La malédiction : L’origine

La malédiction : L’origine
Titre original:The First Omen
Réalisateur:Arkasha Stevenson
Sortie:Cinéma
Durée:119 minutes
Date:10 avril 2024
Note:
Après avoir été envoyée à Rome pour entrer au service de l'Église, une jeune Américaine se retrouve bientôt confrontée à des forces obscures qui l'amènent à remettre en question sa propre foi et à lever le voile sur une terrifiante conspiration qui entend donner naissance à l’incarnation du Mal.

Critique de Mulder

À une époque où les reboots et les prequels d'horreur peinent souvent à justifier leur existence, La malédiction : L’origine (The First Omen) apparaît non seulement comme une nécessité narrative, mais aussi comme une redynamisation magistrale d'une franchise imprégnée d'histoire du cinéma. Réalisé avec l'œil d'une visionnaire par Arkasha Stevenson et interprété par la lumineuse Nell Tiger Free, le film plonge dans le mythe des origines de l'Antéchrist, créant un récit qui résonne à la fois avec les échos terrifiants de son prédécesseur et les enquêtes nuancées de l'horreur moderne.

La malédiction : L’origine (The First Omen) est l'histoire d'une innocence confrontée à un mal inimaginable. Avec pour toile de fond la ville de Rome en 1971 - une ville dépeinte comme un chaudron de troubles sociaux et d'agitation spirituelle -, le parcours de Marguerite (Nell Tiger Free), novice aux yeux brillants devenue une figure centrale d'un complot diabolique, est à la fois déchirant et profondément captivant. Le choix du cadre est inspiré, tirant parti de la richesse historique et culturelle de Rome pour amplifier les préoccupations thématiques du récit, à savoir la foi, le pouvoir et la corruption.

L'interprétation de Margaret par Nell Tiger Free est tout simplement prodigieux. Elle incarne une gamme complexe d'émotions, de la pureté de sa foi initiale à l'horreur de ses découvertes et à la force qui émerge dans sa lutte contre les ténèbres. Sa performance ancre le film, apportant un cœur humain aux frissons surnaturels. Free apporte au rôle une vulnérabilité et une résilience captivantes, entraînant le public dans l'épreuve psychologique et spirituelle de Margaret.

La mise en scène d'Arkasha Stevenson mérite d'être saluée pour l'élaboration méticuleuse de l'atmosphère et de la tension. Arkasha Stevenson comprend la terreur inhérente au choc entre le sacré et le profane, et fait naviguer le film de manière experte à travers une série de décors glaçants et de moments de calme et d'effroi. Sa Rome est un personnage à part entière, dépeint avec une grandeur gothique qui sert de toile de fond parfaite à l'horreur en cours. La cinématographie, marquée par l'utilisation de l'ombre et de la lumière, renforce l'ambiance sinistre, faisant de la ville antique un labyrinthe de secrets et d'ombres où le danger rôde à chaque coin de rue.

Le scénario, coécrit par Arkasha Stevenson, Tim Smith et Keith Thomas, mêle habilement des éléments des films originaux tout en introduisant de nouvelles perspectives et de nouveaux thèmes. L'exploration de l'influence corruptrice du pouvoir au sein de l'Église et de son impact sur les personnes vulnérables est à la fois actuelle et intemporelle. La profondeur du récit est enrichie par sa volonté d'aborder des questions complexes sur la moralité, la foi et la nature du mal, élevant Le premier présage au-dessus d'un simple divertissement d'horreur pour en faire un examen contemplatif et troublant de la noirceur humaine et surnaturelle.

Les seconds rôles, en particulier ceux de Bill Nighy et de Sônia Braga, confèrent gravité et menace à l'ensemble. Le cardinal Lawrence incarné par Bill Nighy est une étude de l'ambiguïté, son extérieur aimable masquant un cœur impitoyable. Sônia Braga, dans le rôle de la sévère sœur Silvia, incarne l'autorité institutionnelle et le secret de l'Église.

Cependant, La malédiction : L’origine (The First Omen) n'est pas exempte de défauts. Le film se débat parfois sous le poids de ses propres ambitions, certains fils narratifs se sentant sous-explorés ou bâclés. Le défi d'équilibrer l'hommage à l'original La malédiction tout en traçant un nouveau chemin narratif est intimidant, et bien que Arkasha Stevenson y parvienne en grande partie, il y a des moments où le rythme du film en souffre.

La malédiction : L’origine (The First Omen) est une réussite indéniable. Il ne se contente pas de se reposer sur les lauriers de sa célèbre franchise, mais cherche à interroger et à développer ses thèmes, plaçant la barre très haut quant à la manière dont les reboots d'horreur peuvent honorer leur passé tout en s'aventurant audacieusement sur de nouveaux territoires. Le film laisse une impression durable, non seulement pour ses frayeurs viscérales, mais aussi pour sa méditation obsédante sur la nature du mal et le combat permanent pour l'âme de l'humanité. Avec La malédiction : L’origine (The First Omen), Arkasha Stevenson et son équipe ont conçu un film d'horreur qui résonne avec la force de ses convictions, ce qui en fait un digne successeur de l'héritage de cette saga cinématographique et une entrée remarquée dans le genre de l'horreur. Quel plaisir de découvrir une nouvelle réalisatrice surdouée dont on attend avec impatience le prochain film.

La malédiction : L’origine (The First Omen)
Réalisé par Arkasha Stevenson
Scénario de Tim Smith, Arkasha Stevenson, Keith Thomas
Histoire de Ben Jacoby
D'après les personnages de David Seltzer
Produit par David S. Goyer, Keith Levine
Avec Nell Tiger Free, Tawfeek Barhom, Sônia Braga, Ralph Ineson, Bill Nighy
Directeur de la photographie  : Aaron Morton
Montage : Bob Murawski, Amy E. Duddleston
Musique : Mark Korven
Société de production : Phantom Four
Distribué par 20th Century Studios
Date de sortie : 5 avril 2024 (Etats-Unis), 10 avril 2024 (France)
Durée : 119 minutes

Vu le 5 avril 2024 au Gaumont Disney Village, Salle 3 place A19

Note de Mulder: