Shorta

Dans le cadre du festival du film policier (Reims polar) nous avons pu découvrir le premier film des deux réalisateurs Anders Ølhol et Frederik Louis Hviid. Après un premier court métrage, King (2015) marquant le début de leur collaboration, Shorta s’impose comme un thriller aussi efficace que violent.  Jens Hoyer (Simon Sears) et Mike Andersen (Jacob Lohmann), deux policiers en patrouille de routine vont se retrouvent piégés dans un dédale de bâtiments par une foule d'émeutiers vengeurs. Shorta sonne aussi juste que fort surtout dans un contexte dans lequel les nombreuses bavures des forces de l’ordre sont montrés du doigt. L’affaire George Floyd à Minneapolis a fait couler beaucoup de sang et d’encre et ont montré que certaines personnes dépassent le cadre de leur pouvoir et ne méritent pas de représenter ni d’intégrer les forces de l’ordre. La tension palpable du film nous rappelle certains films de John Carpenter comme Assaut (Assault on Precinct 13) (1976) ou plus récemment des forts tout aussi forts que Bac Nord (2020) de Cedric Jimenez. 

Le titre original du film est d’origine arabe et signifie Police. Le film capte parfaitement ce mot en décrivant le parcours en plein chaos de deux policiers qui vont vite se retrouver dans une tornade de violence face à des habitants en pleine rébellion. Shorta témoigne d’un véritable soin apporté au scénario tant il permet de dresser le portrait de deux hommes contraints de travailler ensemble et dont leur manière d’agir se confronte en permanence. On ressent dans ce film l’influence du cinéma américain dans lequel l’action est le premier mot et surtout loin de chercher comme certains blockbusters à proposer des situations irréalistes à coller en permanence à la réalité. Le film pointe parfaitement les tensions de notre société actuelle et l’impact de la mauvaise gestion des immigrants placés dans des zones qui deviennent peu à peu des zones de non droits dangereuses dans lesquelles les forces de l’ordre n’osent plus intervenir. 

Le film est d’autant plus fort qu’il s’ouvre de manière prémonitoire sur une scène dans laquelle un jeune délinquant d’origine étrangère est plaqué au sol par des forces de l’ordre et crie qu’il ne peut plus respirer avant de perdre connaissance. Dès cette scène le climat est placé, alors que ce jeune est entre la vie et la mort et que les forces de l’ordre sont montrés du doigt pour leur violence récurrente et inadmissible, le film prend une connotation forte et impose Shorta comme l’un des films forts de ce festival.  Avec un tel sujet, les réalisateurs Anders Ølholm et Frederik Louis Hviid ont compris la portée universelle et actuelle de leur récit et porte autant un soin sur la photographie du film que sur son déroulé. D’une force indéniable Shorta impose ses deux réalisateurs comme la relève du cinéma d’action actuel et on ne peut qu’imaginer que l’un de leurs prochains films devraient se tourner aux Etats-Unis. 

En plaçant l’action principale du film dans le quartier de Svalegården, à Copenhague, Shorta bénéficie d’une certaine originalité et surtout nous montre que le cinéma européen est capable de faire face au cinéma américain actuel avec des budgets moindres mais des comédiens et des réalisateur tout aussi méritants. Ce film sort au cinéma en France avec certes du retard (il est sorti en SVOD aux Etats-Unis le 19 mars dernier) le 23 juin prochain et on ne peut que vous conseiller d’aller le voir

Shorta
Un film écrit et réalisé par Anders Ølholm & Frederik Louis Hviid
Produit par Morten Kaufmann & Signe Leick Jensen
Avec Jacob Hauberg Lohmann, Simon Sears, Tarek Zayat, Dulfi Al-Jabouri, Issa Khattab, Abdelmalik Dhaflaoui, Özlem Saglanmak
Musique de Martin Dirkov
Directeur de la photographie : Jacob MØller
Montage : Anders Albjerg Kristiansen 
Production : Toolbox film
Distribution : Alba Films (France)
Date de sortie : 23 juin 2021 (France)
Durée : 108 minutes

Vu le 30 mai 2021 (Reims polar)

Note de Mulder: