Wayward

Wayward
Titre original:Wayward
Réalisateur:Jacquelyn Frohlich
Sortie:Vod
Durée:99 minutes
Date:Non communiquée
Note:
Une jeune fille de onze ans, en conflit permanent avec sa mère et à la recherche d'une vie stable, prend la route avec sa mère de l'Idaho à Los Angeles, où elles s'installeront. En chemin, elles rencontrent une jeune femme charismatique. La jeune fille s'attache rapidement à l'inconnue et développe avec elle une relation particulière, brouillant les frontières entre la fugue et l'enlèvement.

Critique de Mulder

Le premier film de Jacquelyn Frohlich, Wayward, invite les spectateurs à un voyage captivant à travers le réseau complexe des relations familiales. Ce récit qui donne à réfléchir est centré sur une mère et sa fille, Arlene et Cleo, dont la vie prend un tournant inattendu lorsqu'elles entreprennent un voyage en voiture de l'Idaho à la Californie. Bien que le film offre une prémisse prometteuse, il n'atteint pas son plein potentiel, malgré des moments de brillance.

La scène d'ouverture donne un ton sombre, alors que nous sommes témoins de la tension palpable entre Arlene et sa fille pré-adolescente, Cleo. Cleo reste enfermée dans son propre monde, ses écouteurs lui permettant d'échapper à l'atmosphère troublée de leur voiture. Ce premier aperçu de leur relation tendue soulève des questions sur les raisons sous-jacentes du ressentiment de Cleo envers sa mère. Leur voyage prend une tournure intrigante lorsqu'elles rencontrent Orbison, une jeune femme radieuse qui fait de l'auto-stop avec sa guitare à la main. Arlene, soucieuse de combler le fossé émotionnel qui la sépare de Cleo, invite Orbison à se joindre à elles. Cette décision déclenche une série d'événements qui remettront en question leur dynamique.

La présence d'Orbison semble d'abord offrir l'espoir d'une réconciliation entre la mère et la fille, car elle engage Cleo dans des conversations sur la musique et la vie, piquant brièvement l'intérêt de l'adolescente. Cependant, le spectateur ne peut s'empêcher de s'interroger sur les véritables intentions d'Orbison. Essaie-t-elle vraiment de réparer cette relation brisée ou profite-t-elle de la fascination que Cleo exerce sur elle pour servir ses propres intérêts ?

La narration du film prend une tournure inattendue lorsque nous apprenons enfin la raison pour laquelle Arlene a décidé de déraciner leur vie. Cette révélation introduit un élément de suspense et d'incertitude, nous amenant à spéculer sur le rôle d'Orbison dans leur drame.

L'une des forces du film réside dans la capacité de Jacquelyn Frohlich à maintenir une emprise sur ses personnages. Sa caméra capte la vulnérabilité de Cleo, une enfant habituée à être déracinée et à s'adapter constamment à la vie amoureuse changeante de sa mère. L'attachement de Cleo à Orbison en tant que figure maternelle est dépeint avec une réelle profondeur d'émotion, tandis qu'Arlene reste prisonnière de ses activités romantiques, négligeant souvent les besoins de sa fille.

Le choix de Frohlich en matière de narration est audacieux, laissant croire aux spectateurs que Wayward pourrait évoluer vers un thriller à suspense, impliquant des enlèvements et des demandes de rançon. Cependant, elle pivote magistralement, révélant que le cœur de l'histoire réside dans les expériences d'un enfant solitaire, orphelin de mère, qui s'efforce de trouver un sentiment d'appartenance.

Si Wayward présente des moments d'éclat, il n'est pas exempt de défauts. Certaines séquences semblent trop artificielles et scolaires, ce qui nuit parfois à l'impact global du film. Cependant, ce qui rachète vraiment le film, c'est la remarquable alchimie entre les deux plus jeunes actrices, Chloe Guidry et Jessica Sula, qui apportent de l'authenticité à leurs rôles et gardent le public captivé jusqu'à l'émouvant épilogue.

L'ambition de la réalisatrice Frohlich est évidente tout au long de Wayward. Elle réussit à tisser une tapisserie complexe d'émotions et de liens d'attachement. Le film explore les zones grises de la connexion humaine plutôt que d'emprunter la voie facile et manichéenne. Il laisse les spectateurs s'interroger sur l'authenticité des personnages et de leurs intentions.

Malgré quelques faux pas et quelques changements de ton, Wayward est un début prometteur pour la carrière de Jacquelyn Frohlich. Le film présente des personnages intrigants mais sous-développés, laissant le public curieux de connaître leur histoire. Il s'égare parfois dans des genres différents, et si cette expérimentation ajoute de la profondeur, elle crée aussi des moments d'incertitude dans le ton général du film.

Wayward est une expérience captivante, même si elle n'est pas exempte de maladresses. C'est un film qui mérite d'être vu pour sa représentation de la dynamique complexe entre une mère et sa fille et pour les promesses qu'il laisse entrevoir pour les projets futurs de Frohlich. Présenté au Festival du film américain de Deauville, Wayward offre un mélange unique d'émotions et de genres qui en font un voyage cinématographique stimulant.

Wayward
Écrit et réalisé par Jacquelyn Frohlich      
Produit par Lane Cheek, Ian Michaels, Matthew Toronto
Avec Jess Weixler, Chloe Guidry, Jessica Sula, Rob Morrow, Will Brittian, Colleen Camp
Musique : Matthew Kajcienski   
Directeur de la photographie : Ben Hardwicke
Montage : Ron Vignone 
Durée : 99 minutes

Vu le 6 septembre 2023 au Centre International de Deauville

Note de Mulder: