués, sa structure décousue et sa représentation problématique des Amérindiens en font une entrée décevante dans sa filmographie. Bien qu'il y ait des moments de potentiel, en particulier dans la représentation du paysage américain, ceux-ci sont éclipsés par les nombreux défauts du film. En tant que premier chapitre d'une saga plus vaste, Horizon, une saga américaine partie 1 (Horizon, an american saga, Part One) prépare le terrain pour ce qui pourrait être un voyage épique, mais il ne laisse que peu d'espoir que les prochains volets offrent quelque chose de plus satisfaisant.

Horizon, une saga américaine partie 1 (Horizon, an american saga, Part One)
Réalisé par Kevin Costner
Produit par Kevin Costner
Écrit par Kevin Costner, Jon S. Baird
Avec Kevin Costner, Sienna Miller, Sam Worthington, Jean Malone, Owen Crow Shoe, Tatanka Means, Ella Hunt, Tim Guinee
Musique : John Debney
Directeur de la photographie : J. Michael Muro
Montage : Miklos Wright
Sociétés de production : New Line Cinema, Territory Pictures
Distribué par Metropolitan (France), Warner Bros (USA)
Date de sortie : 28 Juin 2024 (USA), 3 Juillet 2024 (France)
Durée : 181 minutes

Vu le 9 juillet 2024 au Gaumont Disney Village, Salle 16 place A18

Note de Mulder: