Knocking

Knocking
Titre original:Knocking
Réalisateur:Frida Kempff
Sortie:Vod
Durée:78 minutes
Date:20 novembre 2023
Note:
Convalescente suite à un événement traumatisant, Molly emménage dans un nouvel appartement. Alors qu’elle peine à garder les idées claires, elle entend de mystérieux coups au plafond, semblant venir de l’étage du dessus. Or ses voisins ne voient pas de quoi elle parle.

Critique de Mulder

Knocking, dirigé par Frida Kempff, se révèle être un thriller psychologique à la fois captivant et hypnotique, plongeant profondément dans les dédales labyrinthiques de la paranoïa, du traumatisme et du scepticisme sociétal. Doté d'une narration tendue, d'une cinématographie éblouissante et d'une prestation exceptionnelle de Cecilia Milocco, le film crée une atmosphère troublante qui s'insinue dans l'esprit du spectateur et y laisse une empreinte durable bien après le défilement du générique final.

L'histoire tourne autour de Molly (Cecilia Milocco), une femme qui, après un séjour en hôpital psychiatrique, emménage dans un nouvel appartement dans l'espoir de repartir à zéro après une tragédie personnelle. Cependant, ses aspirations à une vie normale sont rapidement ébranlées par un bruit persistant de coups frappés au plafond. Cette énigmatique perturbation devient le centre de son malaise, l'entraînant dans une spirale d'angoisse. La détermination de Molly à découvrir la vérité derrière ces coups obsédants est entravée par le scepticisme de son entourage et par sa propre fragilité mentale.

Frida Kempff tisse avec maestria une toile de suspense, exploitant l'étrangeté inhérente des bruits inexplicables au sein d'un appartement isolé. Le film rend hommage aux classiques du thriller psychologique tels que Répulsion de Roman Polanski et Fenêtre sur cour d'Alfred Hitchcock, s'inspirant de leur essence tout en insufflant une tension propre.

La force majeure du film réside dans sa narration visuelle. La cinématographie capture avec habileté la vague de chaleur étouffante qui enserre le récit, reflétant la montée croissante de l'anxiété chez Molly. Les jeux d'ombre et de lumière à l'intérieur de l'appartement contribuent à l'impression écrasante d'isolement et de confinement qui étreint Molly. À mesure que le monde de Molly se rétrécit, les spectateurs ressentent un sentiment croissant de claustrophobie, témoignant de la virtuosité de la mise en scène de Kempff.

L'interprétation de Molly par Cecilia Milocco est remarquable. Avec subtilité, elle navigue dans les méandres du personnage de Molly, donnant vie à une femme aux limites de la raison. La vulnérabilité et la détermination de Milocco créent un contraste saisissant, suscitant à la fois l'empathie pour ses luttes et des questionnements quant à sa perception de la réalité. Au fil de l'histoire, la performance de Milocco évolue en un tour de force, ancrant l'aspect émotionnel central du récit.

L'exploration de la santé mentale dans le film est poignante et opportune. Le parcours de Molly reflète les défis auxquels font face les individus en quête de bien-être mental. Le récit met en lumière la stigmatisation entourant les problèmes de santé mentale et les conséquences préjudiciables du rejet des récits jugés peu fiables, exacerbant la souffrance des personnes concernées.

Bien que Knocking excelle à susciter une terreur palpable et une tension, le rythme de l'histoire vacille par moments dans sa tentative de maintenir cette tension. Certains spectateurs pourraient considérer que le rythme lent met à l'épreuve leur patience, mais cette approche contemplative finit par porter ses fruits, laissant les troubles psychologiques mijoter et s'insinuer dans notre psyché.

Dans ses moments les plus intenses, le film prend un virage dramatique, déclenchant un déluge de chaos psychologique qui reflète la détérioration de l'état mental de Molly. Cette séquence est un triomphe de la conception visuelle et sonore, plongeant les spectateurs dans le désespoir et l'hystérie de Molly. La conception sonore, en particulier, pousse la tension à un niveau presque insoutenable, maintenant ainsi l'audience en haleine.

Knocking transcende le simple thriller pour devenir un commentaire saisissant sur la manière dont la société aborde les traumatismes et la santé mentale. La finesse de la mise en scène de Frida Kempff, associée à la prestation remarquable de Cecilia Milocco, offre une expérience cinématographique immersive et profonde. En observant la lutte de Molly pour être écoutée et crue, le film rappelle l'importance de l'empathie, de la compréhension et de l'amplification des voix longtemps étouffées.

Au sein du paysage des thrillers, Knocking se distingue comme une exploration nuancée de la psyché humaine, sans craindre d'affronter les ténèbres intérieures et les défis de l'inconnu. La première réalisation de Frida Kempff confirme son statut de cinéaste à suivre, et Knocking perdure comme un voyage captivant et obsédant, suscitant l'introspection bien après le fondu au noir final.

Knocking, réalisé par Frida Kempff, s'impose avec assurance dans le domaine des thrillers psychologiques contemporains, plongeant les spectateurs au cœur de la psyché du protagoniste. Cette approche crée une expérience personnelle et oppressante, tirant parti habilement du potentiel d'empathie du film. Cependant, bien que le film exploite cette idée engageante, il lutte pour se libérer de sa prémisse captivante et atteindre des hauteurs révolutionnaires.

Néanmoins, bien que la prémisse du film soit intrigante, il peine en raison de sa relative simplicité, ne parvenant que partiellement à remplir la durée du film avec un contenu substantiel. Les efforts de Milocco soutiennent l'élan du film, mais la répétition inhérente à l'histoire peut parfois lasser, malgré ses qualités indéniables. Il est possible que ce choix soit délibéré, visant à mettre en avant les thèmes du film et à immerger le public dans la psyché du protagoniste, mais cela entrave néanmoins la progression narrative globale.

Knocking adopte avec brio une cadence lente, capturant un ton sombre qui s'accorde avec la performance de son protagoniste. Cependant, il peine à dépasser son concept initial, ne proposant pas de nouvelles perspectives au public.

Le film de Kempff établit un lien avec le présent, évoquant un sentiment d'unité avec l'expérience de la pandémie. L'isolement, l'anxiété et les vaines tentatives de Molly pour échapper à sa situation résonnent avec les émotions que beaucoup ont ressenties pendant cette période difficile. Cependant, le film n'a pas été conçu comme une allégorie directe, ce qui ajoute une couche supplémentaire à son interprétation.

En plaçant l'épreuve de Molly au sein de son appartement, le film immerge stratégiquement le public dans son tourbillon émotionnel. Le suspense repose non pas sur la résolution d'un mystère, mais sur notre authentique préoccupation pour le bien-être de Molly. C'est ainsi que Knocking passe habilement d'un thriller classique à un examen poignant des troubles mentaux, du deuil et de la lutte contre le passé. La bataille intérieure de Molly pour avoir confiance en elle-même et en autrui met en lumière des préoccupations sociales plus larges concernant la santé mentale et l'empathie.

La première réalisation de Frida Kempff, Knocking, plonge audacieusement dans les recoins troublants du malaise psychologique et du tumulte mental. Grâce à une réalisation méticuleuse et à la prestation convaincante de Cecilia Milocco, le film transporte les spectateurs au cœur de la psyché tourmentée de Molly, créant ainsi une expérience déconcertante et réfléchie. Le rythme lent de l'intrigue est amplifié par un style visuel qui suscite la claustrophobie et la désorientation, ainsi que par une musique obsédante qui renforce l'atmosphère sinistre du film. En bousculant les normes du genre et en se concentrant sur les démons intérieurs qui tourmentent son protagoniste, Knocking se présente comme une exploration contemplative des traumatismes, de la confiance et des résonances obsédantes du passé.

Knocking
Réalisé par Frida Kempff
Produit par Erik Andersson
Écrit par Emma Broström, d'après une histoire de Johan Theorin
Avec Cecilia Milocco, Krister Kern, Albin Grenholm, Ville Virtanen, Alexander Salzberger
Directeur de la photographie : Hannes Krantz
Montage : Erika Gonzales
Société de production : Läsk
Date de sortie : 30 janvier 2021 (Sundance)
Durée du film : 78 minutes

Vu le 12 aout 2023 (Frightfest press screener)

Note de Mulder: