L’amour c’est mieux que la vie

L’amour c’est mieux que la vie
Titre original:L’amour c’est mieux que la vie
Réalisateur: Claude Lelouch
Sortie:Cinéma
Durée:90 minutes
Date:19 janvier 2022
Note:
Gérard, Ary et Philippe se sont rencontrés il y a vingt ans, à leur sortie de prison, et se sont immédiatement demandé si l'honnêteté était la meilleure des ruses. Aujourd'hui, ils sont inséparables et scrupuleusement vertueux. Mais Gérard apprend qu'il est atteint d'une maladie incurable...

Critique de Mulder

Claude Lelouch est assurément l’un des réalisateurs français les plus appréciés et reconnus du cinéma français. Avec plus de soixante quatre ans de carrière comme réalisateur, certains de ses films ont marqué à jamais nos mémoires que cela soit Un homme et une femme (1966) (Palme d'or, Golden globes du meilleur film étranger, Oscar du meilleur film étranger et du meilleur scénario original en 1967), L’aventure c’est l’aventure (1972), Les uns et les autres (1981), Itinéraire d’un enfant gâté (1988), Les Misérables (1994) et tant d’autres. Cependant le trait qui caractérise le mieux sa filmographie est son inégalité et il serait ainsi intéressant de comparer comme le bon vin les années fastes et celles plutôt décevantes dans lesquelles certains de ses films semblent de simples copier-coller de thématiques ressassées à travers les années. La patte du réalisateur et scénariste se ressent indéniablement au centre de chacun de ses films tant Claude Lelouch aime les acteurs et soigne réellement aussi bien leurs dialogues que la psychologie de leurs personnages.

Assurément L’amour c’est mieux que la vie est l’un de ses plus mauvais films à ce jour tant il se complait dans la facilité et semble avoir été tourné sans réelle conviction et rapidement. Pourtant les premières images du film montrant certains des plus beaux paysages mondiaux pour montrer la grande variété des modes de vie et l’empreinte plus ou moins importante de la société humaine sur la nature aurait pu annoncer un film se déroulant dans plusieurs pays avec des moments de vie comme Claude Lelouch sait si bien les filmer. Pourtant après cette introduction très belle et originale, la suite déçoit constamment et semble être qu’une succession de scénettes laissant la place à trop d’improvisation et un casting devant bâtir leur personnage sans réel repère. Alors qu’un film à sketch a au moins un début et une fin, on se retrouve ici avec un film mettant en scène Jésus sous la forme d’un hippie ou d’une femme et le diable de manière surprenante sous la forme d’une femme incarnée par Béatrice Dalle. De la même manière, on retrouve au centre du récit de nouveau des thématiques fortes aux yeux du réalisateur comme l’amitié, l’amour et la rédemption mais aussi l’argent.

Nous découvrons ainsi trois hommes qui se sont rencontrés en prison, Gérard (Gérard Darmon), Ary (Ary Abittan) et Philippe (Philippe Lellouche) et qui ont réussi leur seconde vie en s’associant et en surfant sur une chance réelle et en investissant sur de bons domaines sociables. Pourtant leur amitié va être mise à rude épreuve lorsque Gérard est atteint d’une grave maladie en phase terminale et qu’il ne lui reste que quelques jours à vivre. En apprenant cela Ary et Philippe décident d’avoir recours à une agence de call-girl de luxe pour permettre à Gérard de vivre sa dernière grande histoire d’amour. L’histoire aurait pu s’imposer comme une belle histoire dramatique si le scénariste et réalisateur Claude Lelouch s’était un tant soi peu réellement investi pour donner à son film une allure autre qu’un téléfilm au casting luxueux et ne divaguant pas hors sujet comme cette scène dans laquelle Jésus est interrogé dans un commissariat ou encore cette économie de lieux de tournages et de peu de figurants présents. Certes la crise de la covid19 n’a pas du aider dans la création de ce film mais de là à voir d’excellents comédiens livrés à eux-mêmes et surjouant pour la plupart fait que L'amour c'est mieux que la vie ! n’est vraiment pas le meilleur film d’un réalisateur que nous apprécions et qui a donné ses lettres de noblesse au cinéma français.

L’autre souci important de L'amour c'est mieux que la vie ! est son montage problématique qui fait que certaines scènes du film s’étirent réellement trop et reposent sur des improvisations plus ou moins convaincantes. Malgré le fait de retrouver des comédiens que nous apprécions comme Sandrine Bonnaire, Gérard Darmon, Elsa Zylberstein, Ary Abittan, Béatrice Dalle, Philippe Lellouche, Clémentine Célarié et Kev Adams, la déception est de taille face à un film qui ne semble pas savoir dans quelle direction se diriger. Alors que son précédent film La Vertu des impondérables avait été tourné avec un iphone et était sorti directement sur Canal + le 13 juin 2020, on se demande si ce film n’aurait pas gagné à sortir directement sur une plateforme de streaming tant on se retrouve face à une création trop calquée sur des productions faites pour la télévision et un public assez âgé. 

Notre perplexité est encore plus grande quand le film recycle des scènes des précédents films de Claude Lelouch comme si le réalisateur continuait à vivre dans le passé sans réellement s’adapter au nouveau courant cinématographique actuel. De la même manière, le film se permet de faire comme dans Retour vers le futur 2 en indiquant la présence d’une suite en annonçant le casting à venir notamment Christophe Lambert. Ces fausses bonnes idées n’aident en rien ce film à gagner les faveurs du public payant leur place de cinéma et non invités à une soirée donnée dans le cadre de notre festival de cinéma préféré de Deauville.

L'amour c'est mieux que la vie !
Écrit et réalisé par Claude Lelouch
Produit par Claude Lelouch
Avec Sandrine Bonnaire, Gérard Darmon, Elsa Zylberstein, Ary Abittan, Béatrice Dalle, Philippe Lellouche, Clémentine Célarié, Kev Adams & Xavier Inbona
Directeur de la photographie : Maxime Héraud
Montage : Stephane Mazzalaigue 
Sociétés de production : Les Films 13, Davis Films
Distribué par Metropolitan Filmexport (France)
Date de sortie : 19 janvier 2022 (France)
Durée du film : 90 minutes

Vu le 09 septembre 2021 au Centre International de Deauville

Note de Mulder: