Titre original: | Parthenope |
Réalisateur: | Paolo Sorrentino |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 136 minutes |
Date: | Non communiquée |
Note: |
Le film Parthenope de Paolo Sorrentino, récemment acquis par A24, a laissé les spectateurs perplexes après sa projection à Cannes. Ce film, souvent décrit comme vide et plat, ressemble davantage à une publicité glamour entrecoupée de réflexions faussement philosophiques. L'intrigue suit Parthénope (Celeste Dalla Porta), réputée pour être la plus belle femme du monde, née dans la mer au large de Naples en 1950. Le récit explore sa jeunesse, sa quête du bonheur, son amour pour Naples et ses succès académiques. Cependant, le message de Sorrentino demeure ambigu.
Gary Oldman fait une apparition dans le rôle de John Cheever, un écrivain alcoolique, rappelant son personnage dans Mank. De nombreux personnages convoitent Parthénope, y compris son frère, qui se suicide en raison de son désir inaccessible pour elle. Bien que la beauté de Celeste Dalla Porta justifie son rôle central, l'accent excessif sur son attrait devient insupportable, transformant Sorrentino en une parodie de lui-même. La photographie luxuriante, l'obsession pour les belles personnes et une narration sans intrigue caractérisent le film. Malgré des images vibrantes, les 136 minutes manquent de profondeur, rendant Parthenope typique de Sorrentino mais sans substance.
Rappelant Malèna de Giuseppe Tornatore, Parthenope raconte l'histoire d'une femme incroyablement belle qui fait tourner les têtes. Contrairement au film de Tornatore, Sorrentino épargne à son héroïne des expériences humiliantes, bien que sa vie soit marquée par la tragédie. Née en 1950 dans la mer napolitaine, Parthénope partage un lien malsain avec son frère aîné Raimondo (Daniele Rienzo), dont les sentiments tourmentés pourraient découler d'une homosexualité latente ou d'un désir incestueux.
Consciente de son charme, Parthénope manipule les hommes, dont Sandrino (Dario Aita), bien que son cœur appartienne à l'inaccessible John Cheever (Gary Oldman). Les expériences de Parthénope sont oniriques et parfois grotesques, reflétant une influence lynchienne. Flora Malva (Isabella Ferrari), défigurée par une opération chirurgicale ratée, sert de mentor à Parthénope et lui présente Greta Cool (Luisa Ranieri), une star déchue. Le film culmine avec des rencontres bizarres, créant une atmosphère surréaliste.
Malgré des interactions peu convaincantes, notamment avec Roberto (Marlon Joubert), Dalla Porta brille par sa performance. Paolo Parthenope est un spectacle visuel, avec des images obsédantes de Naples et de Capri réalisées par Daria D'Antonio et une musique jazzy de Lele Marchitelli. Le film se termine en 2023, mettant en lumière les succès académiques de Parthénope et son lien avec son mentor, Marotta. Cependant, le manque d'autoréflexion banalise le voyage, offrant peu de perspectives sur les leçons apprises par Parthénope.
Parthenope est un film visuellement éblouissant mais peu profond. Malgré la photographie de D'Antonio et les costumes de Carlo Poggioli, le film manque de profondeur émotionnelle. La protagoniste, nommée d'après la sirène légendaire, devient une femme d'une beauté envoûtante, semant le trouble autour d'elle. Le film, peu cohérent, dérive à travers des événements épisodiques et souvent salaces. Les dialogues et les réflexions philosophiques n'arrivent pas à capter l'attention, rendant le film répétitif et analytique.
Celeste Dalla Porta offre une performance convaincante, mais le scénario lui permet rarement de réagir significativement à son environnement. Oldman et Orlando sont remarquables, bien que leurs personnages soient sous-exploités. La narration centrée sur une femme, une nouveauté pour Sorrentino, tombe dans le piège de la fétichisation excessive. Malgré son attrait visuel, Parthenope semble recycler les thèmes précédents de Sorrentino, manquant de résonance émotionnelle pour laisser un impact durable.
Parthenope est aussi un essai solennel sur le pouvoir et le destin tragique de la beauté. Se déroulant à Naples entre 1968 et 1975, avec un prologue en 1950 et un épilogue en 2023, le film se concentre sur Parthénope, dont la beauté stupéfiante cause la dévastation de son entourage. Malgré son talent et son intelligence, sa beauté devient un fardeau, la menant à une vie de solitude. Les interprétations de John Cheever par Gary Oldman et de Stefania Sandrelli dans le rôle de Parthénope plus âgée ajoutent de la profondeur, mais les superbes images du film sont gâchées par des dialogues maladroits et des conflits trop lourds. L'inclusion arbitraire de scènes de fans de Naples célébrant le scudetto de 2023 souligne le style capricieux de Paolo Sorrentino.
Parthenope est le deuxième hommage consécutif de Paolo Sorrentino à Naples, après La Main de Dieu. Malgré des aspects artisanaux exquis, le protagoniste devient de plus en plus distant et énigmatique. Le film commence par une séquence opulente et se termine sur une note poignante, avec Stéfania Sandrelli redécouvrant la joie de l'enchantement. Cependant, le récit devient de plus en plus obscur et moins captivant au fil du temps. Le penchant de Paolo Sorrentino pour les images extravagantes et les dialogues fleuris éclipse souvent le cœur émotionnel de l'histoire. Malgré la splendeur visuelle, Dalla Porta peine à construire un personnage attachant à partir d'un scénario trop axé sur l'esthétique. La résonance émotionnelle du film n'est retrouvée que dans ses derniers instants, mais à ce moment-là, il est trop tard.
Parthenope
Écrit et réalisé par Paolo Sorrentino
Produit par Lorenzo Mieli, Ardavan Safaee, Paolo Sorrentino, Anthony Vaccarello
Avec Celeste Dalla Porta, Stefania Sandrelli, Gary Oldman, Silvio Orlando, Luisa Ranieri, Peppe Lanzetta, Isabella Ferrari
Directeur de la photographie : Daria D'Antonio
Montage : Cristiano Travaglioli
Musique : Lele Marchitelli
Sociétés de production : The Apartment Pictures, Pathé
Distribué par PiperFilm (Italie ; via Warner Bros. Entertainment Italia), Pathé Distribution (France)
Date de sortie : 21 mai 2024 (Cannes)
Durée : 136 minutes
Vu le 26 mai 2024 au Gaumont Opéra Premier, Salle 1
Note de Mulder: