Runner

Runner
Titre original:Runner
Réalisateur:Marian Mathias
Sortie:Vod
Durée:76 minutes
Date:Non communiquée
Note:
Haas, 18 ans, vit seule avec son père dans un village isolé du Midwest. Lorsque ce dernier meurt accidentellement, elle tient à exaucer sa dernière volonté et part l’enterrer dans la ville où il est né, au bord du fleuve Mississipi. Dans cette communauté soumise aux vicissitudes du climat et de l’économie, Haas rencontre Will, un jeune garçon solitaire qui travaille dur afin de subvenir aux besoins de sa famille. Ils vont alors forger une amitié qui va remettre en cause leur compréhension de l’amour et du deuil.

Critique de Mulder

Runner, le premier film de Marian Mathias, est un joyau poignant dans le domaine de la narration cinématographique. Avec pour toile de fond le Midwest américain, ce drame discret mais évocateur tisse délicatement les vies de deux âmes qui naviguent dans la désolation de leurs circonstances. Haas (Hannah Schiller), une jeune femme de 18 ans confrontée à la mort de son père et à un lourd fardeau de dettes, entreprend un voyage pour réaliser la dernière volonté de ce dernier - un enterrement dans sa ville natale. C'est là, dans les paysages arides d'une petite ville de l'Illinois, qu'elle rencontre Will (Darren Houle), un compagnon d'errance qui cherche sa place dans un monde qui lui semble indifférent.

Au cœur de Runner se trouve l'interaction tranquille entre les personnages, comme des coups de pinceau sur une toile. Mathias crée un récit qui défie le temps, capturant une atmosphère éthérée qui rappelle les œuvres d'Andrew Wyeth. Le rythme délibéré du film permet aux moments de contemplation et de connexion de se dérouler organiquement, laissant au public la possibilité de s'immerger dans le monde des personnages. L'interprétation de Haas par Schiller porte le poids émotionnel avec une subtilité remarquable, tandis que la première performance de Houle exsude une vulnérabilité tendre qui résonne.

La direction photo de Jomo Fray dépeint un paysage mélancolique où les personnages sont à la fois engloutis et isolés dans l'immensité de leur environnement. Cette poésie visuelle fusionne avec un paysage sonore qui accentue chaque émotion nuancée - du bruissement des feuilles aux battements d'un cœur fragile.

La technique de narration de Marian Mathias laisse le public dans un état de contemplation. Les thèmes de la connexion, de la solitude et de l'action personnelle sont habilement tissés tout au long de l'œuvre, nous laissant réfléchir aux intersections de chagrin et de joie qui façonnent nos vies. Le lien énigmatique entre Haas et Will témoigne de la capacité du réalisateur à transmettre des émotions profondes par le silence, faisant écho à la poussée et à la traction de l'existence humaine.

Dans un paysage cinématographique souvent dominé par les grands récits, Runner témoigne du pouvoir de la subtilité. Le premier film de Marian Mathias est une exploration gracieuse de l'expérience humaine, capturant avec tendresse la fragilité des liens au milieu de la vaste tapisserie de la vie. Au fur et à mesure que le film se déroule, on se rend compte que dans les moments calmes se cache un univers profond qui attend d'être découvert. Avec Runner, Marian Mathias se révèle être une cinéaste qui n'a pas peur de traverser les paysages de l'émotion, invitant le public à s'embarquer pour un voyage introspectif.

Runner
Écrit et réalisé par Marian Mathias  
Produit par Joy Jorgensen, Omar El Kadi, Nadia Turincev
Avec Hannah Schiller, Darren Houle, Gene Jones, Jonathan Eisley
Directeur de la photographie  : Jomo Fray             
Sociétés de production : Heretic Films
Distribué par Heretic films
Date de sortie : NC
Durée : 76 minutes

Vu le 7 septembre 2023 au Centre International de Deauville 

Note de Mulder: