Un monde fou, fou, fou, fou

Un monde fou, fou, fou, fou
Titre original:Un monde fou, fou, fou, fou
Réalisateur:Stanley Kramer
Sortie:Cinéma
Durée:161 minutes
Date:18 décembre 1963
Note:
Une voiture force à toute allure le passage sur une route de montagne sinueuse. Lorsqu'elle double la dernière voiture d'un convoi de quatre véhicules, elle dérape et elle est précipitée dans le ravin. Lorsque les témoins arrivent en bas, sur les lieux de l'accident, ils trouvent un vieillard agonisant qui leur confie le secret sur un butin qu'il avait caché il y a longtemps dans un parc, sous un grand “W”. Les occupants des quatre voitures se mettent alors en chasse de trésor, essayant par tous les moyens d'arriver le premier au pactole. Mais la police, en la personne du commissaire Culpeper proche de la retraite, se met rapidement à leurs trousses, surveillant chacun de leurs actes désespérés. En effet, le vieux fonctionnaire espère boucler sa carrière en beauté en trouvant la somme d'argent volée à l'époque par l'accidenté, grâce au concours du groupe d'individus rapaces qui s'agrandit progressivement.

Critique de Tootpadu

Présentée comme la plus grande comédie de tous les temps lors de sa sortie il y a plus de quarante ans, à cause de l'apparition d'un nombre important de comiques des quatre décennies précédentes, cette aventure hautement divertissante surprend surtout par son manque d'humour, ou plutôt un humour lourd et répétitif. Il est effectivement difficile d'éclater en rire face à une suite soutenue de vannes qui n'ont rien d'original, probablement déjà pas à la sortie du film et encore moins de nos jours. A travers l'application d'une couche épaisse de blagues qui font passer les personnages soit pour des hystériques, soit pour des simples d'esprit, le scénario empêche alors une quelconque identification avec les protagonistes autre que par le but qui les réunit tous, l'attrait d'un gain facile. Seul le personnage principal incarné par Spencer Tracy comporte quelques caractéristiques humaines qui lui donnent cependant l'image d'un homme âgé passé à côté de ses rêves qui espère s'échapper quelques jours du quotidien professionnel et privé qui l'étouffe. Inutile de préciser que ces rares éléments plus modérés, presque attachants, se font très rapidement attraper par le brouhaha ambiant.
Néanmoins, du côté du scénario, tout n'est pas à rejeter, puisque là où l'humour tombe généralement à plat, l'enchaînement sans répit d'événements improbables crée un ton d'excès hautement divertissant, à la fois par son aspect désuet et par son ingéniosité légèrement fourvoyée. Ce Monde fou l'est alors plus malgré lui, par son acharnement de vouloir faire rire à tout prix sans jamais y arriver, que par la poursuite illusoire d'une ambition démesurée. En effet, le rire au cinéma, celui qui reste et qui amusera plusieurs générations de suite, ne se fait pas sur commande, un constat largement soutenu par cette entreprise extraordinairement grande, divertissante et sans réel temps mort, mais jamais follement amusante.
Une des recettes qui aurait dû faire du film un monument est l'apparition à chaque bout de pellicule d'un comique de l'âge d'or du rire américain. Hélas, ce dispositif s'apprête plus à détourner l'attention et à s'attrister sur un tel gâchis, au lieu de donner un prestige supplémentaire au film. Car la moitié de ces vedettes d'antan sont oubliées de nos jours et celles qui nous rappellent de bons souvenirs accentuent cette nostalgie encore par leurs rôles superflus et extrêmement courts. Que ce soient les grands des années 1920 et 1930 comme Buster Keaton, Zasu Pitts ou Jack Benny, ou les maîtres du rire plus dans l'air du temps (Jerry Lewis, Don Knotts), leurs apparitions éclairs font presque mal au coeur tellement elles sont inutiles, voire humiliantes. Quitte à perdre en attrait publicitaire, la suppression de la plupart de ces détours désagréables aurait très probablement donné une plus grande force et dynamique à l'ensemble. Dans l'état, ce coup de marketing sert de témoignage sur la façon dont Hollywood traite ses grands du passé.
Signalons enfin une bande originale très agréablement enjouée, signée Ernest Gold, qui figure comme une des meilleures du genre, tellement ses thèmes donnent un ton et une vitesse rocambolesques à ce qui se passe à l'écran. La densité et la personnalité qu'on y trouve font malheuresement un peu défaut à cette avenure qui part dans tous les sens sans atteindre réellement son objectif. Mais elle n'en reste pas moins un divertissement de luxe, qui trébuche d'abondance en d'abondance, sans toujours savoir quoi en faire.

Revu le 20 juillet 2004, en DVD, en VO
Revu le 19 mai 2006, en DVD, en VO
Revu le 18 septembre 2006, en DVD, en VO
Revu le 28 mars 2007, en DVD, en VO
Revu le 6 août 2009, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: