Demonic

« Lorsque la pandémie est survenue et que mes autres projets ont été mis en attente, je voulais faire quelque chose que nous pouvions contrôler et simplement aller tourner. Je me suis inspiré de films comme Le Projet Blair Witch et Paranormal Activity, et j'ai donc décidé de faire quelque chose dans le domaine de l'horreur. J'ai également eu l'idée d'utiliser une nouvelle technologie appelée capture volumétrique, qui se prêtait davantage à la science-fiction. Je me suis donc demandé comment créer une histoire avec ces éléments. » - Neill Blomkamp

Après trois films très réussis de science-fiction (District 9 (2009), Elysium (2013), Chappie (2015)), le réalisateur, spécialiste des effets visuels et scénariste Neill Blomkamp semble vouloir sortir du carcan dans lequel le cinéma l’a placé pour tenter de nouveaux terrains d’exploration. En revenant dans le cinéma indépendant de genre, son quatrième film nous montre de nouveau qu’il est un excellent conteur et maitrise parfaitement sa réalisation pour un thriller horrifique aussi effrayant que prenant.

Il est intéressant de voir la manière de Neill Blomkamp d’approcher le genre horrifique et plus précisément le film de possession démoniaque pour le placer dans un cadre moderne dans lequel le high tech continue à avoir une place prépondérante. Nous découvrons ainsi Carly Spenser (Carly Pope) en proie à des cauchemars récurrents qui semblent reliés à son passé difficile et ses rapports compliqués avec sa mère avec laquelle elle a coupé tous liens. Pourtant lorsqu’elle apprend que sa mère Angela (Nathalie Boltt) est tombée dans le coma, elle accepte à contrecœur de participer à une thérapie de pointe qui lui permettra d'accéder au cerveau encore actif d'Angela et de communiquer avec elle. 

Ce nouveau protocole médical fait qu’elle est observée avec soin par un médecin, Michael (Michael J. Rogers) et un neuroscientifique, Daniel (Terry Chen). En entrant dans cette simulation angoissante de l'univers mental d'Angela, Carly var découvrir la puissante force surnaturelle qui a poussé sa mère à commettre des actes de violence indicibles près de vingt ans plus tôt. Cette expérience va par la suite amplifiée ses cauchemars et la faire vivre des visions terrifiantes lorsqu’elle est éveillée. Sa seule manière de s’en sortir est de s’associer avec son vieil ami Martin (Chris William Martin) et de tenter de repousser ce démon monstrueux avant qu'il ne puisse trouver un nouvel hôte et infliger davantage de douleurs et de souffrance.

On comprend aisément la volonté du réalisateur Neill Blomkamp de tenter une nouvelle expérience cinématographique alors que les tournages des films à gros budget étaient arrêtés pendant l’été 2020 pour s’orienter vers un film à petit budget ne nécessitant pas une infrastructure importante. De la même manière ce film est aussi pour ce réalisateur de tester une nouvelle technologie, la capture volumétrique. Ce processus vidéo tridimensionnelle permet de transformer des comédiens en géométrie et repose sur l’utilisation d’environ 260 caméras disposées en une sorte de grille qui peuvent voir les comédiens de plusieurs points de vue. La vingtaine de minutes utilisant ce processus renforce de manière importante les scènes dans lesquelles Carly peut rentrer dans l’univers mental de sa mère. 

Demonic s’avère ainsi être une véritable expérience cinématographique nous renvoyant nos propres peurs. Alors que le cinéma horrifique tend vers des scènes très violentes dans lesquelles le sang coule à flots, Demonic préfère miser sur la mise en place d’un cadre inquiétant et surtout réussit à nous faire sursauter sur notre fauteuil à différentes reprises. Alors que Blumhouse Productions semble reigner en maitre sur le cinéma horrifique à petit budget, Demonis s’en révèle d’autant plus réussi qu’il ne semble pas vouloir suivre des modèles préétablis. Il en ressort un film réellement original qui saura aisément vous surprendre en permanence jusqu’à un dénouement parfaitement maitrisé.  De la même manière le scénario de Neill Blomkamp repose sur une véritable volonté de donner au personnage principal féminin Carly une réelle épaisseur psychologique ce qui fait que les spectateurs s’’attachent à ce personnage,la comédienne Carly Pope (Elysium (2013), Concrete Blondes (201) et les séries Arrow, Blindspot et Good Doctor).

Enfin, on notera que ce nouveau film de Neill Blomkamp aura sa première européenne dans le cadre du festival londonien Frightfest qui se tiendra du 26 aout au 30 aout prochain. 

Demonic
Écrit et réalisé par Neill Blomkamp
Produit par Neill Blomkamp, Mike Blomkamp, Stuart Ford, Linda McDonough
Avec Carly Pope, Chris William Martin, Michael J. Rogers, Nathalie Boltt, Terry Chen.
Musique : Ola Strandh
Cinématographie : Byron Kopman
Édité par : Austyn Daines
Sociétés de production : AGC Studios, Stabiliti Studios
Distribué par IFC Midnight (Etats-Unis)
Date de sortie : Mars 2021 (Berlinale), 20 août 2021 (États-Unis)
Durée du film : 105 minutes

Vu le 12 août 2021 (screener presse) 

Note de Mulder: