Couleurs de l’incendie

Couleurs de l’incendie
Titre original:Couleurs de l’incendie
Réalisateur:Clovis Cornillac
Sortie:Cinéma
Durée:134 minutes
Date:09 novembre 2022
Note:
Février 1927. Après le décès de Marcel Péricourt, sa fille, Madeleine, doit prendre la tête de l'empire financier dont elle est l'héritière. Mais elle a un fils, Paul, qui d'un geste inattendu et tragique va la placer sur le chemin de la ruine et du déclassement. Face à l'adversité des hommes, à la corruption de son milieu et à l'ambition de son entourage, Madeleine devra mettre tout en œuvre pour survivre et reconstruire sa vie. Tâche d'autant plus difficile dans une France qui observe, impuissante, les premières couleurs de l'incendie qui va ravager l'Europe.

Critique de Mulder

Certains films dépassent leur simple cadre divertissement pour s’imposer comme des œuvres fortes et inoubliables. Auréolé de cinq César amplement mérités, le film Au revoir là-haut avait notamment remporté les César très convoités de la meilleure adaptation pour Albert Dupontel et Pierre Lemaître et du meilleur réalisateur. Ce film retrouvait intact la force émotionnelle du roman de Pierre Lemaitre et réussissait à retranscrire à l’écran les années 20 et surtout à nous immerger par un sens du récit captivant. Ce roman fait partie de la Trilogie Les Enfants du désastre dont le second volume est Couleurs de l’incendie  (2018) et le troisième Miroir de nos peines (2020). Il va sans dire que le nouveau film de Clovis Cornillac était réellement attendu et se devait d’être tout aussi réussi et captivant. Le résultat dépasse de loin nos attentes et retrouve intact le charme de ces grands films qui ont donné au cinéma français ses lettres de noblesse. Un grand livre, un film marquant.

Adapter un best-seller est un exercice très compliqué tant il convient de retrouver toute la force émotionnelle de celui-ci mais aussi de mettre des images sur une trame narratrice littéraire. Comme pour Au revoir là-haut on retrouve au scénario et aux dialogues l’écrivain Pierre Lemaitre qui est sans aucun doute le mieux placé pour retranscrire à l’écran son propre roman et dans le cas présent Couleurs de l’incendie est sans aucun doute l’un des films forts de cette année tant il bénéficie d’une mise en scène inspirée, d’un casting parfait et de l’amour véritable d’un grand écrivain qui a su participer à la naissance d’une œuvre mettant en avant la famille, le courage et également le triomphe d’une réelle justice.

Couleurs de l’incendie reprend la trame du roman original et propose quelques changements également. L’histoire débute ainsi en février 1927 lorsque le tout Paris est réuni aux funérailles du riche banquier Marcel Péricourt. Sa fille, Madeleine (Léa Drucker), assiste non seulement à l’enterrement de son père mais aussi à la tentative de suicide de son fils Paul qui se jette du deuxième étage du manoir Péricourt. Les choses vont encore s’aggraver lorsqu’en reprenant les rennes de l’empire financier de son défunt père, elle va se retrouver piégée par un complot fermenté par Gustave Joubert (Benoît Poelvoorde) (fondé de pouvoir de la Banque d’Escompte et de Crédit industriel), Charles Péricourt (frère de Marcel Péricourt) et André Delcourt (journaliste). Ruinée par ce complot l’ayant amené à un très mauvais placement, Madeleine est obligée de déménager avec son fils Paul et Vladi chargée de prendre soin de ce dernier devenu paraplégique. Mené par un désir ardent de vengeance Madeleine aidée par son ancien chauffeur incarné par Clovis Cornillac va non seulement se venger des trois hommes qui ont détruit sa vie mais également réussir à retrouver un sens à sa vie.

Le roman de Pierre Lemaitre est non seulement une œuvre passionnante écrite avec un don de conteur rare mais surtout réussit à redonner vie à une période triste de l’histoire entre deux guerres et dans une Europe qui va connaitre ses heures sombres avec la montée du fascisme et du nazisme. Le film adapte à la perfection la trame du roman et retrouve ce souffle épique déjà présent dans le magnifique film d’Albert Dupontel. Alors que les talents de comédien de Clovis Cornillac ne sont plus à démontrer, ses premiers films s’orientaient plus vers un cinéma populaire comme c’est le cas pour Un peu, beaucoup, aveuglément (2015) et Belle et Sébastien 3 : Le Dernier Chapitre (2017). Certes son précédent film C'est magnifique montrait une réelle volonté de proposer une véritable vision de réalisateur plus mature et plus original en s’éloignant d’une forme de cinéma trop traditionnelle. Assurément Couleurs de l’incendie l’impose comme un réalisateur aguerri qui a un véritable sens du tempo et qui a une véritable connexion avec son scénariste Pierre Lemaitre ce qui donne à ce film une force émotionnelle rarement vue au cinéma depuis longtemps.

Si le film Couleurs de l’incendie plaira autant à ceux qui connaissant le roman de Pierre Lemaitre c’est non seulement par le grand soin porté à la photographie du film mais aussi à la minutie d’une reconstitution historique et de scènes réellement marquantes comme cette superbe scène en Allemagne nazie dans laquelle la cantatrice, Solange Gallinato (Fanny Ardant) se met à chanter un chant interdit par le régime nazisme devant Hitler. Clovis Cornillac a pu s’entourer d’un excellent casting notamment Léa Drucker tout en sobriété, Benoît Poelvoorde dans un contre-rôle, Alice Isaaz (présence irrésistible à l’écran), Clovis Cornillac (rôle difficile et campé à la perfection), Fanny Ardant, Alban Lenoir et Olivier Gourmet. Alors que le cinéma français à plutôt tendance à nous décevoir par sa volonté d’être par moment trop académique et suivre des rails trop prévisibles, Couleurs de l’incendie nous donne réellement envie d’applaudir à la fin et surtout de se replonger dans les romans de Pierre Lemaitre dont mes parents dévorent chacun de ses nouveaux romans. 

Couleurs de l’incendie  
Réalisé par Clovis Cornillac
Produit par Sidonie Dumas 
Écrit par Pierre Lemaitre
d'après son roman "Couleurs de l'incendie". 
Avec Léa Drucker, Benoît Poelvoorde, Alice Isaaz, Clovis Cornillac, Fanny Ardant, Alban Lenoir, Olivier Gourmet, Octave Bossuet, Jana Bittnerova, Philippe Ohrel, Jérémy Lopez... 
Musique : Guillaume Roussel
Image : Thierry Pouget
Montage : Reynald Bertrand
Sociétés de production : Gaumont, La Company et Umedia
Distribué par Gaumont (France)
Date de sortie : 9 novembre 2022 (France)
Durée du film : 134 minutes

Vu le 29 septembre 2022 au Gaumont Disney Village, Salle 14 place A19 

 

Note de Mulder: