Titre original: | Hinterland |
Réalisateur: | Stefan Ruzowitzky |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 99 minutes |
Date: | 28 décembre 2022 |
Note: |
« La première fois que j’ai eu l’occasion de lire le scénario, c’était il y a 10 ou 12 ans. Le Forum du scénario de Vienne avait un programme dans le cadre duquel les jeunes auteurs pouvaient demander à des collègues expérimentés de discuter de leurs scénarios. J’ai été mis en binôme avec Hanno Pinter, et ma première impression du scénario était très mitigée : à certains endroits, je le trouvais incroyablement bon, mais à d’autres, il n’était pas abouti. Hanno a appris l’écriture de scénario en autodidacte et a enfreint de nombreuses règles tacites, ce qui a donné lieu à des solutions extraordinaires, mais a aussi montré l’importance de l’existence de ces règles. Des années plus tard, le scénario est revenu sur mon bureau. Il avait bien progressé, mais j’avais encore le sentiment qu’à certains endroits, il nécessitait des révisions importantes, et j’ai également introduit de nouveaux éléments, comme l’histoire d’amour. Mais c’est à Hanno Pinter que revient le mérite d’avoir imaginé l’histoire ; les éléments de base - le contexte historique et la motivation du tueur en série - étaient bien présents dès le début. » - Stefan Ruzowitzky
La thématique de la rédemption est un des thèmes forts au cinéma et le nouveau film de Stefan Ruzowitzky l’illustre à la perfection tant au niveau d’un scénario prenant et envoutant et surtout d’une photographie maitrisée qui permet à ce film de mixer thriller et film de guerre. Stefan Ruzowitzky s’est fait connaitre en réalisant aussi bien des thrillers horrifiques efficaces comme Anatomy 1&2 (2000, 2003) et Patient Zero (2018), des films de guerre comme The Counterfeiters (2007), Les faussaires (2008) (récompensé de l’Oscar du meilleur film étranger) et des thrillers comme Deadfall (2013) avec plus ou moins de succès.
Son nouveau film est assurément son meilleur à ce jour tant il démontre un véritable don de conteur du réalisateur et un soin constant pour proposer un thriller violent qui rappelleront à certain spectateurs Seven (1982) de David Fincher mais aussi propose une réflexion sur la guerre et la survie quitte à faire des choix discutables.
L’action se déroule en 1920 après la première guerre mondiale à Vienne. On découvre Peter Berg (Murathan Muslu) un ancien criminologue devenu prisonnier de guerre, qui revient à Vienne sept ans après avoir combattu contre les troupes russes. Il a quitté son poste dans la police et sa femme et sa fille pour aller combattre sur le front avant de se faire arrêter et fait prisonnier dans un camp militaire. A son retour la ville de Vienne est méconnaissable pour lui et il ressent une sorte de répulsion envers lui de plusieurs personnes de son entourage que cela soit son ancien collègue Victor Renner (Marc Limpach) et le Dr Theresa Körner (Liv Lisa Fries), une médecin légiste. Sa femme a quitté leur ville et semble avoir refait sa vie tout en espérant qu’il reviendra un jour. Les crimes brutaux qui se perpétuent à Vienne semblent avoir un rapport avec le passé de Peter Berg et il devra non seulement combattre ses démons intérieurs mais aussi arrêter ce psychopathe.
En découvrant Hinterland la première chose marquante est son esthétisme et l’utilisation de la technologie actuelle pour créer des décors et surtout nous replonger dans un univers inquiétant dans lequel la ville de Vienne semble dangereuse et parsemé de pièges. Certaines scènes du film semblent tout droit sorties d’un roman graphique expressionniste. Les images de Hinterland témoignent non seulement du traumatisme de soldats rentrés de champs de guerre mais aussi la volonté de certains d’entre eux de guérir leurs blessures physiques ou psychologiques pour se faire une place dans une société qui semble les rejeter. Alors que les thrillers américains auront plus tendance à miser sur des meurtres violents et sur des apparences trompeuses, Hinterland se veut plus être un expérience cinématographique intense utilisant de nombreux effets visuels pour reconstruire les décors de la ville de Viennes. Le grand soin porté à l’esthétisme du film en fait assurément toute sa force et le réalisateur Stefan Ruzowitzky se révèle un véritable orfèvre pour reconstruire une époque révolue dans laquelle la société viennoise semblait en perte de repères moraux.
Hinterland bénéfice d’un excellent casting à commencer par son comédien principal Murathan Muslu et dans les rôles secondaires Liv Lisa Fries, et Matthias Schweighöfer (Resistance (2020), Army of the dead (2021) et prochainement le prochain film de Christopher Nolan Oppenheimer (2023). Le réalisateur Stefan Ruzowitzky a sur parfaitement diriger ses comédiens pour proposer un film efficace et marquant qui mérite d’être découvert au cinéma sur grand écran.
Hinterland
Réalisé par Stefan Ruzowitzky
Écrit par Robert Buchschwenter, Hanno Pinter, Stefan Ruzowitzky
Produit par Oliver Neumann, Sabine Moser, Bady Minck, Alexander Dumreicher-Ivanceanu, Geneviève Lemal, Robert Marciniak
Avec Murathan Muslu, Liv Lisa Fries, Marc Limpach, Matthias Schweighöfer
Directeur de la photographie : Benedict Neuenfels
Montage : Oliver Neumann
Musique : Kyan Bayani
Sociétés de production : FreibeuterFilm GmbH, AMOUR FOU, Scope Pictures, Lieblingsfilm
Distribué par Square One Entertainment (Allemagne), Eurozoom (France), Constantin Movie (Etats-Unis).
Dates de sortie : 6 août 2021 (Locarno), 7 octobre 2021 (Allemagne),
Durée du film : 99 minutes
Vu le 21 décembre 2022 (lien presse)
Note de Mulder: