Les intrus

Les intrus
Titre original:The Strangers : Chapter 1
Réalisateur:Renny Harlin
Sortie:Cinéma
Durée:91 minutes
Date:15 mai 2024
Note:
En route pour commencer une nouvelle vie dans le nord-ouest du Pacifique, la voiture d'un couple tombe en panne dans l'Oregon, et ils sont forcés de passer la nuit dans un Airbnb isolé où ils sont séquestrés du crépuscule à l'aube par trois étrangers masqués.

Critique de Mulder

Les intrus (The Strangers : Chapter 1) de Renny Harlin tente de relancer et de faire revivre le classique de l'horreur de 2008 The Strangers, réalisé à l'origine par Bryan Bertino. Le film de 2008 était un thriller éprouvant sur une invasion de domicile qui a captivé le public par sa tension brute et son atmosphère sombre. Malheureusement, le remake de Renny Harlin, qui constitue le premier volet d'une trilogie prévue, peine à justifier son existence, offrant au final une expérience terne et peu inspirée.

L'histoire suit Maya (Madelaine Petsch) et Ryan (Froy Gutierrez), un couple de Chicago qui se rend à Portland pour l'entretien d'embauche de Maya. Leur voyage prend une tournure sombre lorsque leur voiture tombe en panne dans une petite ville hostile. Le couple finit par passer la nuit dans un Airbnb isolé, où ils rencontrent bientôt trois intrus masqués qui les terrorisent. Cette configuration reflète la prémisse du film original, mais ne parvient pas à injecter de nouveaux rebondissements ou d'innovations.

Madelaine Petsch, connue pour son rôle dans Riverdale, joue le rôle principal de Maya. Petsch livre une performance louable, parvenant à injecter de l'énergie et de l'émotion dans son personnage. Son interprétation de la peur et de la vulnérabilité est remarquable et constitue l'un des rares points positifs du film. Le Ryan de Froy Gutierrez, en revanche, est moins convaincant. Le scénario ne lui donne que peu d'éléments pour travailler, ce qui donne un personnage sous-développé et fade.

L'un des principaux problèmes de Les intrus (The Strangers : Chapter 1) est le manque de profondeur des personnages. Contrairement aux protagonistes du film de 2008, qui étaient profondément attachants et dont la peur était palpable, Maya et Ryan sont unidimensionnels. Il est donc difficile pour le public de s'investir dans leur survie, ce qui est crucial pour un film de ce genre.

Renny Harlin, autrefois un poids lourd d'Hollywood avec des films comme Die Hard 2 et Cliffhanger, semble ici hors de son élément. Le film original The Strangers a été salué pour sa tension claustrophobique et son atmosphère inquiétante. Le remake de Renny Harlin, cependant, ressemble à l'ombre de son prédécesseur. Le film est gâché par des montages incohérents et un manque de cohérence spatiale, en particulier lors des scènes qui se déroulent dans les bois. Ces séquences sont confuses et empêchent le public de suivre l'action.

L'esthétique du film souffre également d'un manque d'originalité. Les intrus masqués, qui portent le même sac en toile de jute, le même masque de nuisette et le même masque de pin-up que dans le film original, n'évoquent pas le même sentiment d'effroi. Leur présence ressemble plus à un hommage bon marché qu'à une réinterprétation originale. De plus, la mise en scène de Renny Harlin n'a pas la subtilité et la finesse que Bryan Bertino avait apportées à l'original. Alors que le film de Bertino était un chef-d'œuvre de construction de la tension par le silence et l'immobilité, l'effort de Harlin semble forcé et dérivé.

Le scénario d'Alan R. Cohen et Alan Freedland ne parvient pas à insuffler une nouvelle vie à l'histoire. L'intrigue suit de près les rythmes du film original, mais sans aucun suspense ni innovation. Le scénario n'a pas la finesse et la profondeur psychologique qui ont rendu le film de 2008 si captivant. Le dialogue est souvent guindé et banal, et les points de l'intrigue semblent recyclés et prévisibles.

L'une des plus grandes déceptions est l'incapacité du film à créer une véritable tension. Le film original The Strangers créait sans relâche une atmosphère oppressante et suffocante. En revanche, Les intrus (The Strangers : Chapter 1) n'a pas le même niveau d'intensité. Les frayeurs sont télégraphiées et s'appuient largement sur des jump scares bon marché plutôt que sur un sentiment d'effroi durable.

La photographie de José David Montero est convenable mais peu inspirée. Le style visuel du film ne le différencie guère des innombrables autres films d'horreur. L'utilisation de l'éclairage et des ombres, qui était si efficace dans l'original, est ici piétonne. Il y a bien quelques moments où les intrus masqués sont cadrés d'une manière qui laisse entrevoir la menace qu'ils devraient véhiculer, mais ces moments sont fugaces et n'ont pas l'impact nécessaire pour laisser une impression durable.

Le cadre du film, un Airbnb isolé dans les bois, a le potentiel d'être profondément troublant. Cependant, Renny Harlin et son équipe ne parviennent pas à l'exploiter pleinement. La maison, qui devrait être considérée comme un personnage à part entière, est sous-utilisée. L'absence d'une disposition spatiale cohérente nuit à l'impression de claustrophobie et d'enfermement que le film original avait su si bien créer.

L'un des principaux défauts de The Strangers : Chapitre 1 est son rythme. Le film met trop de temps à établir sa prémisse et ses personnages, et lorsque les éléments d'horreur se mettent enfin en place, ils manquent de l'urgence et de l'intensité nécessaires. Plusieurs séquences sont si mal montées qu'on ne sait plus très bien ce qui se passe à l'écran. Ce manque de cohérence perturbe le déroulement du film et réduit le potentiel de suspense.

La longue séquence dans les bois est un point faible particulier. Le manque de cohérence spatiale fait qu'il est difficile de suivre les mouvements des personnages, ce qui rend l'expérience visuelle confuse et frustrante. Dans l'ensemble, le montage du film semble précipité et désordonné, ce qui met encore plus en évidence le manque de soin et d'attention aux détails.

L'un des aspects les plus obsédants du film original était sa représentation nihiliste de la violence aléatoire. Les tueurs n'avaient aucun motif, une révélation qui a fait l'effet d'un bruit sourd et écœurant. Les intrus (The Strangers : Chapter 1) tente de conserver ce thème, mais se révèle plus sadique que terrifiant sur le plan existentiel. Le nihilisme du film semble forcé et n'a pas le même impact sur les tripes.

La narration minimaliste de l'original et les motivations ambiguës des tueurs contribuaient à créer un sentiment de désespoir et de terreur. Le film de Harlin, cependant, ne parvient pas à saisir les subtilités qui ont rendu l'original si efficace. Au lieu de cela, il explique et complique à l'excès, diluant ainsi l'horreur.

Les intrus (The Strangers : Chapter 1) est une tentative décevante de faire revivre un classique de l'horreur. Il souffre d'un manque d'originalité, d'une mise en scène peu inspirée et d'un scénario faible. Bien que Madelaine Petsch livre une performance louable, cela ne suffit pas à sauver le film de ses nombreux défauts. Le film ressemble à une pâle imitation de son prédécesseur, manquant de la tension, de l'atmosphère et de la profondeur psychologique qui ont rendu l'original si mémorable. 

En tant que premier volet d'une trilogie, Les intrus (The Strangers : Chapter 1) place la barre très bas. Il est difficile de susciter l'enthousiasme pour les chapitres suivants lorsque le premier acte est si décevant. Pour les fans de l'original, ce remake sera probablement une déception. Pour les nouveaux spectateurs, il s'agit d'une introduction peu inspirée à une histoire qui méritait une relecture plus innovante et plus convaincante. On regrette d’autant plus que Renny Harlin est un erxcellent réalisateur et avait mis en scène des films d’horreur mémorables comme Prison (1987), A Nightmare on Elm Street 4: The Dream Master    (1988) et Mindhunters (2024).

Les intrus (The Strangers : Chapter 1)
Réalisé par Renny Harlin
Écrit par Alan R. Cohen, Alan Freedland
Histoire de Bryan Bertino
D'après The Strangers de Bryan Bertino
Produit par Alastair Birlingham, Mark Canton, Charlie Dombeck, Christopher Milburn
Avec Madelaine Petsch, Froy Gutierrez, Gabriel Basso
Directeur de la photographie : José David Montero
Musique : Justin Burnett
Sociétés de production : Lionsgate Films, Fifth Element Productions, Frame Film
Distribué par Lionsgate Films (Etats-Unis), Metropolitan Films (France)
Date de sortie : 15 mai 2024 (France), 17 mai 2024 (États-Unis)
Durée : 91 minutes

Vu le 17 mai 2024 au Gaumont Disney Village, Salle 8 place A19

Note de Mulder: