Cocorico

Dans la comédie Cocorico, la rencontre de deux géants français de la comédie, Christian Clavier et Didier Bourdon, promettait un délicieux festin cinématographique. Cependant, lorsque la poussière retombe, il devient évident que le potentiel du film est gâché par une narration décousue et le recours à des stéréotypes éculés. Le film, réalisé par Julien Hervé pour ses débuts en solo, se révèle être une occasion manquée d'offrir une comédie familiale mémorable.

L'intrigue tourne autour des noces imminentes d'Alice et François, interprétés par Chloé Coulloud et Julien Pestel, qui décident d'unir leurs familles d'une manière peu conventionnelle - par le biais de tests ADN révélant les secrets de leurs ancêtres. Ce qui commence comme une prémisse prometteuse s'effiloche rapidement, exposant le manque de direction et de cohérence du film.

Le charme initial de Cocorico réside dans la rencontre initiale entre Clavier et Bourdon, où leurs prouesses comiques brillent. Malheureusement, le film prend une tournure abrupte, forçant ces acteurs talentueux à devenir des caricatures d'eux-mêmes. Christian Clavier se transforme en aristocrate grincheux, et Didier Bourdon, en stéréotype de la classe moyenne, ce qui rend le visionnage répétitif, lassant et très décevant.

Les comparaisons avec Le Prénom sont inévitables, et renforce encore plus la déception de Cocorico. Alors que le premier naviguait habilement entre les plaisanteries spirituelles et dévoilait des vérités cachées, la tentative de Julien Hervé manque du mordant nécessaire à une comédie de révélations réussie. Le film succombe à de faibles tentatives d'humour, en particulier dans sa façon de traiter les Allemands et dans une scène embarrassante impliquant un plombier portugais, ce qui entraîne plus de maladresses que de rires.

La seconde moitié du film sombre totalement dans l'absurdité et le caricatural anti-anglais, le personnage de Sylvie Testud revendiquant des liens royaux en raison de son ascendance anglaise. Malheureusement, au lieu d'explorer de nouveaux territoires comiques, Cocorico s'appuie lourdement sur des clichés et des situations fatiguées, laissant à Christian Clavier et Didier Bourdon une marge de manœuvre limitée pour sauver le navire en perdition. L’impression que cet excellent casting est uniquement réuni pour des raisons mercantiles est éclatante à l’écran.

Le choix des lieux de tournage de Julien Hervé, avec les châteaux de Michel de Montaigne et de La Rivière, ajoute une touche visuelle au film. Le principe de la comédie, centré sur des personnages qui réalisent qu'ils ne sont pas ce qu'ils croient être, fait écho au travail précédent de Julien Hervé dans Les Tuche. Cependant, le potentiel de ces éléments est entravé par un scénario très peu inspiré qui ne parvient pas à offrir une narration convaincante.

Malgré la pression de diriger un tandem aussi emblématique que Christian Clavier et diedier Bourdon, Julien Hervé ne parvient pas à créer de la magie à l'écran. Si l'alchimie entre les deux acteurs est évidente, elle ne suffit pas à compenser le scénario terne et l'exécution hasardeuse du film.

Cocorico déçoit par sa narration décousue, sa dépendance à des tropes comiques fatigués et son incapacité à se montrer à la hauteur des attentes fixées par son casting estimé. Le potentiel humoristique du film est éclipsé par son ton incohérent et ses choix discutables en ce qui concerne les stéréotypes culturels. Avec son manque de cohésion et ses opportunités manquées, Cocorico est une réelle déception. On comprend d’autant plus la volonté du distributeur français SND de ne pas avoir montré ce film à la presse online en France ni de proposer de réelles opportunités autour de celui-ci (rencontres, Q&A…) 

Cocorico
Écrit et réalisé par Julien Hervé
Produit par Rémi Jimenez, Renaud Le Van Kim, Ahmed Louati, Philippe Mechelen et Caroline Mougey
Avec Christian Clavier, Marianne Denicourt, Chloé Coulloud, Didier Bourdon, Sylvie Testud , Julien Pestel , Patrick Préjean, Johann Dionnet, Sophie Froissard 
Musique : Matei Bratescot
Directeur de la photographie : Jérôme Alméras
Montage : Stephan Couturier
Sociétés de production : Groupe M6, Beside Productions, SND et White and Yellow Films
Distribué par SND (France)
Date de sortie : 7 février 2024 (France)
Durée : 92 minutes

Vu le 6 février 2024 au Gaumont Disney Village, Salle 3 place A20

Note de Mulder: