Titre original: | Men |
Réalisateur: | Alex Garland |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 100 minutes |
Date: | 08 juin 2022 |
Note: |
« Ce projet aborde des sujets qui me tiennent à coeur depuis longtemps et dont j’avais évoqué certains dans mes précédents films mais cette fois, je voulais faire un film dans lequel on puisse se reconnaître autant que possible, où le spectateur soit un acteur du récit. Ensuite, je laisse aux gens le soin de se faire leur propre idée du film et des thèmes qu’il aborde – ou pas – et qui les touchent ». – Alex Garland
Après deux films de science-fiction marquants Ex Machina (2015) et Annihilation (2019), on attendait avec impatience le nouveau long métrage du scénariste et réalisateur Alex Garland et il faut reconnaitre que celui-ci nous a surpris et laissé sur notre faim. En voulant changer de genre et proposer un film d’horreur à l’ancienne proche de l’ambiance d’un épisode de la Quatrième dimenstion (Twilight Zone). En minimalisant l’action et proposant une véritable expérience cinématographique claustrophobique, Men s’apparente certes à du folk horror et témoigne d’une réelle volonté du réalisateur à créer une ambiance irréaliste et horrifique.
Harper (Jessie Buckley) est une jeune femme victime d’une tragédie personnelle. Son mari s’est suicidé en sautant par la fenêtre de leur appartement. Pour pouvoir faire face à ce deuil marquant, elle décide de se retirer dans une vieille maison isolée de la campagne anglais dans un petit village afin de redonner un sens à sa vie. Pourtant ce qui aurait pu lui permettre de passer son deuil va la plonger dans un monde inquiétant dans lequel une personne (un malade mental nu) semble l’observer et lui vouloir du mal, un enfant inquiétant semble avoir l’esprit détraqué, un vicaire l’accuse de la mort de son mari et le propriétaire de la maison dans laquelle elle se trouve a des propos surprenant. Ce qui est encore plus inquiétant c’est que ces quatre hommes se ressemblent.
Alors que le cinéma horrifique actuel tend à jouer à la surenchère, le nouveau film de Alex Garland semble rendre hommage aux classiques des années 70 et 80 et on pensera notamment aux films de David Lynch, James Carpenter (The Thing) et David Cronenberg (pour sa dernière partie qui n’hésite pas à jouer la carte de l’horreur viscérale débridée). Pourtant c’est sa dernière partie qui nuit d’une certaine manière à l’efficacité de ce film tant le travail sur le son est cristallin et l’interprétation de Jessie Buckley est puissante. Alors que nous gardons encore en mémoire l’excellent Midsommar (2019) d’Ari Aster, Men se révèle moins percutant et aurait gagné à avoir un tempo moins contemplatif et plus rapide. Loin du home invasion classique et du film reposant sur un milieu hostile. Certes l’utilisation du ralenti, du son (notamment pour cette scène mémorable dans un tunnel) et la musique de Ben Salisbury, Geoff Barrow déstabilisent les spectateurs et nous troublent en plongeant l’héroïne dans un cauchemar éveillé.
Men réussi pourtant là où le cinéma nous laisse souvent perplexe soit en nous proposant un film surprenant tel un roller coaster que nous prendrons et capable aussi bien à nous faire peur qu’à nous surprendre. Loin du consensualisme de la majorité des productions cinématographiques actuelles, Men montre que le cinéma indépendant reste bien le seul capable de jouer avec les règles imposées par la structure d’une œuvre cinématographique trop souvent conçue comme un produit marketing dénué d’un véritable regard d’un réalisateur. Reste que la dernière partie avec cette scène proche de l’univers de HP Lovecraft aurait méritée d’être mieux amenée pour gagner en efficacité et ne pas casser le rythme d’un film inquiétant et efficace.
Men
Écrit et réalisé par Alex Garland
Produit par Andrew Macdonald, Allon Reich
Avec Jessie Buckley, Rory Kinnear
Directeur de la photographie : Rob Hardy
Montage : Jake Roberts
Musique : Ben Salisbury, Geoff Barrow
Société de production : DNA Films
Distribué par A24 (États-Unis), Entertainment Film Distributors (Royaume-Uni), Metropolitan FilmExport (France)
Dates de sortie : 20 mai 2022 (États-Unis), 1er juin 2022 (Royaume-Uni), 8 juin 2022 (France)
Durée du film : 100 minutes
Vu le 10 juin 2022 au Gaumont Disney Village, Salle 8 place A19
Note de Mulder: