Les choses humaines

Les choses humaines
Titre original:Les choses humaines
Réalisateur:Yvan Attal
Sortie:Cinéma
Durée:138 minutes
Date:24 novembre 2021
Note:
La famille Farel est un couple de pouvoir : Jean est un célèbre journaliste politique français, et sa femme, Claire, est une essayiste connue pour ses engagements féministes. Ensemble, ils ont un fils modèle, Alexandre, étudiant dans une prestigieuse université américaine, dont la vie est menacée.

Critique de Mulder

Curieux choix de propose en clôture d’un festival du cinéma américain de Deauville aussi réussi soit-il, pourtant le nouveau film écrit et réalisé par Yvan Attal (Ma femme est une actrice (My Wife Is an Actress) (2001), Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants (Happily Ever After) (2003), Do Not Disturb (2012), Ils sont partout (The Jews) (2016), Le Brio (2017), Mon chien stupide (My Dog Stupid) (2019)) est assurément l’un de ses meilleurs tant il montre un réel soin au niveau de l’écriture, de la direction des comédiens et de la réalisation. On se doute que les grands thrillers des années 70 ont eu une influence importante sur la conception de ce film. En mettant au centre de son récit des accusations de viol et en faisant subir à un jeune adulte issu d’un milieu très favorisé un jugement sévère lié à une relation qui s’est mal passée après une soirée bien arrosée, le film semble vouloir alerter l’opinion publique sur des constations trop rapidement expédiées et sur des conclusions hâtives et sévères de conséquences aussi bien sur la présumée victime que sur l’agresseur.  

Nous découvrons une famille aisée et séparée dont le mari Jean Farel (Pierre Arditi) est un puissant journaliste politique français et son ex-femme, Claire une essayiste populaire connue pour ses engagements féministes forts. Leur enfant unique, Alexandre (Ben Attal) est un étudiant qui a entrepris des études universitaires aux Etats-Unis et qui de passage à Paris pour voir ses parents séparés se retrouve suspecté de viol sur la fille Mila (Suzanne Jouannet) du nouveau compagnon de sa mère Jean (Matthieu Kassovitz). Alexandre se voit attribué un avocat d’office (interprété par Benjamin Lavernhe). Après avoir été arrêté et mis en prison, la liberté conditionnelle d’Alexandre est annulée après que celui-ci ait tenté de discuter dans la rue avec Mila. Il s’ensuit un long procès dans lequel différents points de vue vont s’opposer et la vérité avoir quelques difficultés à être perçues.

Les choses humaines est clairement constitué de deux parties. La première très méticuleuse montre comment des accusations de viol peut mettre en difficulté une famille entière et  peut subir les attaques nombreuses de l’opinion publique et aller jusqu’à détruire certaines personnes. Il est intéressant de voir que les deux familles en question sont montrées de manière très documentée et portent en elle une véritable colère que cela soit la famille d’Alexandre qui réfute les faits ou celle de la victime également séparée et dont la femme très religieuse souhaite que la vérité éclate et s’oppose à ce que l’argent proposé par l’avocat des parents d’Alexandre mette fin à ces accusations de viol.   La seconde reprend les traits des films de plaidoirie et se révèle être la plus intéressante et réussie tant la réalisation est inspirée et capte totalement l’attention du public. 

Le scénario habilement écrit par Yvan Attal se révèle suffisamment bien construit pour donner aux comédiens principaux des rôles forts. Yvan Attal s’est entouré dans les rôles principaux de son fils ainé Ben Attal et de sa femme, Charlotte Gainsbourg, avec laquelle il avait déjà tourné dans Ma femme est une actrice (My Wife Is an Actress) (2001). Le reste du casting se révèle plutôt judicieux avec notamment des comédiens réputés comme Matthieu Kassovitz, Pierre Arditi, Benjamin Laverhne (un des meilleurs comédiens actuels français), Audrey Dana. Il en ressort un film parfaitement maitrisé et qui sait jouer habilement avec les nerfs des spectateurs. De la même manière, Les choses humaines laisse trainer longtemps le doute si le viol a réellement eu lieu ou si la présumée victime ne souhaitait pas plutôt se venger suite au mauvais traitement que ce fils de bonne famille lui a fait subir. Le film joue habilement sur le vocabulaire ayant plusieurs sens et sur les tournures de certaines relations sexuelles qui peuvent être vues différemment.

Certes le film se retrouve être embarrassant par moment notamment par les mœurs du père d’Alexandre, Jean Farel qui a 70 ans ne retrouve l’amour qu’auprès d’une jeune secrétaire de 20 ans et dont la différence d’âge semble être justifié uniquement par l’argent colossal que cet homme possède. Se croyant tout permis cet homme va jusqu’à prononcer lors du procès certaines phrases pouvant être très mal interprétées et semble vouloir dire que l’argent peut tout excuser. Pourtant ces scènes passent grâce à l’excellente réalisation d’Yvan Attal qui se trouve être aussi bon comédien que réalisateur. On comprend aisément sa volonté ici de se consacrer uniquement à l’écriture et à la réalisation afin de contrôler parfaitement son film. On pourrait peut-être reprocher au film sa trop longue durée mais elle n’entrave en rien le rythme du film qui nous a complètement conquis par sa force émotionnelle. Assurément après ses deux précédents films qui nous avaient déçus, Yvan Attal revient à un genre qu’il maitrise totalement. On ne peut que vous encourager à découvrir ce film qui a également été présenté au festival de la Mostra de Venise hors compétition.

Les choses humaines
Écrit et réalisé par Yvan Attal
d'après le livre de Karine Tuil "Les choses humaines".
Produit par Yvan Attal et Olivier Delbosc  
Avec Ben Attal, Suzanne Jouannet, Charlotte Gainsbourg, Mathieu Kassovitz, Pierre Arditi, Audrey Dana, Benjamin Lavernhe & Judith Chemla
Musique : Mathieu Lamboley
Directeur de la photographie : Rémy Chevrin
Montage : Albertine Lastera 
Sociétés de production : 
Distribué par Gaumont (France)
Date de sortie : 24 novembre 2021 (France)
Durée : 138 minutes

Vu le 11 septembre 2021 au Casino Cinema (Deauville)

Note de Mulder: