La chasse

La chasse
Titre original:Cruising
Réalisateur:William Friedkin
Sortie:Cinéma
Durée:102 minutes
Date:02 septembre 1980
Note:
La police new-yorkaise enquête sur deux meurtres d'homosexuels appartenant à la tendance sado-masochiste, qu'elle pense être dus au même tueur. Le capitaine David Edelson, chargé de l'affaire, propose à un jeune policier en uniforme, Steve Burns - qui possède les caractéristiques physiques des victimes - d'infiltrer la communauté gay. Comme il ambitionne de devenir enquêteur, Steve, voyant la possibilité d'une rapide promotion, accepte, en dépit du danger qu'il encourt. Installé dans un appartement de Greenwich Village, Steve fréquente toutes les nuits les lieux de rendez-vous homosexuels : bars, discothèques, boîtes de nuit, jardins publics. L'assassin, habillé d'un blouson de cuir à pièces métalliques cliquetantes, porteur d'une casquette de motocycliste et le visage dissimulé derrière des lunettes de soleil, frappe par deux fois encore..

Critique de Mulder

En hommage à William Friedkin

La chasse (Cruising), réalisé par William Friedkin, entraîne les spectateurs dans un captivant périple au cœur du monde clandestin. L'histoire suit un officier de police infiltré dans le milieu du cuir gay S&M, tandis qu'il traque un tueur en série machiavélique. Dans les rues de New York en toile de fond, le film plonge profondément dans une sous-culture où des adeptes vêtus de cuir explorent intensément leur sexualité. Al Pacino, dans le rôle du protagoniste en proie à des conflits internes, incarne avec brio l'équilibre délicat entre son devoir de détective et sa propre quête d'identité personnelle.

L'approche audacieuse de Friedkin pour dépeindre les rouages internes des clubs S&M et leurs habitants est à la fois envoûtante et troublante. Le film habillement juxtapose les deux facettes de Burns - le mystérieux enquêteur et l'homme en quête de ses désirs personnels. À mesure que Burns s'immerge dans ce monde énigmatique, les spectateurs se retrouvent pris au piège dans un tourbillon de désirs, de violence et d'exploration de soi. L'intrigue se déploie alors que Burns tente de démasquer la sombre force derrière une série de meurtres horribles, tout en luttant contre ses propres démons intérieurs.

L'exploration de la frontière floue entre les forces de l'ordre et la sous-culture qu'elles surveillent constitue le cœur du film. Cette ambiguïté se reflète dans le titre lui-même, englobant à la fois les patrouilles policières et les rencontres informelles au sein de la communauté homosexuelle. Au fur et à mesure que l'intrigue se déploie, des dynamiques de pouvoir complexes et des désirs dissimulés émergent, opposant habilement les figures d'autorité à ce monde complexe, parfois dangereux, qu'elles cherchent à comprendre.

De manière provocante, La chasse (Cruising) remet en question les normes sociales et encourage les spectateurs à confronter leurs propres malaises et préjugés. Le film, controversé par nature, a suscité des débats enflammés et des protestations concernant sa représentation de la communauté gay. Cependant, il est crucial de reconnaître que le film ne diabolise ni l'homosexualité ni la sous-culture du cuir. Au contraire, il met en lumière les luttes internes auxquelles sont confrontées les personnes qui luttent contre le dégoût de soi et les conséquences de la dissimulation de leur véritable identité.

Bien que La chasse (Cruising) réussisse à plonger les spectateurs dans une ambiance mystérieuse et propice à la réflexion, il n'est pas dénué de défauts. Par moments, la narration peut fléchir, laissant des zones d'ombre dans l'intrigue et introduisant des rebondissements peu convaincants. De plus, le film hésite à aborder de manière définitive l'évolution de la sexualité de Burns et ses troubles émotionnels, laissant les spectateurs en quête d'une conclusion plus satisfaisante.

En somme, La chasse (Cruising) représente une exploration audacieuse et complexe de l'identité, du désir et de la délicate frontière entre autorité et défiance. La minutie de William Friedkin pour les détails et l'interprétation énigmatique d'Al Pacino élèvent le film au-delà de son sujet controversé. Malgré ses imperfections narratives, La chasse (Cruising) parvient à laisser une empreinte durable, invitant le public à affronter les complexités de la nature humaine et les recoins cachés de l'esprit.

La chasse (Cruising), réalisé par William Friedkin, s'aventure de manière audacieuse dans la confluence de l'identité, du désir et de l'obscurité au sein des sphères cachées de la scène homosexuelle sado-maso de New York. Datant de 1980, le film a résisté aux controverses et aux idées préconçues pour s'établir comme une œuvre évocatrice et polarisante qui mérite une réévaluation.

Au cœur du film, La chasse (Cruising) se révèle être un thriller psychologique, plongeant les spectateurs dans l'univers de Steve Burns (interprété par Al Pacino), un policier chargé de s'infiltrer dans les bars de cuir gay pour traquer un tueur en série ciblant la communauté homosexuelle. Le film établit habilement un contraste entre les rues nocturnes de New York illuminées par des néons et la vie conventionnelle de Steve en pleine lumière du jour, partagée avec sa petite amie Nancy (incarnée par Karen Allen).

La maîtrise experte de l'image et du son par Friedkin crée une ambiance ambiguë et captivante. Les bars à la lumière tamisée, peuplés de personnages vêtus de cuir, baignés dans une musique pulsante et une brume de fumée, évoquent une atmosphère à la fois envoûtante et troublante. La caméra observe avec un voyeurisme subtil la métamorphose de Steve, qui s'immerge progressivement dans cette sous-culture énigmatique, brouillant les frontières entre jeu de rôle et quête personnelle.

Tissant une toile de contrastes, le film juxtapose l'effervescence des bars à des moments d'introspection. À mesure que Steve s'intègre dans cet univers insaisissable, son trouble intérieur devient palpable. La performance nuancée de Pacino navigue avec finesse entre la curiosité et le malaise, tandis que Steve fait face à l'évolution de son identité sexuelle tout en affrontant la violence qui plane.

La chasse (Cruising) évoque avec habileté un sentiment d'anxiété existentielle, incarné par des séquences de meurtre inoubliables. La représentation crue de Friedkin, souvent vue du point de vue de la victime, confronte le public à l'horreur viscérale de l'inconnu. Ces moments s'entremêlent aux efforts de Steve pour jongler avec sa vie personnelle, ajoutant des couches de complexité à son personnage.

La représentation controversée de la communauté gay dans le film a suscité diverses réactions à sa sortie. Les critiques et les militants ont critiqué le renforcement des stéréotypes négatifs et le sensationnalisme de la vie gay. Cependant, une analyse plus profonde révèle une narration plus nuancée. La chasse (Cruising) s'abstient de diaboliser l'homosexualité ou ses sous-cultures ; au contraire, il les utilise comme toile de fond pour explorer les luttes internes de ses personnages. L'incertitude entourant l'orientation sexuelle de Steve met en évidence l'exploration thématique du film sur la découverte de soi et la dissimulation.

La mise en scène de Friedkin se caractérise par une incertitude calculée qui transcende l'odyssée personnelle de Steve. L'identité du tueur en série demeure énigmatique, reflétant ainsi le thème plus vaste des désirs cachés et des motivations mystérieuses. Cette approche narrative brouille la frontière entre réalité et illusion, forçant les spectateurs à remettre en question l'authenticité de leurs perceptions.

L'ambiguïté du film persiste jusqu'à sa conclusion, laissant les spectateurs avec une fin obsédante et ouverte. Alors que Steve contemple son reflet dans un miroir, nous sommes invités à méditer sur les implications de ses expériences. A-t-il trouvé une résolution ou s'est-il simplement engagé dans un labyrinthe qu'il a lui-même créé ? Le film refuse de fournir des réponses simples, encourageant le public à explorer les multiples facettes de la nature humaine.

Depuis ses débuts, La chasse (Cruising) a survécu aux controverses initiales pour devenir un artefact fascinant de son époque. Il capture un moment spécifique dans l'histoire de New York, lorsque la libération sexuelle et les tensions sociales se sont entrecroisées. À mesure que la société évolue et que les discussions sur l'identité et le désir persistent, La chasse (Cruising) demeure un voyage introspectif qui invite à plonger dans les profondeurs complexes qui se cachent sous la surface.

La chasse (Cruising) pousse enfin les spectateurs à affronter leurs propres préjugés, idées préconçues et suppositions. Il les incite à contempler le jeu complexe des ombres et des désirs qui résident en chacun, tout comme son protagoniste. La vision audacieuse de William Friedkin et la performance convaincante d'Al Pacino font de La chasse (Cruising) un exemple énigmatique et durable de l'art cinématographique.

La chasse (Cruising))
Écrit et réalisé par William Friedkin
D'après La chasse (Cruising) de Gerald Walker
Produit par Jerry Weintraub
Avec Al Pacino, Paul Sorvino, Karen Allen
Directeur de la photographie : James Contner
Montage : Bud Smith
Musique : Jack Nitzsche
Sociétés de production : CiP-Europaische Treuhand, Lorimar Film Entertainment
Distribué par United Artists
Dates de sortie : 8 février 1980 (Etats-Unis), 2 septembre 1980 (France)
Durée : 102 minutes

Vu le 11 aout 2023 (video)

Note de Mulder: