Black mold

Black mold
Titre original:Black mold
Réalisateur:John Pata
Sortie:Vod
Durée:92 minutes
Date:Non communiquée
Note:
En explorant une installation décrépite et abandonnée, une photographe de bon augure se heurte à son passé traumatisant.

Critique de Mulder

Dans le domaine de l'horreur, la distinction entre la peur externe et la peur interne devient souvent le pivot qui sépare les chefs-d'œuvre de la médiocrité. Black Mold de John Pata navigue habilement entre les deux, tissant un récit qui taquine les limites de l'esprit. Le film nous introduit dans un monde où le grotesque ne se manifeste pas sous une forme corporelle, mais comme une force insidieuse qui s'enracine dans les recoins de la psyché.

Les premiers instants de Black Mold nous plongent dans les réflexions philosophiques du maître de l'horreur, John Carpenter. La dualité de l'horreur est mise à nu - l'externe, qui se manifeste par des figures monstrueuses tapies dans l'ombre, et l'interne, un gouffre émotionnel qui nous invite à affronter les ténèbres qui nous habitent. Le film de John Pata s'articule autour de cette dichotomie, dont il canalise le pouvoir pour évoquer à la fois des frissons viscéraux et un malaise introspectif.

Le point central du récit est Brooke (Agnes Albright), une photographe dont l'objectif capture non seulement la désolation des bâtiments abandonnés, mais aussi les troubles qui se développent dans son propre cœur. Black Mold navigue habilement dans son paysage psychologique, alternant entre le passé et le présent pour élucider le traumatisme qui la lie. Albright livre une performance empreinte de vulnérabilité, ses yeux reflétant les couches de chagrin et de culpabilité qui se déploient au fur et à mesure que l'intrigue progresse.

Tanner (Andrew Bailes), le photographe et ami de Brooke, sert de contrepoint intrigant. Bailes insuffle à Tanner un charme excentrique qui se transforme en une appréhension nerveuse lorsque le duo s'aventure dans une installation gouvernementale colossale et inquiétante. La réalisation de John Pata capture brillamment la grandeur délabrée de l'édifice, les jeux d'ombres et de lumières accentuant le sentiment d'effroi imminent. À travers l'objectif de la caméra de Brooke, nous sommes transportés dans un monde d'une beauté inquiétante.

C'est au sein de cette installation que se déroulent les horreurs psychologiques de Black Mold. Le moule en question devient le catalyseur d'hallucinations cauchemardesques, brouillant la frontière entre la réalité et les créations grotesques de l'esprit. Alors que Brooke et Tanner naviguent dans leur descente commune vers la folie, le portrait de Jeremy Holm, un squatter paranoïaque, ajoute une couche énigmatique. Sa ressemblance avec le père décédé de Brooke entrelace leurs rencontres avec une tension poignante, troublant encore plus la perception du public.

Si Black Mold est une captivante tapisserie de terreur psychologique, son troisième acte trébuche dans sa hâte de conclure. Certains fils narratifs restent effilochés, laissant le public dans l'attente d'une résolution plus définitive de certains points de l'intrigue. Néanmoins, l'engagement du film à déstabiliser le spectateur est inébranlable. Alors que les peurs intérieures des personnages convergent avec les apparitions extérieures, les lignes se brouillent dans un maelström d'horreur qui remet en question nos perceptions.

Dans la grande tradition de l'horreur, Black Mold transcende les pièges du genre pour explorer des domaines émotionnels plus profonds. Les prouesses de John Pata en tant que réalisateur brillent par l'attention méticuleuse qu'il porte aux détails, élevant le film de la simple frayeur à une exploration cérébrale de la psyché humaine. Alors que Brooke et Tanner luttent contre leurs démons intérieurs sur fond de décadence et de désolation, le public devient lui aussi le voyeur de leur détricotage psychologique.

Black Mold nous invite à nous confronter à nos propres peurs et introspections, transformant le film en bien plus qu'un simple film d'horreur. C'est un miroir glaçant qui reflète les ténèbres que nous portons en nous, nous invitant à regarder dans l'abîme et à nous débattre avec les ombres. Par sa capacité à évoquer à la fois la terreur et l'empathie, Black Mold transcende les films d'horreur habituels, consolidant sa place en tant qu'exploration stimulante de l'expérience humaine face à la peur.

Black mold
Écrit et réalisé par John Pata
Produit par Jill Gevargizian, Brett Hays, Sarah Sharp, Jennifer Shelby, Robert Patrick Stern, Tony Wash      
Avec Agnes Albright, Andrew Bailes, Caito Aase, Jeremy Holm
Musique : Nicholas Elert
Directeur de la photographie : Robert Patrick Stern          
Montage : John Pata
Sociétés de production : Head Trauma Productions, The Line Film Company, Shatterglass Pictures
Distribué par
Date de sortie : 15 avril 2023 (Panic Fest)
Durée : 92 minutes

Vu le 11 aout 2023 (screener press Frightfest)

Note de Mulder: