Titre original: | The Last Voyage of the Demeter |
Réalisateur: | André Ovredal |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 119 minutes |
Date: | 23 août 2023 |
Note: |
L'histoire séculaire du vampire, peut-être la créature la plus durable et la plus captivante du monde de l'horreur, a pris de nombreuses formes sur le grand écran. Des représentations suaves et séduisantes aux représentations monstrueuses plus traditionnelles, le paysage cinématographique a tout connu. Voici The Last Voyage of the Demeter, une réinterprétation audacieuse d'un chapitre du roman emblématique de Bram Stoker, Dracula. Réalisé par André Øvredal (Trollhunter (2010), The Autopsy of Jane Doe (2016), Scary Stories to Tell in the Dark (2019), Mortal (2020)) , connu pour son talent de conteur atmosphérique, ce film cherche à raviver la peur primitive associée au mythe du vampire.
Le récit s'ouvre sur les rives de l'Angleterre, où un navire naufragé soulève d'inquiétantes questions sur son funeste voyage. Ce prologue énigmatique ouvre la voie à un voyage dans le temps, à l'époque où le Demeter quittait la côte roumaine, transportant une mystérieuse cargaison dont le célèbre comte lui-même. L'équipage se compose du stoïque docteur Clemens (Corey Hawkins), du capitaine Eliot (Liam Cunningham) et d'une passagère clandestine qui a des secrets (Aisling Franciosi). Le film explore les événements effrayants qui se déroulent alors que les ténèbres engloutissent le navire et que la terreur s'empare de lui.
Le dernier voyage du Demeter construit de manière très réussie une atmosphère inquiétante, enveloppant les spectateurs dans les espaces confinés du navire. La mise en scène d'Øvredal crée un sentiment de claustrophobie et d'isolement, un canevas parfait pour l'horreur rampante qui infecte progressivement l'équipage. Grâce à un habile travail de caméra et à une esthétique gothique, le film crée un sentiment tangible d'effroi, qui rappelle les contes d'horreur classiques.
En rupture avec les représentations récentes, le Dracula de Javier Botet est véritablement une créature de la nuit, plus bête qu'homme (un véritable homme chauve-souris). Avec une intensité féroce et une apparence inhumaine, cette version du vampire ravive la peur brute et primitive qui a été diluée par des adaptations plus polies. Le film embrasse sans réserve la terreur de l'inconnu, offrant des frayeurs viscérales qui suscitent des réactions allant de la chair de poule aux halètements.
Ce qui distingue Le dernier voyage du Demeter, c'est son engagement à raconter l'histoire d'un personnage au milieu de l'horreur. Corey Hawkins livre une performance remarquable dans le rôle du Dr Clemens, un médecin formé à Cambridge qui doit faire face non seulement à la terreur surnaturelle, mais aussi à la bigoterie et à la discrimination de son époque. Sa lutte pour affirmer sa valeur sur fond de préjugés sociaux ajoute de la profondeur au récit. L'interprétation du capitaine Eliot par Liam Cunningham apporte de la gravité à l'écran, ancrant l'histoire dans un sentiment d'autorité et d'expérience.
Bien que le film réussisse à marier l'exploration des personnages avec une ambiance sinistre, il trébuche parfois dans des clichés d'horreur bien usés. L'utilisation généreuse de scènes d'effroi et de sons orchestraux nuit parfois à la terreur brute que le film cherche à évoquer. Cependant, ce sont les moments d'introspection, l'exploration de la race, de l'identité et de la moralité qui élèvent véritablement le film au-delà d'un simple film de créatures.
La réalisation d'André Øvredal capture brillamment l'essence du matériau d'origine tout en y ajoutant sa propre touche. En développant un seul chapitre du roman de Stoker, le film transforme l'obscurité en épouvante. L'authenticité du cadre d'époque, associée à des images troublantes et à la musique envoûtante de Bear McCreary, permet à The Last Voyage of the Demeter d'immerger avec succès le public dans un monde d'effroi.
Inévitablement, ce voyage voué à l'échec se dirige vers sa sombre destination, reflétant le destin inexorable qui attend l'équipage. La conclusion du film, bien qu'appropriée, fait allusion à un récit plus large qui n'a pas encore été raconté. Cependant, c'est cette ambiguïté troublante qui sert finalement bien le genre, laissant place à la spéculation et à d'autres cauchemars.
Le dernier voyage du Demeter est un testament rafraîchissant de l'horreur brute qui se trouve au cœur du genre. En embrassant l'obscurité et les peurs primitives, le film évoque un voyage saisissant dans la terreur, rappelant les classiques qui ont fait du vampire une figure immortelle de l'histoire de l'horreur. Que vous soyez un amateur d'horreur chevronné ou un spectateur occasionnel à la recherche d'une poussée d'adrénaline, ce film vous propose un voyage glaçant sans équivoque qui plonge ses crocs au plus profond de l'essence de la peur.
Le dernier voyage du Demeter (The Last Voyage of the Demeter)
Réalisé par André Øvredal
Scénario de Bragi Schut Jr. et Zak Olkewicz
Histoire de Bragi Schut Jr.
D'après le journal de bord du capitaine de Dracula de Bram Stoker
Produit par Bradley J. Fischer, Mike Medavoy, Arnold W. Messner
Avec Corey Hawkins, Aisling Franciosi, Liam Cunningham, David Dastmalchian
Cinématographie : Tom Stern
Montage : Patrick Larsgaard
Musique : Bear McCreary
Sociétés de production : DreamWorks Pictures, Reliance Entertainment, Storyworks Productions, Studio Babelsberg, Phoenix Pictures, Wise Owl Media
Distribué par Universal Pictures
Dates de sortie : 11 août 2023 (États-Unis),23 août 2023 (France)
Durée : 119 minutes
Vu le 24 aout 2023 au Gaumont Disney Village, Salle 10 place A18
Note de Mulder:
Bienvenue à bord du Demeter pour une traversée directe des Carpates jusqu’à Londres ! Chouette escapade me direz-vous et sans aucune escale pour aller plus vite ! Lingots d’or à la clé. Mais attention ! Il est encore temps de faire demi-tour : un pied tribord ou à bâbord sans savoir dans quelle direction où vous allez et malheur à celui ou celle qui tenterait de s’y échapper ! Car les matelots engagés en premier lieu pour faire le voyage vous ont averti en quittant précipitamment le bateau avant qu’il ne navigue sur les flots. Pourquoi refuser autant d’or pour une traversée gérée d’une main de maître par un capitaine émérite ? À cause d’une mystérieuse caisse suspicieuse déposée à bord… Après tous ses avertissements, vous voulez toujours venir avec nous ? Alors continuons… mais on vous aura prévenu….
A contrario du « Dracula » de Francis Ford Coppala, qui nous présente le roi des vampires comme mi-démon, mi-homme, « Le dernier voyage du Demeter » de André Øvredal nous le présente comme mi-démon, mi-créature animale. Ce qui est un choix judicieux de la part du réalisateur et donne du sens à cette bête venue s’incruster à bord du Demeter sans l’autorisation du capitaine, tel un rat clandestin venu chercher un festin le temps d’une traversée en mer. En effet, impossible pour les personnages d’identifier d’où vient ce mal qui les déchiquette progressivement et qui finit par créer une panique totale. Même le docteur Clemens (interprété savamment par Corey Hawkins), pourtant rationnel, comprend que l’équipage doit faire face à une indicible situation, les rongeant tous au fur et à mesure. Un petit clin d’œil est fait au film « Nosferatu le vampire », montrant Dracula sous forme d’une ombre, tel un monstre sanguinaire cherchant sa proie en toute discrétion et qui ne laisse aucune trace derrière lui…
La réalisation, extrêmement bien soignée, nous embarque dans un huit clos terrifiant. Les plans sont serrés, voire très serrés (au plaisir de voir des gros plans sur la réaction apeurée de nos protagonistes ou sur un Dracula assoiffé de sang). La lumière, très sombre tout le long du film, réduit notre champ de vison et par conséquent, celle aussi des personnages cherchant l’intrus maléfique présent à bord du navire. Les effets spéciaux sont justes, sans aucune exagération. Quant au jeu des acteurs (et actrice ! Il y en a une parmi tous ces hommes à bord), il est impeccable et d’une justesse qui nous permet vite de nous identifier à chacun/chacune d’eux/d’elle. On frissonne pour ces derniers. Le « girl power » prend même place sur le bateau, avec une des premières victimes du comte Dracula qu’il a rapatrié avec lui dans cette aventure Londonienne pour se sustenter le temps du trajet. Anna, joué par Aisling Franciosi, n’a pas froid aux yeux et même si elle ne peut pas mettre fin à sa destinée qui la lie au Maître des ténèbres pour toujours, cette dernière est déterminée pour l’arrêter dans son périple démoniaque du tour du monde.
En conclusion, « Le dernier voyage du Demeter » gagne haut la main sa place dans la série des films exploitant le seigneur des ténèbres vampiresque. Une fois la chasse au monstre ouverte, la bobine s’accélère : le fil conducteur du film réussit à nous piéger sans aucun temps mort et sans aucun doute sur le déroulement des évènements lugubres à venir. Une totale réussite du cinéma de genre, laissant une fin ouverte des plus inquiétantes… Alors, un dernier conseil, fuyez à petits pas comme les rats du navire l’ont fait au risque de vous enflammer à la sortie de la salle…
Le dernier voyage du Demeter (The Last Voyage of the Demeter)
Réalisé par André Øvredal
Scénario de Bragi Schut Jr. et Zak Olkewicz
Histoire de Bragi Schut Jr.
D'après le journal de bord du capitaine de Dracula de Bram Stoker
Produit par Bradley J. Fischer, Mike Medavoy, Arnold W. Messner
Avec Corey Hawkins, Aisling Franciosi, Liam Cunningham, David Dastmalchian
Directeur de la photographie : Tom Stern
Montage : Patrick Larsgaard
Musique : Bear McCreary
Sociétés de production : DreamWorks Pictures, Reliance Entertainment, Storyworks Productions, Studio Babelsberg, Phoenix Pictures, Wise Owl Media
Distribué par Universal Pictures
Dates de sortie : 11 août 2023 (États-Unis),23 août 2023 (France)
Durée : 119 minutes
Vu le 3 septembre 2023 au UGC Ciné Cité Paris 19
Note de Sarah-The-Witch: