Titre original: | Mon héroïne |
Réalisateur: | Noémie Lefort |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 108 minutes |
Date: | 14 décembre 2022 |
Note: |
« Il y a 20 ans, lorsque j’étais étudiante en cinéma à Rouen, la ville où j’ai grandi, j’ai réalisé un court-métrage : Calling Julia Roberts qui racontait l’histoire d’une jeune fille qui voulait donner son scénario à la star américaine. La réalité a dépassé la fiction puisque je suis partie sur un coup de tête à New York pour donner mon court à Julia Roberts. Cette histoire a été le point de départ de l’écriture de Mon héroïne. Je me suis replongée dans les images de mon voyage à New York en 2001. J’ai alors été frappée par l’insouciance, l’énergie, la ténacité de mes 20 ans, cette sensation que tout était possible. Je voulais raconter l’histoire d’une jeune femme qui croit en ses rêves et qui va jusqu’au bout. Je voulais aussi explorer le thème du passage à l’âge adulte, un sujet universel, et la place prépondérante de nos proches dans cette période de transition clé dans une vie. Ce projet, c’est mon rêve de gosse. Et comme Alex dans le film, je suis partie avec un court-métrage pour Julia… et je suis revenue avec un film pour moi. Rêver, c’est comme respirer, c’est vital. Et à Normand, rien d’impossible ! » Noémie Lefort
Alors que le cinéma français tend à se diriger soit vers le cinéma d’auteur ou vers de pâles copies de films américains grand public ou encore des films grand public guère mémorables, il est bon de découvrir des films qui ont une véritable âme et qui ont été créés avec soin pour livrer une histoire universelle dans le fait de continuer à croire en ses rêves. La grande difficulté d’un premier film est de savoir trouver la bonne musicalité pour réussir non seulement à convaincre un large public mais aussi permettre à de nouveaux réalisateurs de se faire remarquer. Indéniablement Noémie Lefort s’impose comme une jeune scénariste et réalisatrice très douée et surtout dont la passion pour le cinéma se ressent continuellement dans son premier long métrage.
Ce n’est donc pas un hasard fortuit si son scénario co-écrit avec Fadette Drouard tire ses fondements de sa propre histoire et surtout d’un court-métrage (Calling Julia Roberts) qu’elle a réalisé lors de ses études en cinéma en Normandie dans la belle ville de Rouen. De la même manière on ressent dans son premier film une réelle volonté de soigner aussi bien son scénario que sa réalisation et surtout de s’entourer d’une excellente équipe intergénérationnelle de comédiennes toutes parfaites que cela soit la jeune Chloé Jouannet, Pascale Arbillot ou encore Brigitte Fossey (dans quelques courtes séquences) mais aussi de nombreux seconds rôles comme Louise Coldefy, Firmine Richard. Les comédiens semblent cependant ici relayés à de simples apparitions que cela soit Fred Testot dans une scène comique très réussie et aussi Chris Marques (également chorégraphe du film).
Le grand soin porté sur le casting se ressent aussi sur les nombreuses chansons du film composées de reprises et interprétées par le groupe Pur-sang. La réalisatrice Noémie Lefort sait parfaitement s’entourer et surtout témoigne ici d’une réelle maturité dans sa réalisation et a su composer un des meilleurs feel good movie de l’année qui donne réellement non seulement envie de revoir Pretty Woman mais surtout Notting Hill. Les nombreux clins d’œil aux films de Julia Roberts parsemés dans le film semblent destinés aux passionnés de cinéma qui trouveront ici plaisir à jouer à les reconnaitre.
Le titre du film Mon héroïne pourrait faire penser à un hommage à Julia Roberts mais celui-ci ne lui est pas destiné comme vous le comprendrez en découvrant ce film qui donne autant envie de rire que d’être ému par le fait que le temps ne s’arrête jamais et que nous ne disons jamais assez qu’on les aime aussi bien à nos parents ou à celle qui fait battre notre cœur. De la même manière ce film ne tient pas à suivre le chemin de ses nombreux comédies dramatiques faites d’idées reçues et jouant sur les stéréotypes sans consistance. On appréciera aussi de voir le regard faites d’émotions et d’amour aux villes de Rouen et de New York. Même si leurs architectures les diffèrent, elles témoignent de l’effervescence de talents de toutes sortes qui y habitent. Certes on se doute bien que le scénario du film n’est pas un simple reflet d’événements réels et mélange astucieusement le réel et le fictif pour le rendre plus cinématographiquement parlant.
La première grande qualité de Mon héroïne est de retrouver l’imagerie des grandes comédies des années 80 et on découvre ainsi dès le début du film le passé de la jeune Alex Troffel (Chloe Jouannet parfaite dans son rôle apportant sa grâce et sa fragilité à son personnage) qui rêve de devenir réalisatrice et qui a été élevée que par mère divorcée. Alex semble avoir plus d’affinités avec la sœur de sa mère Juliette (Louise Coldefy) qu’avec elle. Pour réaliser son rêve, Axel part donc à New York avec Juliette dans le but de remettre son scénario à Julia Roberts via sa maison de production de celle-ci. Les choses ne vont pas totalement se passer comme prévu mais donner lieu à un film captivant et dont la fin rappellera The player (1992) de Robert Altman. Il en ressort un film qui nous donne à réfléchir sur l’impact du cinéma dans notre quotidien, à nos rêves de cinéphiles restés vain mais surtout nous montre qu’il faut savoir se battre, travailler dur et avoir un peu de chance pour être reconnu.
La musique et la danse occupent également ici une place centrale non seulement comme lien familial fort mais aussi comme moyen d’exorciser ses démons intérieurs et de se libérer d’une tension pesante. On se doute que la réalisatrice Noémie Lefort est une passionnée de comédies musicales et l’affiche de La La Land dans la chambre d’Alex et certains passages du film sont également des clins d’œil aux films préférés de la réalisatrice.
Assurément alors que de nombreux films français vus récemment malgré leurs nombreuses qualités n’ont pas réussi totalement à nous convaincre, ce premier film fut l’une de nos meilleures surprises de l’année et surtout impose Noémie Lefort comme une jeune réalisatrice émergeante dont on n’a pas fini d’entendre parler. Un talent brut dont on attend avec impatience les prochains films.
Mon héroïne
Réalisé par Noémie Lefort
Produit par Matthieu Zeller, Matthieu Gondinet
Ecrit par Noémie Lefort, Fadette Drouard
Avec Chloé Jouannet, Pascale Arbillot, Louise Coldefy, Brigitte Fossey, Firmine Richard, Chris Marques, Zoé Schellenberg, Tricia Merrick, Jean-François Cayrey, Frédéric Épaud, Astrid Roos , Diane Dassigny
Musique : Pur-Sang
Directeur de la photographie : Nathalie Durand
Montage : Riwanon Le Beller
Sociétés de production : Universal Pictures, Indy Films Production, Octopolis
Distribué par Universal Pictures
Date de sortie : 14 décembre 2022 (France)
Durée du film : 108 minutes
Vu le 14 décembre 2022 au Gaumont Disney Village, Salle 14 place A18
Note de Mulder: