Madres paralelas

Madres paralelas
Titre original:Madres paralelas
Réalisateur:Pedro Almodóvar
Sortie:Cinéma
Durée:120 minutes
Date:01 décembre 2021
Note:
Deux femmes, Janis et Ana, se rencontrent dans une chambre d’hôpital sur le point d’accoucher. Elles sont toutes les deux célibataires et sont tombées enceintes par accident. Janis, d’âge mûr, n’a aucun regret et durant les heures qui précèdent l’accouchement, elle est folle de joie. Ana en revanche, est une adolescente effrayée, pleine de remords et traumatisée. Janis essaie de lui remonter le moral alors qu’elles marchent tel des somnambules dans le couloir de l’hôpital. Les quelques mots qu’elles échangent pendant ces heures vont créer un lien très étroit entre elles, que le hasard se chargera de compliquer d’une manière qui changera leur vie à toutes les deux.

Critique de Marianne Velma

Un supplément d’âme. Voilà ce qui caractérise le cinéma de Pedro Almodovar. Cachés derrière la colorimétrie de la Movida, dissimulés dans un thriller baroque ou niché au cœur d’un drame intime, ces 21 grammes impalpables ne manquent jamais, comme une signature métaphysique. Avec Madres paralas, le cinéaste semble naviguer en terrain conquis. Une histoire de femmes, de mères, de désir et un parfum de mystère. Pourtant une thématique inattendue, sur le passé de l’Espagne, s’invite entre les lignes du polar psychologique lui donnant une aura dont seul le cinéaste a le secret.

Pour commencer, Pedro Almodovar s’amuse à redessiner les atours classiques du thriller hitchcockien. Les péripéties du destin, la brune sage qui se transforme en blonde incandescente, les secrets inavoués, la machination… rien ne manque au programme. Sauf que le chassé-croisé amoureux concerne cette fois-ci deux femmes, les hommes étant relégués au second plan. Voire hors champ. Devant la caméra du réalisateur ibérique, Penélope Cruz, dont la beauté donne le vertige affronte une ballerine faussement fragile, la nouvelle venue Milna Smit. 

Si la valse à contretemps entre ces deux mères intrigue autant qu’elle fascine, le spectateur ne doit pas se laisser duper. La thématique principale ne se focalise pas comme chez Hitchcock sur la moralité, ni même sur le supposé amour inconditionnel des mères pour leur progéniture. Chez Almodovar, le débat tourne autour du poids du secret, du mensonge que l’on croit pouvoir porter et des répercussions sur les lignées familiales. La fin vient ainsi déjouer les attentes liées à un thriller classique.

Cette histoire parallèle, autour de ces charniers qui renferment les horreurs d’un passé que les Espagnols ont été forcés d’ignorer, offre une métaphore parfaite au cinéaste pour conclure son récit. Peu importe la détermination de certains, les mensonges refont toujours surface, créant des souffrances qui traversent le temps et les générations. L’Espagne ne peut faire l’économie de ce devoir de mémoire au nom d’une soi-disant bien-pensance qui voudrait que l’oubli reste préférable à la vérité. Que Pedro Almodovar s’empare de ce sujet prouve que le pays ose enfin la relecture historique. Il était temps…

Madres Paralelas
Réalisé et écrit par Pedro Almodovar
Produit par Augustin Almodovar et Esther Garcia 
Avec Penélope Cruz, Milena Smit, Israel Elejalde, Aitana Sanchez-Gijon, Rossy de Palma, Julieta Serrano
Directeur de la photographie : José Luis Alcaine (AEC)
Montage : Teresa Font
Musique : Alberto Iglesias
Sociétés de production : Remotamente Films A.I.E., El Deseo D.A., S.L.U.
Distribué par Pathé (France)
Date de sortie : 1er décembre 2021 (France)
Durée du film : 120 minutes

Vu le 22 novembre 2021 à la salle Pathé.

Note de Marianne Velma: