Un espion de trop

Un espion de trop
Titre original:Un espion de trop
Réalisateur:Don Siegel
Sortie:Cinéma
Durée:102 minutes
Date:07 juin 1978
Note:
Nicolaï Dalchimsky, un employé des archives du KGB, est parti aux Etats-Unis, avec un document hautement sensible en sa possession. Dans le passé, les services secrets russes avaient infiltrés des dizaines de leurs agents en Amérique, les laissant en veille dans la crainte d'une escalation de la Guerre froide. Alors que le climat international est à la détente, Dalchimsky réveille un à un les saboteurs infiltrés et déclenche leur programme subconscient de missions suicides. Les Russes envoient alors le major Grigori Borzov pour éliminer Dalchimsky et mettre un terme à cette série d'actes terroristes très compromettante.

Critique de Mulder

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Critique de Tootpadu

Tous les éléments de ce film d'espionnage jouissif défient la convention et pourtant, ou peut-être justement grâce à cette rupture avec le prévisible, ce vestige de la Guerre froide est toujours aussi passionnant de nos jours que lorsque nous l'avions découvert, il y a fort longtemps déjà. Les grains de sable qui font dérailler le système coulent en effet de partout, que ce soit chez les Russes, traditionnellement les méchants dans le cinéma américain, mais drôlement embêtés ici, ou chez les Américains, passablement dans le flou, si ce n'était pour les prouesses mentales de la programmatrice d'ordinateur. Et que dire de cet antagoniste parfaitement caricatural, qui représente néanmoins dans sa frénésie muette et le besoin maladif de voir la destruction à l'oeuvre un des rôles phares de Donald Pleasence ? Enfin, l'épice ne manque pas non plus, puisque Lee Remick n'est pas seulement l'espionne la plus séduisante de l'histoire du cinéma (avec Eva Marie Saint dans La Mort aux trousses, naturellement), mais sa relation avec un Borzov pas sans charme non plus fonctionne merveilleusement bien.
Tel a été notre plaisir de retrouver cette perle du film d'espionnage, hélas trop méconnue, que nous n'avons pas tant fait attention au jeu sur les températures. En fait, nous avions élaboré à l'époque toute une théorie sur les différents indices qui enrichissent le récit, quant au chaud et au froid des émotions et des tensions, qui font avancer l'intrigue. Disons que c'est la faute à la mise en scène, toujours aussi bluffante dans sa maîtrise de la narration et du montage. Très rares sont ainsi les séquences (comme l'exposition du programme Telefon et du plan d'élimination de Dalchimsky dans les bureaux du KGB) qui respectent une ennuyeuse suite de plans pour faire passer l'information. Dès le générique et son action de police, dont l'ironie laisse présager l'intelligence de la suite, un emploi à la précision parfaite de plans à fort caractère dramatique dynamise le récit avec une élégance de style dont Don Siegel tient le secret.

Revu le 18 mai 2007, à la Cinémathèque Française, Salle Georges Franju, en VO

Note de Tootpadu: