The deep house

The deep house
Titre original:The deep house
Réalisateur: Julien Maury, Alexandre Bustillo
Sortie:Cinéma
Durée:81 minutes
Date:30 juin 2021
Note:
Un jeune couple américain spécialisé dans l'urbex (exploration urbaine) décide d’aller explorer une maison réputée hantée qui a été ensevelie sous un lac artificiel. Mais celle-ci semble se refermer sur eux et le couple se retrouve prisonnier de cet endroit chargé des plus sombres histoires…

Critique de Mulder

En découvrant le nouveau film de Alexandre Bustillo et Julien Maury on se retrouve dans un film de genre totalement maitrisé et qui n’hésite pas à démontre avec brio que pour réussir à retenir l’attention du public il ne faut pas chercher à lui en mettre plein les yeux avec un abus inconsidéré de scènes gores mais plutôt lui propose une véritable ambiance. Après A l’intérieur (Inside) (2007), Livide (Livid) (2011), Aux yeux des vivants (Among the Living) (2014), Leatherface (2017), le duo de scénaristes et réalisateurs reste fidèle au cinéma de genre horrifique tout en cherchant de nouveaux défis visuels et faisant preuve d’une originalité. En cela The deep house tient toutes ses promesses et montre qu’il est possible de réaliser d’excellents films horrifiques en France capable de tenir la concurrence face à des productions américaines tels les films proposés par Blumhouse.

L’influence du cinéma américain est clairement visible à l’écran non seulement par la manière de créer un univers angoissant en maximisant des plans audacieux aussi bien comme le montre la scène d’introduction que les nombreuses scènes sous-marines. De la même manière impossible de ne pas penser aux livres de H. P. Lovecraft (mythe de Cthulhu) et à John Carpenter et Clive Barker. Ces réalisateurs ont réussi à trouver leur propre style pour donner à l’horreur ses lettres de noblesses.  The Deep house réussit un pari audacieux de réinventer tout simplement la thématique des maisons hantées et à nous rappeler que pour faire peur aux spectateurs il faut savoir faire preuve non seulement d’un talent indéniable, maitriser un genre et surtout casser les codes pour dépasser le cadre de la simple série B. 

The deep house par sa courte durée réussit pourtant à nous raconter une histoire prenante dans lequel on suit un jeune couple d’américains, Tina (Camille Rowe) et Ben (James Jagger) passionnés d’histoire et de maisons hantées. Leurs recherches les amènent en France à la recherche d’un lieu original, une maison sous-marine. Passionnés de nouvelles technologies, ils souhaitent que leur chaine youtube cartonne et puisse leur permettre de continuer à voyager et à gagner de l’argent. Pourtant l’exploration sous-marine ne va pas se dérouler comme prévue et ils vont se retrouver pris au piège d’une maison hantée dans laquelle de nombreux jeunes enfants ont été kidnappés et donner en offrande à des forces maléfiques. The deep house n’est pourtant pas qu’un simple énième film de maisons hantées avec ses visions cauchemardesques, les réalisateurs dressent ici le portrait d’une jeunesse en perte de repères et trop attachés aux nouvelles technologies. Tina et Ben utilisent ainsi un drone pour aider l’exploration de la maison, de la musique pour renforcer la qualité de leurs vidéos sous-marines et oublier que certains éléments du passé doivent rester à jamais enfouis.

Certes The deep house ne plaira pas à tous tant il n’a pas comme objectif de proposer un film trop ancré dans des rails prédéfinis ni à vouloir en permanence aller vite et en montrer le plus possible. Les réalisateurs et scénaristes Alexandre Bustillo, Julien Maury sont bien conscients qu’ils ne disposent pas d’énormes moyens pour rivaliser avec les films hollywoodiens de maisons hantées mais sont suffisamment malins pour maximiser l’efficacité de leur film en transformant celui-ci en véritable expérience cinématographique et visuelle. Comme les classiques du genre des années 70 et 80, The deep house réussit à faire réellement peur et à nous faire sursauter. Le film repose surtout sur l’excellente interprétation de Camille Rowe (Rock’n’roll (2016), L’idéal (2016)) et James Jagger (série Vinyl (2016), J.T Leroy (2018)). Leur duo fonctionne à la perfection.

The deep house réussit également à ne pas tomber dans le piège du film Found footage en faisant en sorte que les vidéos que nous voyons sont celles filmées. Au contraire, le film permet une réelle immersion en profondeur dans lequel une simple plongée sous-marine se transforme en une virée sans retour en plein enfer marin. Alors que le cinéma français n’arrive guère à nous surprendre par sa manière académique d’aborder une histoire, The Deep house montre que certains réalisateurs français ont capables de nous surprendre et de s’imposer comme de véritables maitres de l’horreur. 

Enfin, par un hasard fortuit nous avons pu découvrir la même semaine le nouveau film de Alexandre Bustillo, Julien Maur, Kandisha qui fut projeté en octobre dernier dans le cadre du festival de Sitges. Notre critique sera en ligne le 19 juillet prochain. Celui-ci sera proposé sur la plateforme de streaming Shudder le 22 juillet prochain aux Etats-Unis et au Canada.

The deep house
Écrit et réalisé par Alexandre Bustillo, Julien Maury
Produit par Clément Miserez, Matthieu Warter, David Giordano
Avec Camille Rowe, James Jagger, Eric Savin
Musique : Raphael Gesqua
Directeur de la photographie : Jacques Ballard
Montage : Baxter 
Sociétés de production : Radar Films, Logical Pictures, Apollo Films, Forecast Pictures
Distribué par Apollo Films (France)
Date de sortie : 30 juin 2021 (France)
Durée du film : 81 minutes

Vu le 02 juillet 2021 au Gaumont Disney Village, Salle 7 place E25

Note de Mulder: