Le bal des folles

Mélanie Laurent ne cesse de nous surprendre et a réussi à s’imposer non seulement comme une excellente comédienne mais aussi comme une réalisatrice très douée et qui a su porter un véritable regard sur la présence et importances des femmes dans notre société actuelle. Ces quatre premiers films Les Adoptés (2011), Respire (2014), Plonger (2017), Galveston (2018) et son documentaire Demain (2015) coréalisé avec Cyril Dion témoignent qu’elle est une véritable artiste complète aussi à l’aise devant ou derrière la caméra mais aussi à l’écriture de scénario. On ressent sa volonté d’être réellement indépendante afin de livrer les films qu’elle peut réaliser en gardant intact son regard sur notre société. Sson dernier film en date Le bal des folles (The Mad Woman's Ball) lui permet non seulement d’exporter mondialement le cinéma français que cela soit dans le cadre du TIFF où ce film fut en compétition officielle mais également par le fait de proposer en exclusivité ce film sur Prime Video avec une sortie mondiale. 

Epaulée à l’écriture du scénario du film Le bal des folles (The Mad Woman's Ball) par Christophe Deslandes, Mélanie Laurent adapte à l’écran le bestseller éponyme de Victoria Mas publié en France aux Editions Albin Michel. Se déroulant en plein 19ème siècle, Le bal des folles (The Mad Woman's Ball) s’impose comme un drame historique mené par un casting parfait et nous montrant comment une jeune femme de bonne famille voit sa vie tourner en plein cauchemar à cause d’un don que certains interprètent comme de la folie.

Le Bal des Folles raconte ainsi l’histoire d’Eugénie (Lou de Laâge), une jeune fille lumineuse et passionnée, qui détonne dans son milieu bourgeois de la fin du 19è siècle. Quand sa famille apprend qu’elle communique avec les esprits, elle décide de faire interner Eugénie. Elle est ainsi emmenée de force par son père et son frère dans la clinique neurologique de la Salpêtrière dirigée par l’éminent Professeur Charcot (Grégoire Bonnet), l’un des pionniers de la neurologie et de la psychiatrie. La Salpêtrière accueille des femmes diagnostiquées hystériques, folles, épileptiques, malades physiquement ou mentalement. Dans ce lieu éloigné en tous points du milieu bourgeois d’Eugénie, les femmes sont soumises à des expériences, menées par des médecins sans scrupule, au nom de la science. C’est alors que le chemin de la jeune femme va croiser celui de Geneviève (Mélanie Laurent), une infirmière de l’unité neurologique. Geneviève est rongée par la disparition de sa sœur. Elle mène une vie monotone, entre son père, ancien médecin, dont elle doit s’occuper, et le Professeur Charcot à qui elle est totalement dévouée. Mais l’arrivée d’Eugénie va tout changer. La rencontre des deux femmes va bouleverser leur destin à jamais tandis qu’elles se préparent à assister au fameux Bal des folles, organisé tous les ans par le Professeur Charcot, au sein de la clinique.

La réalisatrice Mélanie Laurent nous livre ici un film fort en émotions et bénéficiant d’un excellent casting et dans lequel on retrouve autour d’elle Lou de Laâge, Emmanuelle Bercot, Benjamin Voisin, Cédric Khan, Grégoire Bonnet. Il est intéressant de voir que derrière le risque de propose un film en costumes, la réalisatrice etco-scénariste tient de nouveau à mettre au centre de celui-ci un casting essentiellement féminin et à dresser un portrait guère enviable de la gent masculine. Assurément Le bal des folles (The Mad Woman's Ball) est à ce jour son meilleur film et surtout son plus maitrisé tant elle semble avoir aguerri une véritable expérience comme réalisatrice et à diriger des comédiens en leur donnant des rôles forts et marquants. Alors que le personnage que Mélanie Laurent interprète ici dans son film se révèle transparente et posée, elle donne tout simplement à Lou de Laâge son meilleur rôle. Cette dernière livre ici réellement un rôle de composition remarquable. 

Le bal des folles (The Mad Woman's Ball) montre du doigt une société dans laquelle tout comportement jugé anormal est punissable d’une peine grave comme ici d’une incarcération dans un asile psychiatrique. Impossible donc de rester de marbre devant un film parfaitement maitrisé et qui pose un véritable regard sur un monde qui obéit à des règles trop strictes et révèle une absence réelle d’ouverture d’esprit.. Dans cet asile au centre du film, les patientes ne sont de que simples cobayes pour des médecins cherchant plus à se faire un nom qu’a réellement faire avancer la science.

La violence omniprésence et l’ambiance du film rappelleront à certains Midnight Express (1978) d’Alan Parker mais en transformant le milieu masculin de ce film par une version féminine dans une période guère glorieuse pour la France et dans laquelle les femmes n’avaient pas les mêmes droits que les hommes et devaient se contenter d’être belles et de se taire. Assurément Eugénie était une femme en avance par rapport à son temps et sa force et fragilité à la fois en font assurément une héroine romanesque et de Le bal des folles (The Mad Woman's Ball) une nouvelle réussite indéniable pour Mélanie Laurent.

Enfin, on notera que Le bal des folles (The Mad Woman's Ball) est le premier film français Amazon Original et sera lancé en France et dans le monde sur Amazon Prime Video le 17 septembre. On ne peut que saluer cette manière de mettre en avant le cinéma français dans un contexte mondial.

Le bal des folles (The Mad Woman's Ball)
Réalisé par Mélanie Laurent
Scénario de Mélanie Laurent, Christophe Deslandes
D'après Le bal des folles de Victoria Mas
Produit par Alain Goldman, Axelle Boucaï
Avec Mélanie Laurent, Lou de Laâge, Emmanuelle Bercot, Benjamin Voisin, Cédric Khan, Grégoire Bonnet
Image : Nicolas Karakatsanis
Montage : Anny Danché
Sociétés de production : Légende Films
Distribué par Amazon Studios
Date de sortie : 10 septembre 2021 (TIFF), 17 septembre 2021 (Monde)
Durée du film : 121 minutes

Vu le 7 septembre 2021 (screener presse)

Note de Mulder: