Immaculée

Immaculée
Titre original:Immaculate
Réalisateur:Michael Mohan
Sortie:Cinéma
Durée:89 minutes
Date:20 mars 2024
Note:
Cecilia, une jeune religieuse américaine, s’installe dans un couvent isolé de la campagne italienne. L’accueil est chaleureux, mais rapidement Cecilia comprend que sa nouvelle demeure abrite un sinistre secret et que des choses terribles s’y produisent…

Critique de Mulder

Dans les couloirs sacrés et souvent angoissants du cinéma d'horreur religieux, Immaculée apparaît comme une œuvre fascinante, tissée à partir des fils les plus sombres de la foi et de la peur. Réalisé par Michael Mohan, avec une performance centrale captivante de Sydney Sweeney, le film s'aventure dans les confins obscurs d'un couvent italien isolé, où le divin et le diabolique s'entremêlent avec une facilité déconcertante. Immaculée est une méditation sur les complexités de la foi, les mystères de l'intervention divine et la dynamique troublante du pouvoir dans les bastions de l'autorité religieuse.

Le film nous présente Sœur Cecilia (Sydney Sweeney), une jeune religieuse américaine dont le voyage vers un couvent isolé en Italie marque le début d'un récit glaçant. Sydney Sweeney, connue pour ses interprétations multiples à la télévision et au cinéma, apporte une vulnérabilité et une résilience nuancées à Cecilia, dont la foi et la force morale sont mises à l'épreuve de manière inimaginable. La prémisse de sa grossesse soudaine et inexplicable sert de catalyseur à une histoire qui oscille entre l'horreur et l'hagiographie, remettant en question les fondements mêmes de la sainteté et du péché.

Immaculée se distingue par son exploration ambitieuse de l'iconographie et de la doctrine religieuses, utilisant le couvent - un site de refuge sacré - comme cadre d'un récit qui brouille les frontières entre le miraculeux et le malveillant. Le film navigue habilement dans les motifs visuels et thématiques riches et souvent macabres du catholicisme, du martyre des saints à la vénération des reliques sacrées, imprégnant le récit d'un sentiment de spiritualité profonde, voire perverse.

Cependant, les aspirations du film sont parfois sapées par son exécution. Le recours aux figures de styles conventionnelles de l'horreur, y compris les jump scares et un sentiment d'effroi rampant, semble parfois en contradiction avec ses entreprises thématiques plus ambitieuses. De plus, le rythme de la narration, qui serpente tout au long du premier acte pour se précipiter vers la conclusion, empêche le film de s'engager pleinement dans ses questions philosophiques les plus profondes.

Malgré ces quelques défauts, Immaculée bénéficie immensément de la performance de Sydney Sweeney, qui ancre le film au milieu de ses incursions dans le fantastique. Son interprétation de la transformation de Cecilia - d'une novice aux yeux écarquillés à une femme aux prises avec un destin à la fois béni et maudit - confère au film profondeur et complexité. Les acteurs secondaires donnent également de la crédibilité à l'univers cloîtré du couvent, bien que les personnages soient souvent plus des archétypes que des individus à part entière.

La critique de l'autorité patriarcale au sein de l'Église est l'un des aspects les plus convaincants du film. Immaculée n'hésite pas à dépeindre la façon dont le corps et les choix des femmes sont contrôlés sous le couvert du devoir religieux, ce qui en fait un commentaire opportun sur les questions d'autonomie et de consentement. Cette critique est tissée dans la trame du récit d'horreur, élevant le film au-dessus des simples conventions de genre pour s'engager dans les débats sociaux et théologiques contemporains.

Visuellement, Immaculée est un régal pour les yeux, avec sa somptueuse représentation de la campagne italienne et la beauté austère du couvent. La cinématographie capture l'étrange tranquillité de l'espace sacré, la juxtaposant à la noirceur qui se cache sous la surface. La musique, elle aussi, renforce l'atmosphère du film, mêlant la musique liturgique traditionnelle à des éléments dissonants pour souligner la tension entre la révérence et l'horreur.

Immaculée est un film de contradictions. Il est à la fois un hommage aux riches traditions de l'horreur religieuse et une critique des institutions qu'il dépeint. Bien qu'il puisse faiblir dans son rythme et sa dépendance aux figures du genre, le film est porté par la performance magistrale  de Sydney Sweeney et son engagement ambitieux dans les thèmes de la foi, de l'autonomie et du divin. Immaculée ne redéfinit peut-être pas le genre de l'horreur religieuse, mais il s'agit d'un ajout notable qui incite son public à réfléchir aux profonds mystères de la foi dans l'ombre de la peur.

Immaculée (Immaculée)
Réalisé par Michael Mohan
Écrit par Andrew Lobel
Produit par David Bernad, Sydney Sweeney, Jonathan Davino, Teddy Schwarzman, Michael Heimler
Avec Sydney Sweeney, Álvaro Morte, Benedetta Porcaroli, Dora Romano, Giorgio Colangeli, Simona Tabasco
Directeur de la photographie : Elisha Christian
Montage : Christian Masini
Musique : Will Bates
Sociétés de production : Black Bear Pictures, Fifty-Fifty Films, Middle Child Pictures
Distribué par Neon (Etats-Unis), Metropolitan FilmExport (France)
Dates de sortie : 12 mars 2024 (SXSW), 20 mars 2024 (France), 22 mars 2024 (États-Unis).
Durée : 89 minutes

Vu le 15 mars 2024 au Gaumont Disney Village, Salle 3 place A19

Note de Mulder: