When the Light Breaks

When the Light Breaks
Titre original:Ljosbrot
Réalisateur:Runar Runarsson
Sortie:Cinéma
Durée:82 minutes
Date:18 décembre 2024
Note:
Le jour se lève sur une longue journée d’été en Islande. D’un coucher de soleil à l’autre, Una une jeune étudiante en art, rencontre l’amour, l’amitié, le chagrin et la beauté.

Critique de Mulder

When the Light Breaks (Ljósbrot), réalisé par le talentueux cinéaste islandais Rúnar Rúnarsson, est une exploration profondément touchante du chagrin, de la perte et des liens inattendus qui se créent à la suite d'une tragédie. Le film a pour toile de fond la ville de Reykjavik, en Islande, et se déroule au cours d'une seule journée éprouvante qui change à jamais la vie de ses jeunes personnages. Au cœur du récit se trouve une relation secrète et passionnée entre Una, étudiante en art, interprétée par Elín Hall, et Diddi, interprété par Baldur Einarsson. Leur relation est clandestine parce que Diddi a toujours une relation avec sa petite amie de longue date, Klara, incarnée par Katla Njálsdóttir. À la veille de leur projet d'avenir commun, Diddi promet de rompre avec Klara. Cependant, le destin intervient cruellement lorsqu'un incendie catastrophique dans un tunnel coûte la vie à Diddi, plongeant Una dans un tourbillon de chagrin qu'elle doit cacher à tout le monde, sauf au frère de Diddi, Gunni, interprété par Mikael Kaaber.

La réalisation de Rúnar Rúnarsson se caractérise par une approche subtile, presque chuchotée, de la narration, qui permet à la crudité du chagrin de s'infiltrer dans chaque image. Le film saisit méticuleusement les détails de la perte, transformant des moments ordinaires en expressions profondes du chagrin et de la nostalgie. Cette approche est magnifiquement complétée par la cinématographie de Sophia Olsson, dont l'utilisation de la lumière et de l'ombre crée une symphonie visuelle qui souligne les troubles émotionnels des personnages. Les compositions d'Olsson soulignent souvent l'isolement et la solitude des personnages, en particulier dans les scènes filmées de loin, où les vastes paysages islandais semblent éclipser les personnages, soulignant leur solitude au milieu de la ville animée.

La performance d'Elín Hall dans le rôle d'Una est tout simplement extraordinaire. Elle donne une leçon magistrale d'émotion contenue, avec sa lutte intérieure qui apparaît clairement même dans les moments de silence. L'interprétation d'Una est brute et viscérale, rendant sa douleur palpable par le public. Ses interactions avec Klara, interprétée par Katla Njálsdóttir, évoluent de la tension et du ressentiment initiaux à une camaraderie réticente, alors que les deux femmes naviguent dans leur deuil commun. Njálsdóttir brille également dans son rôle, apportant profondeur et nuances à Klara, dont le processus de deuil est tout aussi fascinant. L'alchimie entre Hall et Njálsdóttir est l'un des éléments les plus forts du film, car elle souligne l'exploration du film sur la façon dont la perte peut forger des liens inattendus et significatifs.

Le récit est également enrichi par une observation fine de la culture des jeunes, en particulier au sein de la communauté artistique. Les jeunes personnages, avec leurs coupes de cheveux expérimentales et leur ouverture d'esprit, incarnent un esprit de défi face aux expressions traditionnelles du deuil. Ils cherchent le réconfort les uns dans les autres, leurs expériences partagées formant une tapisserie de soutien et de compréhension. Cet aspect communautaire du deuil est dépeint de manière poignante dans les scènes où ils se réunissent pour boire, danser et évoquer Diddi, créant ainsi une représentation viscérale du pouvoir cathartique du chagrin partagé. Ces moments sont empreints d'authenticité, capturant la complexité de la vie de jeune adulte et l'impact profond de la perte d'un ami à un moment si formateur de leur vie.

La décision de Rúnar Rúnarsson d'éviter le mélodrame flagrant au profit d'une approche plus introspective témoigne de sa maturité en tant que cinéaste. Au lieu de s'appuyer sur des confrontations dramatiques, le film se concentre sur les luttes internes de ses personnages, ce qui permet au public de s'identifier à leur douleur à un niveau plus profond. Cette approche est payante, faisant de When the Light Breaks une étude profondément émouvante de la résilience humaine. La partition musicale du film, composée par le regretté Jóhann Jóhannsson, ajoute une couche éthérée au récit, renforçant sa profondeur émotionnelle. L'utilisation d'Odi et Amo de Jóhannsson est particulièrement percutante, car elle rappelle de manière obsédante la nature durable de l'amour et de la perte.

Malgré ses thèmes sombres, le film n'est pas dépourvu de moments d'espoir. L'évolution de la relation entre Una et Klara, ainsi que le soutien indéfectible de leurs amis, suggèrent que même dans les moments les plus sombres, il existe un potentiel de guérison et de connexion. Ce message est magnifiquement résumé dans les dernières scènes du film, où les personnages trouvent un semblant de paix au milieu de leur chagrin. Les derniers instants, où Una et Klara regardent le soleil se coucher à l'horizon, symbolisent un nouveau départ, une lueur d'espoir que la vie continue malgré la douleur de la perte.

Les performances des acteurs secondaires, notamment Mikael Kaaber dans le rôle de Gunni, Gunnar Hrafn Kristjánsson dans celui de Siggi et Ágúst Wigum dans celui de Bassi, ajoutent de la profondeur au récit. Ces personnages constituent un réseau de soutien pour Una et Klara, et leurs interactions ajoutent des couches à l'exploration du deuil et de l'amitié. La camaraderie entre les amis est dépeinte avec un sentiment d'authenticité, illustrant la façon dont les jeunes s'unissent face à la tragédie.

When the Light Breaks de Rúnar Rúnarsson est un film visuellement époustouflant et d'une grande résonance émotionnelle, qui offre une représentation nuancée du deuil et des liens inattendus qu'il peut susciter. Le traitement délicat du sujet par Rúnarsson, associé à des performances puissantes et à une cinématographie à couper le souffle, fait de ce film une expérience cinématographique poignante et inoubliable. Le film n'explore pas seulement les profondeurs de la perte personnelle, mais célèbre également la force durable de l'esprit humain face à une tragédie inimaginable. Pour tous ceux qui ont connu la douleur de la perte d'un être cher, When the Light Breaks est un film qui résonnera profondément, offrant à la fois un réconfort et un rappel de l'importance de la communauté et des liens pour surmonter le chagrin.

When the Light Breaks (Ljósbrot)
Écrit et réalisé par Rúnar Rúnarsson
Produit par Rúnar Rúnarsson, Heather Millard
Avec Elín Hall, Baldur Einarsson, Katla Njálsdóttir, Mikael Kaaber, Ágúst Wigum, Gunnar Hrafn Kristjánsson 
Musique : Kjartan Sveinsson
Directeur de la photographie : Sophia Olsson
Montage : Andri Steinn Guðjónsson
Sociétés de production : Compass Films, MP Film, Eaux Vives Productions, Halibut, Jour2Fête, Revolver Amsterdam
Date de sortie : 15 mai 2024 (Cannes), 18 décembre 2024 (France)
Durée du film : 82 minutes

Vu le 24 mai 2024 au Gaumont Opéra Premier, Salle 1

Note de Mulder: