Slotherhouse

Slotherhouse porte la comédie horriique à de nouveaux sommets d'absurdité avec sa prémisse non conventionnelle et son exécution consciente d'elle-même. Réalisé par Matthew Goodhue et écrit par Bradley Fowler, le film nous présente Emily (Lisa Ambalavanar), une étudiante en dernière année d'université qui cherche à améliorer sa popularité au sein de la sororité Sigma Lambda Theta. Ce qui commence comme une quête d'influence sociale prend une tournure bizarre lorsqu'Emily adopte Alpha, un paresseux aux intentions cachées et meurtrières.

Le film explore habilement les dangers de la popularité et de la compétition au sein d'une sororité. La décision impulsive d'Emily de faire d'Alpha la mascotte de la sororité ouvre la voie à une série d'événements comiquement absurdes. Le récit se déroule avec un mélange d'horreur et d'humour, créant une expérience visuelle unique qui tient le public en haleine.

L'une des forces du film réside dans sa conscience de soi et dans l'hommage qu'il rend aux conventions classiques de l'horreur. Le réalisateur et le scénariste incorporent des références à des films emblématiques tels que Scream et Halloween, rendant ainsi hommage au genre tout en y insufflant leur propre folie comique. L'utilisation d'un format d'image large et de clins d'œil visuels aux classiques de l'horreur ajoute une couche de sophistication à un postulat par ailleurs ridicule.

Les effets pratiques, en particulier les marionnettes qui donnent vie à Alpha, méritent une mention toute spéciale. Sans viser le photoréalisme, l'animation expressive capture l'essence du caractère excentrique du paresseux. La décision de privilégier les marionnettes plutôt que les images de synthèse contribue au charme du film, en s'alignant sur la nostalgie des films de créatures classiques.

Cependant, Slotherhouse n'est pas exempt de critiques. On pourra ainsi déplorer l'incohérence du ton du film, qui oscille entre la parodie des conventions de l'horreur et la tentative d'une approche plus traditionnelle du slasher. L'absence de gore explicite peut décevoir ceux qui s'attendent à une expérience d'horreur plus intense et classée R aux Etats-Unis. De plus, l'accent mis par le film sur le drame de la sororité, bien qu'il serve de toile de fond, peut sembler moins engageant comparé aux aspects les plus extravagants de l'histoire du paresseux tueur.

Slotherhouse réussit pourtant à se faire une place dans le paysage des comédies horrifique réussie. L'engagement du film envers son concept absurde, associé à des moments de créativité authentique et d'hommage au genre de l'horreur, en font un film très agréable et mémorable. Sans viser la perfection cinématographique, Slotherhouse tient sa promesse d'une comédie horrifique divertissante et décalée qui se démarque d'un genre déjà bien encombré. Ce film est surtout un témoignage papable de la volonté du réalisateur d'embrasser le ridicule, ce qui donne un film qui est, à sa manière, une délicieuse célébration de l'étrange. On ne peut que vous conseiller ce film aussi original que mémorable qui vous fera voir les paresseux sous un tout nouveau angle. 

Slotterhouse
Réalisé par Matthew Goodhue
Écrit par Bradley Fowler
Histoire de Bradley Fowler, Cady Lanigan
Produit par Cady Lanigan, Bradley Fowler, Mark David
Avec Lisa Ambalavanar, Sydney Craven, Olivia Rouyre, Bianca Beckles-Rose, Tiff Stevenson, Stefan Kapičić
Directeur de la photographie : Mark David
Montage : Mike Mendez, Matthew Goodhue
Musique : Sam Ewing
Sociétés de production : Renegade Studios Chicago, Cinema Relics Productions, Buffalo Speedway Film Co. Talking Wolf Productions
Distribué par Gravitas Ventures
Date de sortie : 30 août 2023 (États-Unis), 12 février 224 (Angleterre)
Durée : 93 minutes

Vu le 22 janvier 2024 (screener presse)

Note de Mulder: