Titre original: | Damsel |
Réalisateur: | Juan Carlos Fresnadillo |
Sortie: | Netflix |
Durée: | 107 minutes |
Date: | 08 mars 2024 |
Note: |
Réalisé par Juan Carlos Fresnadillo et mené par la charismatique Millie Bobby Brown dans le rôle d'Elodie, La Demoiselle et le Dragon (Damsel) embarque les spectateurs dans un voyage qui promet de renverser l'archétype de la demoiselle en détresse, en présentant une histoire qui mêle des éléments de suspense, d'horreur et d'autonomisation dans un cadre médiéval fantastique.
La Demoiselle et le Dragon (Damsel) nous présente ainsi Elodie, une jeune femme issue d'un royaume pauvre, qui se retrouve fiancée au prince Henry d'Aurea, un royaume prospère mais secret. Ce mariage, cependant, se révèle être une façade pour un sombre et ancien rituel qui consiste à sacrifier les princesses du royaume à un dragon pour maintenir la paix. Le récit se déroule au fur et à mesure qu'Elodie, d'abord pion dans un jeu orchestré par des figures patriarcales, se transforme en une figure de résilience et de défi.
La principale force du film réside dans sa capacité à renverser les attentes. Le postulat de départ peut sembler relever du conte de fées, mais Juan Carlos Fresnadillo et son équipe font habilement pivoter le récit vers un thriller de survie, dans lequel la princesse doit non seulement se sauver elle-même, mais aussi affronter les injustices systémiques de son monde. Ce changement sert non seulement à accroître la tension, mais aussi à enrichir la trame thématique du film, en abordant les sacrifices que les femmes sont censées faire pour le bien de tous. On suivant ce film nous avons l’impression
Millie Bobby Brown livre une performance nuancée dans le rôle d'Elodie, incarnant habilement la vulnérabilité et l'esprit indomptable de son personnage. La transition de Millie Bobby Brown d'une femme noble conforme à une survivante et une guerrière est dépeinte avec un mélange convaincant de physicalité et de profondeur émotionnelle, faisant d'Elodie un personnage qui résonne avec les intérêts du public.
Cependant, c'est la performance vocale de Shohreh Aghdashloo dans le rôle du dragon qui élève véritablement le film. Shohreh Aghdashloo imprègne la créature d'un mélange complexe de menace et de mélancolie, créant un personnage à la fois redoutable et, de manière inattendue, sympathique. Ce portrait nuancé remet en question le schéma binaire du bien et du mal, invitant le public à considérer le dragon non seulement comme un monstre, mais aussi comme un être ayant sa propre histoire et ses propres griefs.
Juan Carlos Fresnadillo démontre sa maîtrise de la narration visuelle, tirant parti de son expérience dans le domaine de l'horreur pour imprégner le film d'un sentiment de suspense et d'effroi. L'utilisation d'ombres, d'espaces restreints et la révélation progressive du dragon contribuent à créer une atmosphère qui tient le public en haleine. De plus, la mise en scène de Juan Carlos Fresnadillo veille à ce que les sous-entendus féministes du film soient parfaitement intégrés au récit, évitant tout didactisme et montrant plutôt la croissance et les défis d'Elodie.
La photographie du film complète cette direction, avec des images époustouflantes qui juxtaposent la morosité de la situation difficile d'Elodie à la beauté luxuriante du monde imaginaire. Les effets visuels, en particulier la représentation du dragon, établissent un équilibre entre le fantastique et le terrifiant, faisant de la créature une figure centrale à la fois de l'histoire et du spectacle visuel du film.
La Demoiselle et le Dragon (Damsel) aborde les thèmes de l'autonomisation, du sacrifice et de la remise en question des rôles traditionnels des hommes et des femmes au sein d'un système patriarcal. En centrant le récit sur la lutte d'Elodie pour sa survie et son autonomie, le film critiqueainsi la notion de femmes comme réceptrices passives du destin. Le dragon sert également de métaphore pour les défis systémiques auxquels les femmes sont confrontées, illustrant la complexité de la lutte contre un système qui les considère comme sacrifiables.
Le film aborde également l'idée de la solidarité et de la lutte collective, lorsqu'Élodie découvre le destin des princesses qui l'ont précédée. Cet élément ajoute une couche de profondeur au récit, soulignant que la lutte contre les structures oppressives n'est pas solitaire, mais partagée par plusieurs générations.
La Demoiselle et le Dragon (Damsel) s'impose comme une réimagination convaincante du genre médiéval fantastique, marquée par de solides performances, une narration captivante et une exploration réfléchie des thèmes féministes. Bien qu'il s'inspire de tropes familiers, le film réussit à offrir une vision nouvelle et provocante du genre. Millie Bobby Brown brille dans le rôle d'Elodie, donnant vie à un personnage qui incarne la force, la résilience et la complexité. La réalisation de Juan Carlos Fresnadillo fait en sorte que le film ne soit pas seulement un plaisir visuel, mais aussi un récit profond et significatif. Le film s’impose comme une contribution significative au genre, offrant non seulement du divertissement mais aussi une réflexion sur les rôles que l'on attribue aux femmes, tant dans les histoires que dans la société. C'est un film qui interpelle, qui divertit et qui, en fin de compte, laisse le public avec beaucoup de matière à réflexion.
La Demoiselle et le Dragon (La Demoiselle et le Dragon (Damsel)
Réalisé par Juan Carlos Fresnadillo
Écrit par Dan Mazeau
Produit par Joe Roth, Jeff Kirschenbaum
Avec Millie Bobby Brown, Angela Bassett, Robin Wright, Ray Winstone, Nick Robinson, Brooke Carter, Shohreh Aghdashloo
Directeur de la photographie : Larry Fong
Montage : John Gilbert
Musique : Jane Antonia Cornish Jane Antonia Cornish
Sociétés de production : PMCA Productions, Roth/Kirschenbaum Films
Distribué par Netflix
Date de sortie : 8 mars 2024 (France, Etats-Unis)
Durée : 107 minutes
Vu le 06 mars 2024 sur Netflix (press screener)
Note de Mulder: