S.O.S Fantômes : L’héritage

S.O.S Fantômes : L’héritage
Titre original:Ghostbusters Afterlife
Réalisateur:Jason Reitman
Sortie:Cinéma
Durée:125 minutes
Date:01 décembre 2021
Note:
Une mère célibataire et ses deux enfants s'installent dans une petite ville et découvrent peu à peu leur relation avec les chasseurs de fantômes et l'héritage légué par leur grand-père.

Critique de Marianne Velma

Proposer un nouveau film Ghostbusters en 2021 a-t-il encore du sens ? Cette question, le réalisateur Jason Reitman (Juno, Tully) et son équipe ont dû se la poser, surtout après l’échec artistique et commercial du reboot de 2016 pourtant porté par Paul Feig. Et si justement c’était ce ratage qui avait semé les graines de S.O.S. Fantômes, l’héritage ? Et que ce projet avait pris vie grâce à une volonté de retrouver l’esprit des films originaux beaucoup plus que pour relancer une énième franchise ? Dans ce contexte, Jason Reitman semblait logiquement le mieux placé pour reprendre le flambeau laissé par son père Ivan qui officiait sur les deux premiers longs métrages. Qui d’autre que lui pouvait pleinement comprendre ce cinéma vintage dans lequel il baigne depuis son enfance ?

Dès sa scène d’introduction, les codes du genre s’imposent. Un mélange de mystère, de magie et de sens comique embrase la pellicule. Ensuite arrive l’exposition, prémisse indispensable à toute bonne histoire, dont l’ambition principale reste de poser les personnages. Dans les blockbusters modernes, ces passages se retrouvent souvent sacrifiés sur l’autel de la sacro-sainte action. Les exécutifs à Hollywood pensant sûrement que les spectateurs ont désormais le niveau de concentration d’un poisson rouge. Dans S.O.S Fantômes, l’héritage, les présentations de Phœbe (Mckenna Grace), Trevor (Finn Wolfhard), leur maman (Carrie Coon) et Monsieur Gooberson (Paul Rudd) prennent leur temps. Quelle bonne idée de laisser le manque d’incarnation aux seuls vrais revenants du long métrage !

Mais au-delà de sa gestion vintage de la fabrication d’un film, S.O.S. Fantômes réussit à décliner sa thématique principale, l’héritage, dans toutes ses composantes : dans les effets spéciaux volontairement old school, dans la réintroduction maline des créatures du film (notamment le Bibendum chamallow ressuscité dans une séquence rappelant volontairement les Gremlins de Joe Dante) mais surtout dans sa manière de tisser une trame narrative mélangeant le nouveau et l’ancien, mais aussi le réel et la fiction. C’est sans doute dans cet entrelacs méta que se situe toute la richesse du scénario. Difficile ainsi de retenir ses larmes devant l’émouvante conclusion du long métrage. Pour une fois le sous-titre français, l’héritage, a plus de résonnance que le Afterlife de la version originale.

Pour autant pas question de simplement jouer la carte de la nostalgie. Pour éviter la redite, Jason Reitman a la bonne idée de déplacer l’action de la ville à la campagne, là où existe déjà un imaginaire foisonnant autour de la maison hantée. Le cinéaste n’oublie pas que cette ode au passé doit aussi s’ancrer dans le présent et se transmettre à une nouvelle génération. Les jeunes spectateurs doivent s’approprier ces mythes à leur tour. Comment ? En leur offrant quelques références récentes à se mettre sous la rétine. L’ombre de Stranger Things plane ainsi sciemment sur S.O.S. Fantômes, comme un juste retour des choses. La bâtisse délabrée a elle des faux airs du manoir de la série Locke and Key, adaptée de l’œuvre de Joe Hill, lui-même fils de Stephen King…

Reste la question que tout le monde se pose, une suite apparait-elle comme envisageable ? Difficile à dire mais si une nouvelle franchise venait à naître, elle pourrait s’établir sur des bases neuves. S.O.S. Fantômes, l’héritage ayant apporté une parfaite conclusion à une histoire commencée en 1984.

S.O.S Fantômes : L’héritage (Ghostbusters Afterlife)
Réalisé par Jason Reitman
Écrit par Gil Kenan, Jason Reitman
Basé sur Ghostbusters de Dan Aykroyd, Harold Ramis, Ivan Reitman
Produit par Ivan Reitman
Avec Carrie Coon, Finn Wolfhard, Mckenna Grace, Paul Rudd, Bill Murray, Dan Aykroyd, Ernie Hudson, Annie Potts, Sigourney Weaver, Bokeem Woodbine, Marlon Kazadi, Sydney Mae Diaz, Tracy Letts, Josh Gad , J. K. Simmons 
Image : Eric Steelberg
Montage : Dana E. Glauberman, Nathan Orloff
Musique : Rob Simonsen
Sociétés de production : Columbia Pictures, Bron Creative, Ghost Corps, The Montecito Picture Company, Right of Way Films
Distribué par Sony Pictures Releasing
Date de sortie : 23 août 2021 (CinemaCon), 19 novembre 2021 (États-Unis), 1er décembre 2021 (France)
Durée du film : 125 minutes

Vu le 16 novembre 2021 au Club Lincoln

Note de Marianne Velma:

Critique de Mulder

“ Ghostbusters!
If there's something strange
In your neighborhood
Who you gonna call?
Ghostbusters! “  - Ghostbusters, Ray Parker Jr

Certains films ont acquis le niveau d’œuvres culte avec le temps non seulement en redéfinissant le blockbuster américain mais surtout en montrant l’importance et l’impact que pouvaient avoir le cinéma sur toute une génération de spectateurs. Assurément le film Ghostbusters   (1984) réalisé et produit par Ivan Reitman et écrit par Dan Aykroyd et Harold Ramis a non seulement été un véritable phénomène mondial mais a permis à ses comédiens principaux Bill Murray (Peter Venkman), Dan Aykroyd (Ray Stantz), Ernie Hudson (Winston Zeddemore), Harold Ramis (Egon Spengler) et Sigourney Weaver (Dana Barrett) de s’imposer comme des comédiens de remporter le cœur du public et une popularité colossale et internationale. 

Même si le second volet réalisé par le même réalisateur et ayant les mêmes scénaristes a déçu de nombreux fans, la saga Ghostbusters est restée l’une des plus appréciées avec notamment un reboot décevant SOS Fantômes (2016) (version féminine de l’équipe du premier film), de nombreux jeu vidéo (Ghostbusters (1984), Ghostbusters II (1990) , New Ghostbusters 2 (1990)., Ghostbusters, le jeu vidéo (2009) et Ghostbusters: Sanctum of Slime (2011)) , deux séries d’animation et de nombreux comics. On comprend donc aisément la volonté de Columbia Pictures de relancer cette saga cinématographique et ainsi proposer une conclusion honorable à la saga originale devenue ainsi une véritable trilogie mais aussi de commencer à créer des bases solides pour une toute nouvelle génération de chasseurs de fantômes.  Personne d’autre que le propre fil du réalisateur des deux premiers film (Ivan Reitman), Jason Reitman n’était le mieux placer accomplir cette mission périlleuse avec succès. 

Ce nouveau chapitre à la saga Ghostbusters se devait de reposer sur un scénario maitrisé et trouver une manière de relancer la saga en introduisant de nouveaux personnages. Alors que nous aurions aimé retrouver l’équipe originale au centre même du récit (hormis Harold Ramis décédé en février 2014), les scénaristes Gil Kenan, Jason Reitman ont préféré opter pour une approche mettant en scène une nouvelle génération de chasseurs de fantômes en mettant au centre du récit, les petits enfants de Egon Spengler, Trevor (Finn Wolfhard) et Phoebe Splengler (Mckenna Grace) en en introduisant comme personnage principal le professeur d’école Gary Grooberso (Paul Rudd). Virés de leur appartement car ne pouvant pas payer leur loyer, Callie Spengler et ses deux enfants Trevor et Phoebe emménagent dans une nouvelle ville, Summerville (Oklahoma) et découvrent rapidement qu'ils ont un lien avec les premiers S.O.S. Fantômes et l'héritage secret laissé par leur grand-père.

Loin de vouloir faire une comédie action fantastique typique de celles actuelles avec leur multitude d’effets spéciaux et de scènes d’actions spectaculaires, le réalisateur Jason Reitman préfère retrouver tout le charme des blockbusters post Spielberg des années 80 et ainsi rester fidèle au style du premier film. Au fur et à mesure que les personnages principaux sont présentés et que les choses du passé sont découvertes comme un compteur PKE et le véhicule Ecto-1. Le film marque également le retour du puissant Gozer que l’équipe des Ghostbusters avaient affrontés dans le premier film. Il en ressort un film qui joue à la perfection avec la nostalgie des spectateurs. La nostalgie joue totalement son plein quand arrive enfin vers la fin Peter Venkman, Ray Stantz et Winston Zeddemore. 

Jason Reitman remplit ainsi aisément son objectif de dépoussiérer la saga originale et de la conclure en introduisant des éléments propices à une nouvelle saga cinématographique. Ce n’est donc pas un hasard fortuit de retrouver à la fin du film deux séquences pendant le générique que cela soit  Peter Venkman et Dana Barrett jouant avec des cartes ESP et la machine à chocs de Venkman ou encore une séquence montrant que Winston qui a réussi à construire un véritable empire financier n’a pas oublier son passé de chasseurs de fantômes et qu’il a utilisé ses fonds pour entretenir la fameuse caserne des Ghostbusters.. Le succès public remporté aux Etats-Unis annonce bien que l’univers Ghostbusters a encore un avenir radieux à l’horizon à condition d’être dans de bonnes mains et surtout à l’écoute du public.

Vu le 21 novembre 2021 au Gaumont Disney Village, Salle 7 place A21

Note de Mulder:

Critique de Juliette

Comme son nom l’indique, S.O.S Fantômes : L’héritage est avant tout une histoire de famille, autant dans la forme que dans le fond. Derrière la caméra, on retrouve Jason Reitman, qui n’est autre que le fils d’Ivan Reitman, réalisateur des deux premiers opus de Ghostbusters. Tous les deux ont d’ailleurs travaillé main dans la main pour ce film. Et ça se sent. Empreint de nostalgie et de modernité, ce troisième épisode parlera à tous ; à la fois aux fans de la première heure, comme à leurs enfants et petits-enfants.

À la mort de son père, Callie (Carrie Coon) hérite de sa maison branlante perdue au fin fond des États-Unis. Acculée par des dettes, elle n’a d’autre choix que d’y emménager avec ses enfants, Phœbe (Mckenna Grace) et Trevor (Finn Wolfhard). Les deux adolescents, réticents au départ, finissent par apprécier ce changement d’environnement. Phœbe, petit génie en herbe, va s’emparer des inventions étranges qui s’amoncellent dans la vieille bicoque. Scientifique accomplie, elle est la digne héritière de son grand-père. Trevor de son côté, s’amourache vite de la charmante serveuse du drive-in et décide d’y travailler pour l’été. Callie, en revanche, peine à trouver sa place. Et pour cause, cet endroit lui rappelle chaque jour que son père l’a abandonnée. Elle a alors bien du mal à accepter le soudain intérêt de sa fille pour ce dernier. Seul le déluré et attachant Mr. Grooberson (Paul Rudd) parviendra à lui redonner un peu le sourire.

Tout l’intérêt du film réside sur ce paradoxe que représente l’héritage familial. Parfois lourd à porter pour certains, il permet à d’autres de mieux comprendre d’où ils viennent et donc qui ils sont. Ce sujet évoqué tout du long fait de ce nouveau S.O.S Fantômes un film plus profond qu’il n’y paraît. Mais que les fans se rassurent, il parvient également à rendre hommage avec brio à l’ensemble de la saga. Les easter eggs et les surprises riches en émotion ne manquent pas ! Tout comme les aventures rocambolesques d’ailleurs. Phœbe et Trevor vont devoir affronter les fantômes du passé de leur grand-père. Heureusement, ils ont hérité de son courage et de certaines de ses inventions les plus célèbres. Que la chasse aux fantômes commence !

Vu le 16 novembre 2021 au Club Lincoln

Note de Juliette: