Bonnard, Pierre et Marthe

Le film Bonnard, Pierre et Marthe de Martin Provost est une révélation artistique qui plonge dans l'histoire d'amour tumultueuse entre Pierre Bonnard et sa muse, Marthe. Alors que les contributions de Bonnard à l'art post-impressionniste n'ont peut-être pas été reconnues dans le monde entier, ce film met habilement sa vie en lumière, en particulier dans les rues de Paris où il rencontre Marthe, interprétée par Cécile de France.

Vincent Macaigne incarne Bonnard, un peintre révolutionnaire qui, malgré son rôle important sur la scène artistique française, reste quelque peu dans l'ombre au niveau international. Provost, connu pour son exploration adroite de la vie personnelle d'artistes français peu appréciés, tisse un récit qui trouve sa place naturelle au Festival de Cannes, soulignant l'importance de l'imitation de la vie par l'art et vice-versa.

Le cœur du film réside dans la relation passionnée, bien que tumultueuse, entre Bonnard et Marthe. Leur rencontre fortuite dans une rue de Paris ouvre la voie à une romance éclair, mais il devient évident que Marthe ne se sent pas à sa place dans le monde bohème de Pierre. Le récit emmène le public de la misère d'une mansarde parisienne à la découverte d'une maison spacieuse en banlieue, un sanctuaire qui offre à la fois de la lumière pour le travail de Pierre et de l'intimité pour Marthe.

Cécile de France incarne habilement le parcours de Marthe, d'abord flattée par son entrée dans le monde de l'art, puis aux prises avec les jugements de la société et ses propres aspirations artistiques. L'arrivée de Renée, interprétée par Stacy Martin, ajoute une couche de complexité à leurs relations, menant à un tournant décisif où Marthe découvre sa propre voix artistique.

Les prouesses de Martin Provost en matière de narration brillent lorsqu'il s'agit de saisir les subtilités de la relation entre Bonnard et Marthe. Le film traverse les différentes phases de leur vie, traitant habilement les complexités qui surgissent lorsque l'amour croise l'art et les attentes de la société. Les acteurs secondaires, dont Anouk Grinberg dans le rôle de Misia, contribuent à la richesse du récit.

L'attrait visuel du film est remarquable, les scènes passant de l'exiguïté d'un studio parisien à l'environnement idyllique de leur maison de banlieue. La cinématographie capture l'essence de l'art de Bonnard, offrant aux spectateurs un aperçu de l'inspiration derrière ses créations.

Si Bonnard, Pierre et Marthe n'innove pas sur le plan narratif, sa force réside dans la résonance émotionnelle qu'il suscite. Le message sous-jacent de Provost souligne que, pour les artistes, l'amour est primordial et que l'importance durable de leur travail réside dans le reflet de cet amour. Malgré la familiarité du thème, le film est une exploration finement élaborée de la nature entrelacée de la vie et de l'art, rappelant au public qu'une histoire bien racontée, comme l'amour, ne doit jamais être considérée comme acquise.

Bonnard, Pierre et Marthe
Écrit et réalisé par Martin Provost
Produit par François Kraus, Denis Pineau-Valencienne
Avec Vincent Macaigne Cécile de France
Directeur de la photographie : Guillaume Schiffman
Montage : Tina Baz
Musique : Michael Galasso
Société de production : Les Films du Kiosque
Distribué par Memento Distribution (France)
Dates de sortie : 21 mai 2023 (Cannes), 10 janvier 2024 (France)
Durée du film : 122 minutes

Vu le 12 janvier 2024 à l’UGC Ciné-cité Les Halles

Note de Mulder: