Bataille d'Alger (La)

Bataille d'Alger (La)
Titre original:Bataille d'Alger (La)
Réalisateur:Gillo Pontecorvo
Sortie:Cinéma
Durée:117 minutes
Date:20 octobre 1971
Note:
Le combat du FLN pour la libération d'Alger, de 1954 jusqu'en 1960. Des assassinats de policiers, en passant par les attentats à la bombe, la grève générale et l'éradication des meneurs du mouvement, jusqu'à la nouvelle révolte populaire.

Critique de Tootpadu

Le terrorisme n'est jamais un moyen légitime pour parvenir à ses fins, peu importe le tort qu'il essaye de redresser indirectement. Dans le même temps, la suppression brutale de mouvements contestataires à travers la torture et les rafles ne se laisse pas justifier davantage. Trouver un juste équilibre entre ces deux problèmes et exprimer un point de vue partisan sans complaisance, voici la tâche accomplie brillamment par ce chef-d'oeuvre de la fiction historique. Moins un documentaire qu'une reconstitution partielle qui assume ses choix ponctuels, mais d'une efficacité redoutable, le film rend compte d'un conflit qui figurait encore parmi l'actualité brûlante lors de sa production. Quarante ans plus tard, la question algérienne est toujours aussi épineuse, et par la réticence de la France d'assumer son passé peu glorieux, et par la situation actuelle qui est loin d'être réellement apaisée. Mais dans notre époque qui a élevé le terrorisme au rang de préoccupation mondiale, les événements montrés dans le film resonnent encore plus douloureusement par rapport à la situation actuelle dans bon nombre de pays (Israël et l'Iraq en tête). Malheureusement, le film de Gillo Pontecorvo devra attendre encore longtemps avant d'être considéré comme démodé.
Avec Z un des deux chefs-d'oeuvre de la fiction politique révendicative des années 1960, La Bataille d'Alger diffère par contre complètement d'un point de vue stylistique du film de Costa-Gavras. Filmé presque comme une oeuvre néo-réaliste tardive, ce film-ci fait en effet tout pour ressembler à un documentaire fictionnalisé. De l'énonciation des appels du FLN en voix-off, jusqu'à l'absence de personnages au sens conventionnel, la forme du film est époustouflante en ce qu'elle rend vivante une page de l'histoire. Certes, les événements réels, leurs causes et effets, étaient probablement plus compliqués et moins immédiats. Par contre, par la compression d'un combat national de plus de six ans en deux heures, le scénario et la mise en scène effectuent un travail remarquable. De surcroît, chacune des petites séquences est justifiée et apporte soit en profondeur, soit en horreur à l'image générale d'une rébellion tout à fait justifiée dans le fond, mais dont la forme reste regrettable. L'épilogue sert peut-être justement comme preuve au constat que la lutte terroriste ne peut aboutir par elle-même, mais qu'elle a comme objectif d'inspirer les foules qui mèneront à leur tour un combat plus juste.

Revu le 29 juillet 2004, au MK2 Hautefeuille, Salle 2

Note de Tootpadu: