Maestro(s)

Dans un contexte dans lequel le cinéma est plutôt tourné vers des thématiques d’actualité ayant un écho particulier chez les spectateurs voir des blockbusters plus ou moins réussis, il est bon de temps en temps de découvrir un film qui sort des sentiers conventionnels pour donner une part importante à la musique classique. 

Alors que la plupart des films musicaux sortis récemment s’oriente vers des biopics (Bohemian Rhapsody (2018), Rocketman (2019), Elvis (2022)), le nouveau film de Bruno Chiche dont il a co-écrit le scénario avec Yaël Langmann et Clément Peny préfère jouer la contre-mesure en mettant au centre du récit la musique classique et à nous montrer qu’il s’en dégage tout autant que ce film une véritable force émotionnelle. Dans Maestro(s) se trace un véritable drame familial et une rivalité forte entre un père et son fils qui sont deux brillants chefs d’orchestre et dont le premier arrive à la fin d’une très belle carrière tandis que le second commence à sortir de l’ombre de celui-ci et à connaitre un succès grandissant.

Ce n’est pas un hasard fortuit si le film débute par les Victoires de la Musique Classique et que l’on découvre Denis (Yvan Attal) qui de nouveau a remporté une Victoire de la Musique classique et dont le père François (Pierre Arditi) se dirige vers la fin d’une longue et brillante carrière internationale. Alors que François reçoit un appel pour lui proposer de diriger la Scala il y voit une manière de terminer en beauté sa carrière. Pourtant il va vite déchanter en apprenant que l’appel qu’il a reçu ne lui était pas destiné mais était pour son fils Denis qui ne semble pas totalement conquis par cette idée de changer de vie alors qu’il est heureux à Paris avec sa nouvelle amie et la garde partagé de son fils unique avec son ex-femme interprétée par Pascale Arbillot.

Le réalisateur Bruno Chiche (Hell (2005), Je n’ai rien oublié (2010), Le bonheur des Dupré (2011), L’un dans l’autre (2016)) propose tout simplement avec Maestro(s) son meilleur film à ce jour et loin de n’être qu’une simple comédie populaire oriente celui-ci vers un mixte entre le cinéma d’auteur et une œuvre plus intimiste reposant sur deux excellents comédiens Yvan Attal, et Pierre Arditi et de nombreux seconds rôles bien écrits Miou-Miou, Pascale Arbillot et Caroline Anglade. Maestro(s) arrive à montrer toute la force émotionnelle et lyrique qui sort de la musique classique et à quel point être chef d’orchestre nécessite de nombreuses qualités et une oreille musicale parfaite pour obtenir le meilleur de chaque musicien de son orchestre. Comme un réalisateur qui doit encadrer au mieux son équipe, un chef d’orchestre est l’élément central de la réussite d’un concert. 

Maestro(s) se démarque ainsi de ces nombreux films français surfant sur les goûts du public grâce à la popularité de certains comédiens. Sa réussite tient beaucoup à ses deux comédiens principaux qui représentent deux générations de comédiens comme dans ce film le père et fils chef d’orchestre. Loin de reposer uniquement sur un conflit de générations Maestro(s) marque notre mémoire par le grand soin porté à la mise en avant de la musique classique et surtout ce qui se passe en backstage loin des regards du public. Il en ressort un film parfaitement maitrisé qui arrive à réconcilier le public avec la musique classique tout en montrant une fois de plus qu’Yvan Attal est un excellent comédien lorsqu’il est dirigé par un réalisateur investi et bénéficie d’un rôle suffisamment bien construit pour qu’il donne le meilleur de soi-même. On ne peut donc que vous encourager à découvrir ce film.

Maestro(s)
Réalisé par Bruno Chiche
Produit par Philippe Rousselet
Ecrit par Bruno Chiche, Yaël Langmann, Clément Peny
Avec Yvan Attal, Pierre Arditi, Miou-Miou, Pascale Arbillot, Caroline Anglade, Nils Othenin-Girard
Musique : Florencia DI Concilio
Image : Denis Rouden
Montage : Widy Marché
Sociétés de production : Vendôme Production
Distribué par Apollo Films / Orange Studio (France)
Date de sortie : 7 décembre 2022 (France)
Durée du film : 87 minutes

Vu le 4 octobre 2022 au Cinéma CGR les Lilas Salle Ice

Note de Mulder: