A banquet

Certains ne verront que dans A banquet qu’un simple film de possession voire un thriller psychologique horrifique obsessionnel pourtant le premier film de la réalisatrice Ruth Paxton se révèle être nettement plus complexe que cela. En effet en abordant les thématiques de la foi, du deuil, de l’éclatement familial, de la transformation physique et psychologique, A banquet a tout pour s’imposer comme un modèle du genre y compris un excellent casting intergénérationnel féminin. Derrière ce portrait d’une famille incapable de faire face à ce qui arrive à leur fille ainée, A banquet est clairement un hommage à peine déguisé aux thrillers psychologiques horrifiques des années 60 t 70 et on pensera notamment à Rosemary's Baby (1968) et à L'Exorciste (The Exorcist) (1973)).

La structure du film semble clairement suivre celle des films d’horreur avec sa scène d’introduction très forte dans lequel le père de deux jeunes adolescentes, Betsey (Jessica Alexander), Isabelle (Ruby Stokes) décide de mettre fin à ses jours en avalant de l’eau de javel suite à une maladie qui le ronge et sans possibilité de guérison. Holly -Sienna Guillory) son épouse se retrouver à devoir élever leurs deux filles dans une vaste maison. Lorsque Betsey lors d’une soirée entre amis se retrouve attiré par une mystérieuse lune rouge et perd conscience les choses vont prendre un étrange tournant pour sa famille encore endeuillée. En effet celle-ci semble avoir fait l'expérience d'une profonde illumination et se retrouve sous l’effet d’une puissance surnaturelle. Cette emprise l’empêche de se nourrir et son comportement devient de plus en plus inquiétant comme si elle n’était plus capable de maitriser ses pulsions. Sa mère tente de trouver un remède mais se trouve dépasser par les événements.

En s’éloignant du simple thriller horrifique, le scénario plutôt habilement écrit par Justin Bull permet à la réalisatrice de dresser le portrait d’une famille monoparentale en pleine crise. En reposant sur l’interprétation solide des trois comédiennes principales Sienna Guillory, Jessica Alexander et Ruby Stokes, A banquet fait preuve d’une réelle imagination et aborde également les troubles de l’alimentation et s’oriente vers le drame familial et prend la structure d’un film en trois actes distincts dont les dernières minutes bifurquent vers le drame intense et apporte un semblant d’explication jusqu’à la scène finale qui risque de déstabiliser plus d’un spectateur.

La réalisatrice Ruth Paxton livre ici un premier film réussi qui bénéficie d’une distribution majoritairement féminine à l’ambiance omniprésente inquiétante. Le cinéma de genre britannique semble connaitre un véritable renouveau comme le prouve si bien A banquet.

A Banquet
Réalisé par Ruth Paxton
Produit par Leonora Darby, Nik Bower, James Harris, Mark Lane, Laure Vaysse
Écrit par Justin Bull
Avec Sienna Guillory, Jessica Alexander, Ruby Stokes
Musique : Cj Mirra
Directeur de la photogaphie : David Liddell
Montage : Matyas Fekete
Sociétés de production : HanWay Films, Tea Shop Productions, Riverstone Pictures, REP Productions 8 Ltd.
Distribué par IFC Midnight (Etats-Unis), Alba films (France)
Date de sortie : 10 septembre 2021 (Toronto), 18 février 2022 (Etats-Unis), 30 novembre 2022 (France)
Durée du film : 97 minutes

Vu le 6 février 2022 (screener presse)

Note de Mulder: