Titre original: | Sous la Seine |
Réalisateur: | Xavier Gens |
Sortie: | Netflix |
Durée: | 101 minutes |
Date: | 05 juin 2024 |
Note: |
Sous la Seine de Xavier Gens n'est rien de moins qu’une réussite indéniable dans le domaine des films d'horreur sur les requins. De son scénario captivant à ses effets spéciaux remarquables en passant par ses excellentes performances, ce film mérite réellement d’être découvert et on regrette de ne pas avoir pu le découvrir au cinéma sur un immense écran tant il s’apparente à un blockbuster français. Le film s'impose fièrement comme le meilleur film sur les requins depuis le film culte de Steven Spielberg Les dents de la mer (Jaws), revigorant un genre qui a connu de nombreux imitateurs, mais peu de véritables innovateurs.
Le film s'ouvre sur une séquence se déroulant dans l'océan Pacifique, où l'on nous présente la biologiste marine Sophia, interprétée avec une profondeur remarquable par la superbe Bérénice Béjo. La scène est captivante, mettant en scène la rencontre de l'équipe de Sophia avec l'énorme requin Lilith. Cette rencontre n'est pas qu'une scène d'action anodine ; c'est un moment crucial qui donne le ton émotionnel et narratif pour le reste du film. La tension est palpable lorsque Sophia regarde avec horreur son équipe, y compris son mari, tomber sous les coups de Lilith. Cette séquence est un véritable coup de poing visuel et émotionnel, qui démontre la capacité de Gens à mêler l'action à une narration profonde, axée sur les personnages. Elle met également en exergue les dangers de la pollution et du non respect de l’environnement naturel
Le voyage de Sophia est au cœur du film Sous la Seine. Bérénice Béjo livre dresse le portrait d'une femme hantée par un traumatisme passé, mais animée d'une détermination solide à protéger les autres du même sort. L'évolution de son personnage, d'une survivante réticente à une héroïne proactive, est à la fois crédible et inspirante. L'interprétation de Bérénice Béjo est pleine de subtilité et de force, faisant de Sophia une protagoniste mémorable et attachante. Elle nous rappelle en quelque sorte celui de Sigourney Weaver dans Alien (1979) de Ridley Scott.
Le casting du film Sous la Seine est tout simplement parfait. Nassim Lyes (déjà vu dans le précédent film de Xavier Gens) apporte une intensité solide au rôle d'Adil, le policier du fleuve, dont le pragmatisme et la bravoure font de lui une contrepartie convaincante au voyage émotionnel de Sophia. L'interprétation de Mika, une activiste passionnée, par Léa Léviant, ajoute une couche supplémentaire au récit, soulignant les motivations souvent complexes et parfois contradictoires de la lutte contre la destruction de l'environnement. Les acteurs secondaires, dont Sandra Parfait, Aksel Ustun et Anne Marivin, offrent des performances solides qui enrichissent l'histoire et donnent de la profondeur à l'ensemble.
Les effets spéciaux constituent l'un des points forts du film. La représentation de Lilith, le requin, est une réussite de mélange de CGI, de VFX et d'effets pratiques. Xavier Gens utilise judicieusement une approche qui consiste à en faire moins, en gardant le requin dans l'ombre pendant la majeure partie du film, ce qui ne fait qu'accroître le sentiment d'effroi et d'anticipation. Il se révèle être un élève surdoué de Steven Spielberg en suivant ses traces mais également à compris ce qui se doit d’être un film de requins et non une pale copie manquant d’originalité.
Lorsque Lilith apparaît en pleine lumière, l'impact est profond. La créature est à la fois majestueuse et terrifiante, véritable incarnation de la fureur de la nature. Les scènes sous-marines sont filmées à la perfection, la séquence des catacombes étant particulièrement marquante. Cette scène, qui se déroule dans les tunnels labyrinthiques sous Paris, est un moment palpitant et claustrophobique qui ne manquera pas de retenir l'attention du public. On ressent une véritable claustrophobie palpable à l’écran.
Sous la Seine est plus qu'un simple film de créatures, c'est un film au message puissant. Faisant le parallèle avec Les Dents de la mer, le film critique l'apathie politique à l'égard de la sécurité publique et des questions environnementales. Lilith, le requin, n'est pas seulement un prédateur sans cervelle, mais un symbole de la colère de la nature contre l'irresponsabilité humaine. Cette métaphore est tissée tout au long du récit, ce qui rend le film aussi stimulant que passionnant. L'accent mis par le film sur le changement climatique et la dégradation de l'environnement est opportun et poignant, ajoutant une couche de profondeur qui l'élève au-dessus des films de genre typiques. On pourrait aisément faire un parallèle avec le film Piranha 3D d’Alexandre Aja par la violence de certaines scènes et le grand soin apporté aux effets spéciaux et à un casting solide.
Les séquences d'action de Sous la Seine sont méticuleusement conçues, offrant un mélange parfait d'horreur et d'excitation. Le film tire pleinement parti de son cadre unique, mettant en scène des confrontations dramatiques contre des monuments parisiens emblématiques tels que la Tour Eiffel et la Seine. Ces séquences ne sont pas seulement impressionnantes sur le plan visuel, elles font également partie intégrante de l'histoire, faisant avancer le récit à un rythme implacable. La photographie de Nicolas Massart est remarquable, capturant la beauté et le danger du monde sous-marin avec une clarté stupéfiante.
Le rythme est un autre point fort du film. Des scènes d'ouverture intenses à l'apogée éprouvante et qui tient toute ses rpromesse, Sous la Seine maintient un rythme régulier qui capte l'attention du spectateur. La musique complète parfaitement le ton du film, renforçant le suspense et le poids émotionnel de chaque scène. Le scénario, coécrit par Yael Langmann, Olivier Torres et Yannick Dahan, est étroitement construit, équilibrant le développement des personnages avec l'action et l'exploration thématique.
L'engagement du film pour le réalisme et le détail est évident dans chaque image. La photographie sous-marine est particulièrement remarquable, capturant la beauté sinistre des tunnels parisiens submergés et la présence terrifiante de Lilith avec autant de talent. Les effets pratiques et les cascades sont également impressionnants, ajoutant un sentiment tangible de danger et d'authenticité aux scènes d'action.
Les performances de l'ensemble de la distribution sont uniformément excellentes. Chaque acteur donne vie à son personnage avec authenticité et intensité. Anne Marivin, en particulier, se distingue dans son rôle de personnage politiquement motivé dont les décisions exacerbent la crise. Son interprétation est à la fois exaspérante et fascinante, ajoutant une nouvelle couche de complexité au récit. Le dévouement et la physicalité requis pour les scènes sous-marines sont dignes d'éloges et témoignent de l'engagement des acteurs dans leur rôle.
Sous la Seine est à ce jour l’un des meilleurs films de Xavier Gens qui établit une nouvelle norme pour les films d'horreur sur les requins. Il combine une histoire captivante, des performances exceptionnelles et des effets spéciaux à couper le souffle pour créer une expérience visuelle inoubliable. En abordant des questions contemporaines à travers son récit, il trouve un écho profond auprès du public moderne. Pour les fans de films de requins et de thrillers, Sous la Seine est un film à ne pas manquer. Ce n'est pas seulement le meilleur film sur les requins depuis Les Dents de la mer ; c'est aussi un rappel puissant de l'impact des actions humaines sur le monde naturel et du besoin urgent de changement. Enfin en plaçant l’action pendant une épreuve des jeux olympiques et montrant les difficultés de la mairie de Paris de rendre la Seine propres, le film renforce sa puissance et nous donne sacrément envie d’avoir une suite comme ce fut le cas pour Les dents de la mer (Jaws) de Steven Spielberg.
Sous la Seine
Réalisé par Xavier Gens
Produit par Sébastien Auscher
Écrit par Yannick Dahan, Xavier Gens, Maud Heywang, Yaël Langmann
Avec Bérénice Bejo, Nassim Lyes, Anne Marivin, Aurélia Petit
Musique : Alex Cortès, Anthony d'Amario, Edouard Rigaudière
Directeur de la photographie: Nicolas Massart
Montage : Riwanon Le Beller
Sociétés de production : Netflix
Distribué par Netflix
Date de sortie : 5 juin 2024 (France)
Durée : 101 minutes
Vu le 3 juin 2024 (screener presse Netflix)
Note de Mulder: