Last Night in Soho

Last Night in Soho
Titre original:Last Night in Soho
Réalisateur:Edgar Wright
Sortie:Cinéma
Durée:116 minutes
Date:27 octobre 2021
Note:
Last Night in Soho met en scène l’histoire d’une jeune femme passionnée de mode et de design qui parvient mystérieusement à retourner dans les années 60 où elle rencontre son idole, une éblouissante jeune star montante. Mais le Londres des années 60 n’est pas ce qu’il paraît, et le temps semble se désagréger entraînant de sombres répercussions.

Critique de Marianne Velma

Le passé hante littéralement la filmographie d’Edgar Wright. Parfois, il sert de moteur narratif, d’autres fois, il s’invite sous la forme de flashbacks et la plupart du temps, il vient nourrir les névroses des personnages. Rien de surprenant donc à le voir s’attaquer avec panache à son premier film de voyage dans le temps. Enfin pas tout à fait. Car comme toujours chez le cinéaste, les apparences dissimulent le piège qu’il tend au spectateur. 
Ce trompe-l’œil grandeur nature commence comme un bonbon sucré, à base de robes aux couleurs opalescentes et de musiques pop enthousiasmantes sur lesquelles plane la magie du « Swinging London ». Un Londres qui n’existe plus vraiment, mais qui réapparaît à qui veut bien le voir. Eloïse (Thomasin Mackenzie qui joue ici de son physique multifacettes avec talent) fascinée par cette période appartient justement à cette catégorie d’êtres sensibles. 

Telle Alice passant de l’autre côté du miroir, la jeune femme se retrouve immergée dans un nouveau monde, avec comme guide une mystérieuse chanteuse en devenir (Ana-Taylor Joy magnétique, les années 60 lui vont décidément très bien). Les destins des deux demoiselles se mélangent à travers le temps dans une course folle. Une dualité que le cinéaste retranscrit à l’écran de manière assez somptueuse dans des séquences tour à tour magiques et terrifiantes. 

Soudain, Last Night in Soho se départit de ses atours merveilleux pour basculer vers l’horrifique. Les références méta, nombreuses, ne viennent jamais encombrer la lisibilité de l'histoire, mais Wright emprunte clairement plus l’esthétique du Giallo que celle du Slasher contemporain. La caméra subjective et certaines scènes purement sensorielles, mêlant le réel au cauchemar, constituent un petit trésor de l’épouvante. 

Dans cet exercice de style réussi, les fantômes endossent un rôle qui dépasse le simple sursaut narratif. Ils incarnent les oripeaux d’un patriarcat dont la violence finit par créer des monstres invisibles (ou presque) aux yeux de tous. Edgar Wright, lui-même assez nostalgique comme ses personnages, nous rappelle que sous la dorure, la pourriture attend souvent tapie dans l’ombre. 

Last Night in Soho
Écrit et réalisé par Edgar Wright 
Co-écrit par Krysty Wilson-Cairns 
Produit par Nira Park, Tim Bevan, Éric Fellner et Edgar Wright. 
Sur une idée de Edgar Wright 
Avec Thomasin McKenzie, Anya Taylor-Joy, Matt Smith, Diana Rigg, Terence Stemp, Sam Clafin, Rita Tushingham, Synnove Karlsen et Michael Ajao. 
Musique : Steven Price 
Directeur de la photographie : Chung-Hoon Chung 
Montage : Paul Machliss 
Production : Focus Features, Working Title Films, Complete Fiction films
Distribué par Universal Pictures International (France) et Focus Features (États-Unis)
Date de sortie : 27 octobre 2021 (France), 29 octobre 2021 (États-Unis) 
Durée du film : 116 minutes 

Vu le 12 octobre 2021 au Royal Monceau 

Note de Marianne Velma: