Imaginary

Imaginary
Titre original:Imaginary
Réalisateur:Jeff Wadlow
Sortie:Cinéma
Durée:104 minutes
Date:06 mars 2024
Note:
1 chance sur 19 millions. Plus de probabilité d’être frappé par une météorite que de gagner au loto. Pour nos heureux gagnants, le rêve va rapidement se transformer en cauchemar, et leur vie va voler en éclat dans un spectaculaire feu d’artifices de comédie noire et de sensations fortes.

Critique de Mulder

Imaginary, le dernier né de l’association de Lionsgate et Blumhouse Productions, constitue un ajout intéressant au genre de l'horreur psychologique. Réalisé par Jeff Wadlow (Never back down (2008), Kick-Ass 2 (2013), Fantasy Island (2020)..) et interprété notamment par DeWanda Wise dans le rôle de Jessica, une illustratrice de livres pour enfants aux prises avec son passé, le film est une exploration nuancée des traumatismes, de la mémoire et du mince voile qui sépare la réalité de l'imagination. 

Avec pour toile de fond le retour de Jessica dans la maison de son enfance, un lieu qu'elle considère comme son sanctuaire, le récit se penche sur sa tentative de naviguer dans la dynamique complexe de la belle-famille et de s'installer dans une nouvelle relation. Ce que le film perd en originalité et malgré une première partie trop lente, il le gagne dans son deuxième acte très réussi. Assurément le réalisateur  se révèle être un maitre de l’horreur indéniable pour jouer avec les nerfs des spectateurs.

La découverte d'un vieil ours en peluche nommé Chauncey par la plus jeune des belles-filles de Jessica, Alice (Pyper Braun), sert de catalyseur au déroulement de l'histoire. Ce qui apparaît au départ comme un jeu d'enfant inoffensif se transforme progressivement en une série d'événements inquiétants, le comportement d'Alice devenant de plus en plus erratique. Cette intrigue, apparemment simpliste, est habilement utilisée pour tisser un récit qui brouille les frontières entre l'innocence de l'enfance et l'obscurité des peurs non résolues et des traumatismes cachés.

L'un des aspects les plus louables du film est son deuxième acte, où il transcende son rythme lent initial pour dévoiler un récit riche en profondeur et en complexité. Si le début peut mettre à l'épreuve la patience de certains spectateurs, ceux qui persistent sont récompensés par un examen de l'horreur psychologique qui donne à réfléchir et qui nous rappelle par moment ce chef d’œuvre de l’horreur qu’est La cabane dans les bois (2012)). Le film préfère éviter les frissons bon marché au profit d'une approche plus substantielle, abordant les thèmes de la démence, de la perte, de la culpabilité et de l'impact d'un traumatisme non résolu. Cette richesse thématique est renforcée par les performances des acteurs, en particulier DeWanda Wise, dont le portrait de Jessica ajoute une couche d'authenticité et d'empathie à l'exploration du film sur les instincts maternels et protecteurs.

Cependant, Imaginary n'est pas exempt de défauts. Le film est parfois la proie des conventions de son genre et pour contrebalancer son manque d’originalité préfère intégrer des éléments d'intrigue qui peuvent sembler dérivés pour les aficionados chevronnés de l'horreur. Malgré ces moments de prévisibilité, le film se distingue par sa tension atmosphérique et sa profondeur psychologique. Il joue habilement avec les attentes du public, en utilisant le sinistre ours en peluche et la figure obsédante de Chauncey non seulement comme tactiques d'épouvante, mais aussi comme symboles des aspects les plus sombres de la psyché auxquels les personnages doivent faire face.

La stratégie marketing innovante du film, qui s'appuie sur des sensations auditives pour susciter l'anticipation, illustre la vision créative d'Imaginary. Cette approche, qui met l'accent sur l'inquiétude et le suspense plutôt que sur l'explicite, reflète la thématique du film sur les peurs invisibles et inexprimées qui façonnent notre perception de la réalité. Avec un budget modeste et un décor qui exploite le potentiel atmosphérique de la Nouvelle-Orléans, la qualité de production d'Imaginary témoigne de l'utilisation efficace des ressources pour créer une expérience cinématographique captivante. 

Blumhouse productions semble appliquer des recettes présentes dans toutes ses productions y compris reposer sur une idée fondatrice et la développer au possible avec un budget réduit. Après la piscine tueuse, voici l’ourson à l’apparence adorable qui se révèle être une créature diabolique n’ayant rien à envier au bestiaire des créatures créées par Stephen King dans ses romans. Le fait de montrer l’importance des dessins comme moyen d’expression et surtout l’inspiration d’artistes totalement investis font assurément d’Imaginary un film à découvrir au cinéma.

Imaginary mérite donc d’être découvert pour son récit captivant, ses performances solides et son exploration réfléchie des thèmes psychologiques. Bien qu'il ne redéfinisse pas le genre de l'horreur, il réussit à offrir une nouvelle perspective sur les complexités des émotions humaines et les ombres qui persistent dans notre passé. Pour ceux qui sont prêts à supporter son rythme délibéré, le film se déroule comme une histoire profondément engageante qui pousse les spectateurs à réfléchir à leurs propres peurs et aux réalités qu'ils choisissent d'affronter ou de fuir. Imaginary est un ajout louable au paysage de l'horreur, promettant un voyage aussi introspectif qu'inquiétant. On ne peut que vous recommander ce film.

Imaginary
Réalisé par Jeff Wadlow
Écrit par Jeff Wadlow, Greg Erb, Bryce McGuire, Jason Oremland
Produit par Jeff Wadlow, Jason Blum
Avec DeWanda Wise, Tom Payne, Betty Buckley, Taegen Burns, Pyper Braun, Matthew Sato, Veronica Falcón
Directeur de la photographie : James McMillan
Montage : Sean Albertson
Musique : Bear McCreary
Société de production : Blumhouse Productions
Distribué par Lionsgate (Etats-Unis), Metropolitan FilmExport (France)
Date de sortie : 6 mars 2024 (France), 8 mars 2024 (États-Unis)
Durée : 104 minutes

Vu le 6 mars 2024 au Gaumont Disney Village, Salle 10 place A18

Note de Mulder: