Wendell & Wild

Alors que Halloween approche à grand pas et qu’il est venu le temps de célébrer la mémoire de nos proches qui nous ont quitté, le nouveau film d’animation de Henry Selick (The Nightmare Before Christmas (1993), James and the Giant Peach (1996), Coraline (2009)) après plus de treize longues années d’absence arrive enfin et il faut reconnaiitre qu’il s’agit d’un nouveau chef d’œuvre intemporel tant au niveau de la magnifique animation que du point de vue scénaristique qui bénéficie de nombreuses idées fonctionnant à merveille. Loin d’être qu’un simple conte horrifique en stop-motion. Le scénario que le réalisateur Henry Selick a co-écrit avec Jordan Peele fustige autant les parcs d’attractions que la politique et les malversations de la classe aisée capable des plus grandes ignominies pour prospérer et gagner de l’argent sur le dos des plus déminues.

 L’enfer vue par les scénaristes Henry Selick et Jordan Peele a de faux airs d’un parc d’attractions capable d’inventer les pires tortures aux pauvres âmes damnés qui connaitront les pires douleurs éternellement. Deux des enfants démons, Wendell (Keegan-Michael Key) et Wild (Peele) du gigantesque maitre des enfers Buffalo Belzer (Ving Rhames) et qui ont comme mission d’injecter un étrange produit capable de faire repousser les cheveux de celui-ci, ont le souhait de créer sur terre un immense parc d’attractions. Pour réussir à revenir sur terre Wendell et Wild vont tenter de manipuler la jeune orpheline Kat Elliot (Lyric Ross) et mener leur mission. 

Avec le produit qu’ils injectent en enfer à leur père pour faire repousser les cheveux, Wendell et Wils se rendent aussi compte que ce produit est capable de faire revenir à la vie les morts et ils vont ainsi proposer à la jeune Kat Elliott de faire revenir à la vie ses parents morts dans un terrible accident de voiture. Voulant gagner un maximum d’argent, ils vont aussi faire revenir à la vie les actionnaires principaux, morts depuis de nombreuses années, de la ville dans laquelle se situe l’action Rust Bank. Kat Elliot, ses parents ressuscités, Wendell et Wild vont devoir mettre leurs différents de coté pour lutter contre un couple de riches propriétaires qui veulent raser leur ville pour créer une énorme prison. Kat Elliot se révèle avoir également le don de voir l’avenir mais aussi possédée par ses propres démons intérieurs depuis qu’un démon l’a mordu et a fait ressortir en elle un démon nourri de sa fureur intérieure suite au fait de la perte de ses parents et des brimades dont elle a souffert à l’orphelinat et à l’école.

Henry Selick n’a rien perdu de sa manière de décrire le monde actuel et de donner une réelle importance à de nombreuses créatures comme cela fut le cas avec l’inoubliable The Nightmare Before Christmas. L’infuence de Tim Burton reste présente dans ce film avec ses nombreuses créatures auxquelles le réalisateur insuffle une réelle épaisseur psychologique comme dans la présence dans le rôle principal féminin de Kat Elliot une jeune adolescente rebelle aux cheveux verts et qui semble ne pas vouloir d’amis et revendique sa différence par rapport aux autres jeunes pensionnaires d’un pensionnat situé au sommet d'une colline dans la ville morne de Rust Bank. Malgré un scénario assez complexe et qui brille par une intelligence rare tant sur son développement que sur la manière d’aborder les personnages principaux, Wendell & Wild est l’essence même du divertissement familial qui plaira autant aux jeunes enfants par cet univers proche d’un conte taillé sur mesure pour Halloween que pour des adultes pour qui l’animation n’est en aucun cas un genre mineur.

De nouveau le réalisateur Henry Selick a su parfaitement s’entourer non seulement en collaborant sur le scénario avec le virtuose Jordan Peele (il est aussi la voix de Wild) mais aussi Keegan-Michael Key, Angela Bassett, Lyric Ross, James Hong et Ving Rhames. De la même manière la musique signée du compositeur Bruno Coulais renforce aisément l’action du film et lui donne un tonus tout particulier dans certaines scènes effrayantes.  La richesse du casting vocal donne à ce film une valeur ajoutée indéniable et surtout montre que l’animation en stop-motion a su garder. Ce n’est pas un hasard fortuit si à la fin de l’année le nouveau film de Guillermo del Toro et Mark Gustafson qui sera aussi disponible sur Netflix a été tourné en stop-motion.

Wendell & Wild montre que le réalisateur Henry Selick est un véritable génie de l’animation et son film indéniablement l’un des meilleurs films d’animation de l’année loin des Disney trop grand public et qui manquent souvent d’une relecture plus adulte et violente des contes de fées modernes que nous avons pu découvrir récemment. Wendell & Wild s’impose comme un chef d’œuvre, une œuvre à dévorer dès qu’il sera disponible le 28 octobre prochain sur Netflix.

Wendell & Wild
Réalisé par Henry Selick
Scénario par Henry Selick, Jordan Peele
Basé sur Wendell & Wild (non publié) par Henry Selick, Clay McLeod Chapman
Produit par Henry Selick, Ellen Goldsmith-Vein, Jordan Peele, Win Rosenfeld
Avec Keegan-Michael Key, Jordan Peele, Angela Bassett, Lyric Ross, James Hong, Ving Rhames
Cinématographie : Peter Sorg
Montage : Robert Anich, Sarah K. Reimers
Musique par : Bruno Coulais
Sociétés de production : Netflix Animation, Monkeypaw Productions, Gotham Group, Principato-Young Entertainment
Distribué par Netflix
Dates de sortie : 11 septembre 2022 (TIFF), 21 octobre 2022 (États-Unis), 28 octobre 2022 (Netflix)
Durée du film : 105 minutes

Vu le 23 octobre 2022 (Netflix Screener presse)

Note de Mulder: