Titre original: | War pony |
Réalisateur: | Riley Keough, Gina Gammell |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 115 minutes |
Date: | Non communiquée |
Note: |
Auréolé du prix du jury et du Prix Fondation Louis Roederer de la Révélation 2022 lors de la 48ème édition du festival du cinéma américain de Deauville le film War pony fu présenté précédemment au festival de Cannes et sera distribué en France courant 2023 par Les Films du Losange. Assurément le premier film coréalisé par Riley Keough et Gina Gammell mérite amplement l’excellent accueil reçu aussi bien par le public que par la critique.
Le cinéma indépendant américain a toujours su capter la réalité telle qu’elle est pour s’en inspirer. Loin de vouloir constamment impressionner les spectateurs par des effets spéciaux spectaculaires, des scènes d’action virevoltantes, le manque de moyen a souvent permis à de jeunes réalisateurs de proposer des sujets qui leur sont proches et qui ont une résonance toute particulière pour eux. War pony n’échappe pas à cette règle et place l’action dans la réserve indienne de Pine Ridge en Dakota du Sud. Les conditions de vie y sont très difficiles et a ainsi fait émerger de nombreux trafics de toutes sortes pour permettre à des personnes de survivre. Nous allons ainsi suivre les parcours croisés de Bill (Jojo Bapteise Whiting) et de Matho, 12 ans (LaDainian Crazy Thunder).
Bill essaye de revenir dans le droit chemin et de prendre au sérieux son rôle de jeune père. Après avoir fait de nombreuses infractions comme par exemple siphonner de l’essence ou trafiquer au gré des opportunités, il voit dans l’élevage de caniches un moyen de prospérer et de vivre son rêve américain. Il voit également dans l’opportunité de travailler pour un éleveur de dindes un moyen d’avoir un salaire régulier et d’avoir son indépendance. Matho quant à lui souhaite devenir adulte et à ce que son père soit fier de lui. Pourtant ce dernier un trafiquant de drogues va se faire tuer suite au fait que Matho coupe la drogue et en vend pour se faire de l’argent de poche. War pony repose sur l’évolution de ces deux jeunes indiens et sur les choix qu’ils devront faire aussi bien les mauvais que les bons pour vivre dans un milieu hostile et dangereux.
Les réalisatrices Riley Keough, Gina Gammell également scénaristes (épaulées par Franklin Sioux Bob et Bill Reddy) ont su parfaitement capter les conditions de vie difficiles dans les réserves indiennes. En s’entourant de comédiens non professionnels, il en ressort une atmosphère proche de la réalité dans lequel nous suivons le parcours de personnes n’ayant rien d’extraordinaire et souhaitant uniquement survivre quitte à franchir le bon côté de la loi. La photographie soignée de David Gallego renforce cette sensation de se plonger en pleine réserve indienne et d’endurer ce que ces personnages traversent.
On comprend aisément que la thématique du passage à l’âge adulte est au centre de ce film et surtout que l’innocence n’a plus sa place dans un univers hostile. Pratiquement Personne dans ce film n‘est réellement innocent et on découvre sans verser dans le sentimentaliste comment les réserves indiennes ont amené des personnes à s’isoler loin des grandes villes américaines. On appréciera aussi les différents messages que livrent le film notamment les manipulations au sein d’entreprises locales à l’image de cet éleveur raciste qui manipule ses proches, ment à sa femme et se sert de ses employés pour transporter ses maitresses indiennes.
Certes le rythme trop lent du film risque de ne pas plaire à tous les spectateurs mais War pony mérite amplement d’être découvert par l’univers qu’il décrit et par cette volonté de sortir des rouages répétitifs des films de studios hollywoodiens. Par son originalité et sa manière de prôner le réaliste, War pony s’impose comme un film coup de poing et dont les images resteront en tête longtemps après l’avoir vu (notamment ces apparitions d’un bison sauvage).
War pony
Réalisé par Riley Keough, Gina Gammell
Produit par Riley Keough, Gina Gammell, Willi White, Bert Hamelinck, Sacha Ben Harroche, Ryan Zacarias
Écrit par Riley Keough, Gina Gammell, Franklin Sioux Bob, Bill Reddy
Avec Jojo Bapteise Whiting, Ladainian Crazy Thunder
Musique : Christopher Stracey, Mato Wayuhi
Directeur de la photographie : David Gallego
Montage : Affonso Gonçalves, Eduardo Serrano
Sociétés de production : Felix Culpa, Caviar, Ward Four, Protagonist Pictures, Quickfire Films, Kaleidoscope Entertainment, Centauri
Distribué par NC
Date de sortie : 21 mai 2022 (Cannes)
Durée du film : 115 minutes
Vu le 5 septembre 2022 au Centre International de Deauville
Note de Mulder: